Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MIZRAHI (Moshe)

cinéaste français (Alexandrie, Égypte, 1931).

Assistant-réalisateur, notamment de Jacques Becker sur le Trou (1960), il réalise son premier film, le Client de la morte-saison, en 1969. Il part en Israël où il tourne deux œuvres assez personnelles : Rosa (1972), histoire d'une jeune veuve qui se trouve dans l'obligation de se marier avec son beau-frère, âgé de onze ans ! et le Père des filles (1974), comédie sur l'inconvénient d'avoir huit filles. De retour en France, il tourne avec Simone Signoret la Vie devant soi qui lui vaut un Oscar à Hollywood en 1977. Technicien irréprochable et bon directeur d'acteurs, Mizrahi s'inspire souvent d'œuvres littéraires (la Vie devant soi est adapté d'Émile Ajar, Une jeunesse, 1982, de Patrick Modiano et Mangeclous, 1988, d'après Albert Cohen).

MNOUCHKINE (Alexandre)

producteur français (Saint-Pétersbourg, Russie, 1908 - Paris 1993).

Son activité cinématographique débute en 1932. Il fonde en 1945 les Films Ariane, avec Georges Dancigers et Francis Cosne. Parmi les nombreux films qu'il a produits, on peut citer : Alerte en Méditerranée (L. Joannon, 1938) ; l'Émigrante (id., 1939) ; l'Aigle à deux têtes (J. Cocteau, 1948) ; les Parents terribles (id., 1949) ; l'Amant de paille (G. Grangier, 1951) ; Fanfan la Tulipe (Christian-Jaque, 1952) ; Lucrèce Borgia (id., 1953) ; le Retour de Don Camillo (J. Duvivier, id.) ; Si tous les gars du monde (Christian-Jaque, 1956) ; Une Parisienne (M. Boisrond, 1957) ; Rue des Prairies (D. de La Patellière, 1959) ; Un homme qui me plaît (C. Lelouch, 1969) ; Préparez vos mouchoirs (B. Blier, 1978) ; le Professionnel (G. Lautner, 1981) ; Garde à vue (C. Miller, id.) ; la Balance (Bob Swaim, 1982). Il a également produit un grand nombre de films de Philippe de Broca, de Cartouche (1961) à Psy (1981).

MNOUCHKINE (Ariane)

animatrice de théâtre et cinéaste française (Paris 1939).

Fille du producteur Alexandre Mnouchkine, elle est surtout connue comme l'animatrice du Théâtre du Soleil, créé en 1964 sous la forme d'une coopérative. Au Cirque de Montmartre, puis à la Cartoucherie de Vincennes, le Soleil a monté quelques-uns des spectacles les plus retentissants de l'époque : la Cuisine d'Arnold Wesker, les Clowns, 1789 et 1793 (créations collectives), Méphisto d'après Klaus Mann, plusieurs pièces de Shakespeare. Au cinéma, elle collabore à quelques films (de Philippe de Broca notamment) avant de diriger en 1974 un 1789 qui recrée pour l'écran le spectacle du Théâtre du Soleil, et en 1978 un Molière emporté par un souffle lyrique qui ne fut pas toujours compris.

MOCKY (Jean-Paul Adam Mokiejewski, dit Jean-Pierre)

acteur et cinéaste français (Nice 1929).

Au théâtre et au cinéma, il est à ses débuts un des jeunes comédiens français les plus remarqués (sur scène, dans le Roi pêcheur, de Julien Gracq ; à l'écran, dans l'épisode français de I Vinti, d'Antonioni, et dans Gli sbandati, de Francesco Maselli, en 1955). Il cherche à réaliser son premier long métrage : ce devrait être la Tête contre les murs, d'après Hervé Bazin, dont il écrit l'adaptation. Mais les producteurs ne lui font pas confiance, et c'est finalement G. Franju qui réalise en 1959 le film dont Mocky est cependant l'interprète principal.

En 1959, il signe lui-même les Dragueurs et renonce à sa carrière d'acteur (il ne la reprendra qu'en 1970, avec Solo et, par la suite, uniquement dans certains des films qu'il réalise lui-même). Dès lors, il va tourner à peu près un film par an. Un couple (1960), écrit en collaboration avec Raymond Queneau, est un échec commercial malgré son originalité. Snobs (1961) est un film particulièrement grinçant : l'humour fort noir du cinéaste ne sera compris et apprécié qu'une dizaine d'années plus tard. Sa rencontre avec Bourvil lui permet de signer coup sur coup plusieurs comédies curieuses : Un drôle de paroissien (1963) ; la Grande Frousse/la Cité de l'indicible peur (1964, d'après Jean Ray) ; la Grande Lessive (1968) et l'Étalon (1969). Mocky est un excellent directeur d'acteurs : Fernandel lui doit un de ses derniers bons films (la Bourse et la Vie, 1965) ainsi que Michel Simon (l'Ibis rouge, 1975). Des comédiens comme Francis Blanche, qu'il a utilisé à plusieurs reprises (les Compagnons de la Marguerite, 1967), Roland Dubillard ou Jean Poiret lui doivent des rôles très supérieurs à leurs emplois habituels. À partir de 1970, Mocky s'est lancé dans une série de films assez ambitieux, fort loin de ses comédies habituelles, où il se confie généralement le rôle principal : Solo (1970) ; l'Albatros (1972) ; l'Ombre d'une chance (1974) ; Un linceul n'a pas de poches, d'après Horace McCoy (1975) ; le Piège à cons (1979). Ses comédies se font plus rares (Chut !, 1972 ; le Roi des bricoleurs, 1977). Il réalise ensuite un film fantastique (Litan, 1982), puis Y a-t-il un Français dans la salle ? (id., d'après Frédéric Dard) et À mort l'arbitre (1984). Après ces derniers films, sa virulence, son anarchisme et son originalité semblent s'être émoussés ; il tourne paresseusement avec des budgets le plus souvent très limités, et le public le suit de moins en moins, ce qui ne l'empêche pas de parvenir à tourner au moins un film par an.

Autres films :

les Vierges (1962) ; le Témoin (1978) ; le Pactole (1985) ; la Machine à découdre (1986) ; le Miraculé (1987) ; Agent trouble (id.) ; les Saisons du plaisir (1988) ; Une nuit à l'Assemblée nationale (id.) ; Divine Enfant (1989) ; Il gèle en enfer (1990) ; Ville à vendre (1992) ; le Mari de Léon (1993); Bonsoir (1994) ; Noir comme le souvenir (1995) ; Alliance cherche doigt (1996) ; Robin des mers (1998) ; Vidange (id.) ; la Candide Madame Duff (1999) ; Tout est calme (2000) ; le Glandeur (2000).

MODOT (Gaston)

acteur français (Paris 1887 - id. 1970).

L'évocation de ses films forme un véritable palmarès du cinéma français s'étendant de 1910 à 1962. Les réalisateurs les plus célèbres ont utilisé son talent sobre, précis, dramatique sans emphase et pétri d'humour. Il en va ainsi de Baroncelli (Nêne, 1923), Becker (Dernier Atout, 1942 ; Antoine et Antoinette, 1947 ; Rendez-Vous de Juillet, 1949 ; Casque d'or, 1952), Raymond Bernard (le Miracle des loups, 1924), Buñuel (l'Âge d'or, 1930, Cela s'appelle l'aurore, 1956), Carné (les Enfants du paradis, 1945), Clair (Sous les toits de Paris, 1930 ; 14 Juillet, 1933 ; Le silence est d'or, 1947 ; la Beauté du diable, 1950), Daquin (le Point du jour, 1949 ; le Parfum de la dame en noir, id.), Delluc (Fièvre, 1921), Durand (série des Onésime et westerns français, 1912), Duvivier (la Bandera, 1935 ; Pépé le Moko, 1937 ; la Fin du jour, 1939 ; le Diable et les Dix Commandements, 1962), Fescourt (Mathias Sandorf, 1920), Feyder (Carmen, 1926), Gance (la Zone de la mort et Mater dolorosa, 1917 ; Lucrèce Borgia, 1935), Malle (les Amants, 1958), Pabst (l'Opéra de quat'sous, 1931 ; Mademoiselle Docteur, 1937), Pouctal (Monte-Cristo, 1917-18), Renoir (La vie est à nous, 1936 ; la Grande Illusion, 1937 ; la Marseillaise, 1938 ; la Règle du jeu, 1939 ; French cancan, 1955 ; Élena et les hommes, 1956 ; le Testament du Dr Cordelier, 1959), Maurice Tourneur (le Navire des hommes perdus, 1929). Pour ne rien dire de Le Chanois, Dréville, Carlo Rim et Siodmak. Dessinateur, peintre et scénariste (Un ours, Burguet, 1916 ; Nous les gosses, Daquin, 1941), il réalise à la fin du muet la Torture par l'espérance (1928). Il avait débuté comme cascadeur dans la troupe des Pouittes de Jean Durand (1910).