Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BONNAIRE (Sandrine)

actrice française (Clermont-Ferrand 1967).

Adolescente sans histoire, elle n'a que seize ans lorsque Maurice Pialat la découvre et lui offre le premier rôle de À nos amours (1983, César du meilleur espoir féminin). Son naturel, son physique de sauvageonne et sa force lumineuse surprennent et séduisent la critique et le public. Elle tourne aussitôt quatre films, dont Blanche et Marie (Jacques Renard, 1985) et Police (M. Pialat, 1985). Sa performance exceptionnelle dans Sans toit ni loi (A. Varda, 1985) la place définitivement au premier rang des révélations de la décennie, et lui permet de recevoir son second César. En 1986, elle est la Puritaine (J. Doillon), puis retrouve Maurice Pialat pour Sous le soleil de Satan, d'après Bernanos (1987). Elle tourne ensuite notamment les Innocents (A. Téchiné, 1987), Quelques jours avec moi (C. Sautet, 1988), Monsieur Hire (P. Leconte, 1989), Peaux de vache (Patricia Mazuy, id.), Dans la soirée (Verso sera, Francesca Archibugi, 1991), Prague (Ian Sellar, id.), le Ciel de Paris (Michel Bena, id.), la Peste (L. Puenzo, 1992), Jeanne la Pucelle (J. Rivette, 1994), les Cent et Une Nuits (A. Varda, 1995), la Cérémonie (C. Chabrol, id.), Secret Défense (J. Rivette, 1998) ), Au cœur du mensonge (C. Chabrol, 1999), Est, Ouest (R. Wargnier, id.) puis un film grand public, le premier taillé sur mesure pour elle : Mademoiselle (Philippe Lioret, 2001).

BONNARD (Mario)

cinéaste et acteur italien (Rome 1889 - id. 1965).

C'est comme comédien que Mario Bonnard commence sa carrière cinématographique en 1907 dans l'Otello de Mario Caserini. Pendant les années 10 et les années 20, Bonnard est un des acteurs les plus appréciés de l'écran italien, figure de dandy ou d'amoureux alangui dans le plus pur style décadent de l'époque : Ma l'amor mio non muore (M. Caserini, 1913), Colei che tutto soffre (A. Palermi, 1914), L'amor tuo li redime (Caserini, 1915), La falena (C. Gallone, 1916), Passano gli Unni (Caserini, id.), La via del peccato (Palermi, 1924). En 1917, Bonnard aborde la mise en scène et conduit de front les deux activités jusqu'en 1924, date à laquelle il cesse de paraître à l'écran. À l'aise dans tous les genres, Bonnard fait preuve d'un solide métier plus que d'une personnalité artistique très affirmée. Il signe toutefois en 1942-43 deux comédies, où la finesse d'observation dans l'analyse d'un milieu populaire annonce le néoréalisme (Avanti c'è posto, Campo de‘ fiori). Parmi les soixante films réalisés jusqu'en 1962, on peut retenir les titres suivants : Il fauno di marmo (1919) ; I promessi sposi (1923) ; Trois Hommes en habit (Tre uomini in frak, 1932) ; Il feroce Saladino (1937) ; Il conte di Bréchard (1938) ; La gerla di papà Martin (1940) ; Phryné courtisane d'Orient (Frine cortigiana d'Oriente, 1953) ; Hanno rubato un tram (1955) ; les Derniers Jours de Pompéi (Gli ultimi giorni di Pompei, CO S. Leone, 1959) ; Gastone (1960).

BONNETTE (1).

Lentille convergente, placée devant un objectif pour filmer de près. ( OBJECTIFS.)

BONNETTE (2).

Accessoire, en tissu très fin, en mousse ou en fourrure synthétique que l'on place autour du microphone pour le protéger des effets du vent et éviter, ou limiter, des bruits parasites dans l'enregistrement. En studio, on dispose devant le micro un écran en tissu fin pour éviter d'entendre le souffle du comédien.

BOONE (Richard)

acteur américain (Los Angeles, Ca., 1917 - St Augustine, Fla., 1981).

Membre de l'Actors Studio, il a tourné sous la direction d'Elia Kazan Man on a Tightrope (1953) et l'Arrangement (1969), mais reste essentiellement l'un des durs les plus colorés et les plus convaincants des années 50. Il débute dans Okinawa (L. Milestone, 1951) et tourne le Renard du désert (H. Hathaway, id.), le Gaucho (J. Tourneur, 1952), Vicki (Harry Horner, 1953), Tempête sous la mer (Robert D. Webb, id.) et la Tunique (H. Koster, id.) avant d'affronter Kirk Douglas dans l'Homme qui n'a pas d'étoile (K. Vidor, 1955). Devenu vedette grâce aux séries TV Medic (1954-1956) et Have Gun, Will Travel (1957-1963), il change de registre pour incarner le général Sam Houston dans Alamo (J. Wayne, 1960) et le compagnon d'armes de Charlton Heston dans le Seigneur de la guerre (F. Schaffner, 1965), campe des personnages hauts en couleur dans Rio Conchos (G. Douglas, 1964) et Hombre (M. Ritt, 1967), puis retrouve des emplois familiers avec la Lettre du Kremlin (J. Huston, 1970), le Dernier des géants (D. Siegel, 1976) et le Grand Sommeil (M. Winner, 1978).

BOORMAN (John)

cinéaste britannique (Shepperton 1933).

Le réalisateur anglais le plus brillant et le plus original de sa génération. Comme ses compatriotes John Schlesinger, Ken Russell et l'Américain Richard Lester, Boorman fit ses premières armes à la télévision (BBC). D'ascendance protestante (écossaise et hollandaise) et fils du propriétaire d'un pub près des studios de Shepperton, il est élevé chez les jésuites. Il travaille dans une teinturerie, puis s'essaie à la critique de cinéma pour un journal féminin et pour la radio. Après son service militaire, il devient assistant monteur à la télévision en 1955, dans diverses stations de province. C'est en 1963 à Bristol qu'il s'impose, en produisant une série de portraits documentaires d'une demi-heure (Citizen 63) dont il dirige quelques épisodes (un homme d'affaires, une lycéenne, un savant). L'année suivante, il retrace la vie d'un couple de Bristol (The Newcomers). Sa réputation grandissante lui permet de réaliser son premier film, Sauve qui peut (1965), dans le sillage de Quatre Garçons dans le vent de Richard Lester avec les Beatles. Boorman travaille, lui, avec un groupe moins connu, le Dave Clark Five, mais il parvient à donner un ton personnel à cette œuvre de commande. Comme ses films suivants, Sauve qui peut est l'histoire d'une quête. Un couple traverse l'Angleterre pour trouver refuge dans une île. Il découvre à la fin de son voyage que sa fuite a servi de sujet à une campagne publicitaire.

La rencontre de Lee Marvin lui ouvre les portes de Hollywood. Il y dirige son second film, le Point de non-retour (1967), variation brillante sur un thème connu : l'histoire d'un gangster décidé à se venger de son meilleur ami qui lui a pris sa femme et sa part de butin. Avec un sens visuel étonnant (qui reste une des marques distinctives de Boorman tout au long de sa carrière), le film devient une fable sur l'Amérique contemporaine, l'individu luttant en vain contre une société anonyme qui feint de le laisser agir pour mieux le manipuler. Avec Duel dans le Pacifique (1968), Boorman, qui aime les défis, s'attache à retracer les rapports de deux officiers, un Japonais et un Américain, abandonnés sur une île déserte à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Variation sur les rapports du maître et de l'esclave, le film, presque dépourvu de dialogue, témoigne d'un sens de la nature quasi tellurique, le cinéaste jouant des sons et des couleurs pour évoquer une situation proche du théâtre de l'absurde. Ce sens du théâtre et de la stylisation se retrouve dans Léo le dernier (1970), allégorie brechtienne sur un prince exilé (Marcello Mastroianni) à Londres, frappé d'atrophie émotionnelle et qui reprend goût à la vie au contact de la communauté jamaïcaine qui habite dans sa rue à Notting Hill. Cette œuvre, la plus ambitieuse, la plus révélatrice et sans doute la plus accomplie de Boorman, est un échec commercial. Elle précède son plus grand succès public, Délivrance (1972), équipée de quatre citadins partis sur une rivière des Appalaches et qui apprennent à leurs dépens que la nature ne correspond pas à leurs aspirations romantiques. Tourné en Irlande, où réside le cinéaste, Zardoz (1974) est un récit de science-fiction écrit par Boorman : œuvre complexe, où l'utopie est soumise à une critique rigoureuse qui dévoile les structures d'oppression gouvernant notre société.