Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SALLES (Walter Moreira Salles Jr., dit Walter)

cinéaste brésilien (Rio de Janeiro 1955).

Fils d'un banquier et ambassadeur fortuné, il consacre beaucoup de temps à son apprentissage. Le documentaire destiné à la télévision est sa grande école. Alors qu'il caresse l'espoir de filmer Chasse à l'homme d'Alejo Carpentier, c'est finalement un écrivain brésilien, Rubem Fonseca, qui inspire son début, A grande arte (1991), un thriller dont personne ne semble tout à fait satisfait. Le pas suivant, il le donne avec la collaboration de Daniela Thomas à la mise en scène : Terre lointaine (Terra estrangeira, 1995) mélange le même genre au road-movie ; la déambulation existentielle ou la quête des origines y précèdent la persécution, dans un large périple entre São Paulo et le Portugal. La rigueur du cadre frappe encore davantage que les magnifiques tonalités du noir et blanc. Une pareille exigence formelle, une identique recherche des racines – si ce n'est de la paternité et de son sens –, caractérisent Central do Brasil (1997), primé à Sundance, à Berlin et ailleurs, qui font de lui une des étoiles montantes de l'Internationale des indépendants. Plus âgé que les autres réalisateurs de la renaissance brésilienne, il assure la transition et le dialogue avec la génération du Cinema Novo, évoqué par les paysages du Nordeste qui ont vu naître les classiques des années 60. Il n'oublie d'ailleurs pas la dette envers le documentaire, puisque le film part de la poignante Socorro Nobre (CM, 1992), qui entame une relation épistolaire avec l'artiste Frans Krajcberg pendant son séjour en prison. Pour le compte d'Arte, il tourne Minuit (O primeiro dia, CO D. Thomas, 1998), incursion dans l'univers de Rio déchiré par l'apartheid social. En 2001, il présente Behind the Sun. Associé à son frère João Moreira Salles – également documentariste (Noticias de uma guerra particular, 1999) – dans la société de production Videofilmes, Walter Salles abrite et met en valeur les archives de Mario Peixoto et soutient des projets difficiles.

SALLES DE CINÉMA.

Au tout début, le cinéma était une attraction, qui se prêtait bien à une exploitation foraine, exploitation qui se rencontrait encore en France à des dates assez peu éloignées (cf. le cinéma ambulant de Jour de fête de J. Tati, 1949) et qui subsiste dans les pays en voie de développement.

Dans les pays développés, le cinéma s'est toutefois rapidement installé dans des salles spécialisées : théâtres reconvertis ou bien salles conçues dans un esprit analogue aux théâtres de l'époque. (Dans le langage administratif, les salles de cinéma sont toujours des « théâtres cinématographiques ».) Dans cette disposition, les balcons multiplient le nombre des places situées à une distance satisfaisante de l'écran. Mais ils conduisent aussi à une implantation haute de la cabine, d'où une projection plongeante qui déforme l'image.

L'architecture des salles de cinéma se dégagea ensuite de cette conception issue du théâtre, pour aboutir à la configuration « classique », caractéristique des salles conçues dans les années 30 à 50, avec balcon unique en surplomb permettant d'implanter la cabine à peu près dans l'axe de l'écran.

En France, ce type de salle a presque entièrement disparu, avec la restructuration en complexes et mégacomplexes amorcée à la fin des années 60.

Les complexes multisalles se sont généralisés en France à partir de 1971, car ils sont mieux adaptés à l'évolution du marché et aux exigences de gestion. Un retour aux grandes salles s'est toutefois manifesté à la fin des années 1980, avec en particulier un accroissement de la taille des écrans et l'utilisation des nouvelles techniques sonores. À la suite des États-Unis et de quelques pays européens (en premier lieu la Grande-Bretagne, la Suède et la Belgique), une nouvelle génération de complexes s'est répandue. Parfois nommés « mégacomplexes », ces équipements, qui offrent généralement plus de dix écrans, tentent de réunir le maximum d'éléments de confort, de qualités techniques et d'accueil. Le premier multiplexe français a été ouvert en juin 1993 par la société Pathé près de Toulon.

Disposition architecturale de la salle, réglementation.

Si l'on considère le cinéma comme une restitution de la réalité, l'emplacement idéal dans la salle est celui d'où l'on observe l'écran sous un angle comparable à l'angle sous lequel la scène a été filmée. Pour les objectifs de prise de vues les plus courants, cela revient à se placer, dans l'axe de la salle, à une distance de l'écran égale à environ deux fois la largeur de l'image projetée pour les films non anamorphosés, et à environ une fois et demie pour les films en Scope. (Cela correspond en pratique à des places situées, en profondeur, en avant du milieu de la salle.)

Le critère déterminant demeure toutefois le confort visuel, qui conduit généralement les spectateurs à se placer — lorsqu'ils le peuvent — plus en arrière qu'il n'est indiqué ci-dessus.

En France, les caractéristiques architecturales des salles doivent satisfaire aux stipulations de la norme française NF S 27-001 qui fixe les conditions d'implantation de l'écran, des fauteuils et des projecteurs.

Indépendamment de la norme ci-dessus, les salles de cinéma doivent respecter la réglementation relative aux « Établissements recevant du public ». Cette réglementation, dont l'objectif est la sécurité des personnes, vise avant tout à permettre l'évacuation de la salle en cas d'incident, ce qui implique le respect de deux conditions impératives : le public doit pouvoir trouver une issue ; on doit pouvoir demeurer sans dommage dans la salle tout le temps que dure l'évacuation complète. Cela débouche sur de nombreuses prescriptions, dont l'obligation d'une signalisation permanente des issues et des marches dans la salle, etc. Les copies nitrate ( FILM) sont totalement prohibées, et la cabine, qui ne doit avoir aucune communication directe avec la salle, doit être séparée de celle-ci par une cloison coupe-feu.

Présentation des images.

Depuis l'apparition de l'écran large, avec le CinémaScope, il existe en 35 mm plusieurs formats d'image, plus ou moins allongés ( FORMAT) : 1,37 × 1 (ancien standard sonore) ; 1,66 × 1 (standard actuel) ; 1,85 × 1 (standard actuel aux États-Unis) ; 2, 35 × 1 ou 2,39 × 1 (Scope). En fait, sur les copies, le champ d'image projeté a toujours la même largeur (21 mm) quel que soit le format de projection des images. La variation de l'allongement des images projetées est obtenu par variation de la hauteur du champ d'image projeté, et doublement de la largeur des images projetées, en scope, par utilisation d'un dispositif anamorphoseur. Si l'on projetait tous les films avec le même objectif, l'on obtiendrait donc sur l'écran — sauf en Scope — des images de même largeur et de hauteur variable. Cela ne correspond pas à l'idée du format panoramique, qui vise à élargir notre champ de vision. On change d'objectif selon le format, de façon à obtenir, sur l'écran, des images de hauteur constante et de largeur variable. Exception : la projection des films 70 mm, légèrement moins allongés que le Scope ( FORMAT) et pour lesquels on préfère accroître un peu la hauteur de l'image de façon à exploiter toute la largeur de l'écran.