Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ANSTEY (Harold Macfarlane Anstey, dit Edgar)

cinéaste, producteur et théoricien britannique (Watford 1907 - Londres 1987).

Spécialisé dans le cinéma documentaire et le film industriel, il réalise, en 1933, Unchartered Waters et, en 1934, Eskimo Village, puis il assure le montage sonore de Granton Trawler (J. Grierson, 1934). Il signe en tant que réalisateur (Housing Problems, 1935 [CO A. Elton] ; Enough to Eat ?, 1936) ou producteur (Advance Democracy, 1939) quelques documentaires à préoccupations sociales. Mais Anstey, par ailleurs critique à The Spectator (1941-1946) et à la BBC (1946-1949), est surtout connu pour son inlassable activité de producteur et d'animateur (Shell Film Unit, 1934-1935 ; March of Time, 1936-1938 ; ministère de l'Information, pendant les années de guerre ; et British Transports, où il supervise Journey into Spring [1957] et Terminus [1961]).

ANSWER PRINT.

Locution anglaise pour copie zéro. (Voir ce mot.)

ANTAMORO (Giulio)

cinéaste italien (Rome 1887 - id. 1945).

D'origine aristocratique, Antamoro commence à travailler à la Cines en 1910. Il tourne les premiers films comiques de Ferdinand Guillaume (Polidor), notamment Pinocchio (1911). Il dirige aussi des mélodrames avec les grandes actrices du moment, Hesperia, Leda Gys, Diana Karenne, Fernanda Negri Pouget. Toutefois, c'est dans le domaine du film d'inspiration religieuse qu'il donne le meilleur de lui-même. Si Frate Francesco (1926) et Antonio di Padova (1931) sont des œuvres simplement estimables, Christus (1916), en revanche, doit être considéré comme un classique du genre, aussi bien par l'importance des moyens mis en œuvre (une partie du film fut tournée en Palestine et en Égypte) que par l'intensité du sentiment religieux.

ANTEL (Franz)

cinéaste allemand d'origine autrichienne (Vienne 1913).

Ancien assistant opérateur, puis chargé de production sous le IIIe Reich, il ne devient réalisateur qu'en 1948. Il tourne beaucoup, principalement des comédies (dont le remake du Congrès s'amuse [Der Kongress tanzt], 1955) et des films d'aventures (le Trésor des SS [Schusse im Morgengrauen], 1959). Depuis la fin des années 60, il tourne (parfois sous le pseudonyme de François Legrand) des comédies sexy fort médiocres — dont la série des Frau Wirtin en 1969-1973 —, même lorsqu'il atteint un budget plus confortable : Treize Femmes pour Casanova (Casanova and Company, 1977). En 1981, il réalise en Autriche Der Bockerer sur le nazisme et la guerre vus par un petit bourgeois de Vienne. Six années plus tard, il renoue avec les thèmes traditionnels, produisant et réalisant une biographie de Johann Strauss : Der König ohne Krone.

ANTHONY (Joseph Deuster, dit Joseph)

cinéaste américain (Milwaukee, Wis., 1912 - Hyannis, Mass., 1993).

Acteur de théâtre (1935-1954), il tient aussi quelques rôles à l'écran, dans la Source de feu (Irving Pichel et Lansing C. Holden, 1935), l'Ombre de l'introuvable (W. S. Van Dyke II, 1941) et Joe Smith, American (R. Thorpe, 1942). De 1947 à 1954, il se produit régulièrement à la télévision, puis se consacre à la mise en scène théâtrale (The Rainmaker ; The Lark ; A Clearing in the Woods ; Winesburg, Ohio ; The Best Man ; Rhinoceros ; Mary, Mary, etc.). Pour ses débuts de réalisateur, il dirige Burt Lancaster et Katharine Hepburn dans l'adaptation de The Rainmaker (le Faiseur de pluie, 1956). Il poursuit dans une veine essentiellement théâtrale, centrée sur la performance d'acteur, et dirige Shirley Booth dans la Meneuse de jeu (The Matchmaker, 1958), puis Dean Martin et Shirley MacLaine dans En lettres de feu (Career, 1959) et Il a suffi d'une nuit (All in a Night's Work, 1961). Après le tournage, en Italie, de l'Arsenal de la peur (La città prigioniera, 1962), il revient au théâtre. En 1972, il signe Tomorrow, d'après William Faulkner.

ANTIHALO.

Couche antihalo, couche absorbant la lumière, incorporée aux films négatifs pour éviter la formation d'une image parasite par réflexion des rayons lumineux sur la face dorsale du film. ( FILM.)

ANTÍN (Manuel)

cinéaste argentin (Las Palmas, prov. du Chaco, 1926).

Il est l'auteur le plus intellectuel et le plus littéraire du nuevo cine. À l'exception de Los venerables todos (1962), remarquable étude des mentalités pré-facistes restée inédite, ses premiers films s'inspirent de l'œuvre de Julio Cortázar : La cifra impar (1961, d'après Lettres à maman), Circe (1963), Intimidad de los Parques (1964). Il quitte les méandres du fantastique quotidien et de l'intimisme pour mettre en scène un classique de la littérature gauchesque (Don Segundo Sombra, 1970), la biographie du plus controversé des patriarches de la nation (Rosas, 1971) et un voyage lyrique à travers la pampa sur les traces de l'écrivain Guillermo E. Hudson (Allá lejos y hace tiempo, 1977). Sous le gouvernement démocratique de Raúl Alfonsín, il assume la direction de l'Institut National du Cinéma (1983-1989) et impulse avec succès le renouvellement et la promotion du cinéma argentin. Ensuite, il crée l'Université du cinéma à Buenos Aires (1991), devenue le berceau des jeunes réalisateurs argentins, dont la vitalité surprend les festivaliers et la critique internationale.

ANTIREFLETS.

Couche antireflets, très fine couche transparente déposée à la surface d'une lentille pour diminuer la lumière réfléchie par cette surface. ( OPTIQUE ONDULATOIRE.)

ANTOINE (Léonard André)

cinéaste français (Limoges 1858 - Le Pouliguen 1943).

De 1914 à 1922, le fondateur du Théâtre-Libre se voit confier par la SCAGL (Société cinématographique des auteurs et gens de lettres) et Pathé le soin de tourner neuf films. Ceux-ci s'appuient soit sur des romans célèbres de Dumas (les Frères corses, 1916), de Coppée (le Coupable, 1917), de Hugo (Quatre-Vingt-Treize, réalisé en 1914 et sorti en 1920, CO A. Capellani ; et les Travailleurs de la mer, 1918) ou de Zola (la Terre, 1921), soit sur des pièces connues de Sandeau (Mademoiselle de La Seiglière, 1920) ou de Daudet (l'Arlésienne, 1922). En rupture totale avec les habitudes cinématographiques d'alors, il entraîne ses interprètes hors des studios. Il les met en contact direct avec la nature : la Corse ou la Provence, ou avec les rues et les faubourgs peu connus de Paris, ou les fait jouer au bord des canaux du Nord. Ainsi tourne-t-il en Belgique, en 1920, l'Hirondelle et la Mésange, qui est refusé par Pathé ; les rushes ont été retrouvés et montés par Henri Colpi (1983). Parmi les comédiens, il glisse d'authentiques paysans ou de véritables marins qui contribuent à donner aux films un accent de forte vérité. Trop en avance pour son époque, incompris et déçu, Antoine se retire vite du combat et se borne à tenir la critique cinématographique du Journal.