Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PALANCE (Walter Jack Palahnuik, dit Jack)

acteur américain (Lattimer, Pa., 1919).

Fils de mineur, ce boxeur professionnel devient aviateur pendant la Seconde Guerre mondiale. Défiguré dans l'incendie de son avion, son visage fut remodelé par la chirurgie esthétique. Ce jour-là, dans son malheur, Jack Palance se voyait offrir l'atout majeur de son physique de cinéma : un visage tendu sur les os qui lui donne des traits mongoloïdes inquiétants à souhait. Après s'être fait un nom à Broadway dans Un tramway nommé Désir, Palance débute au cinéma en 1950 : il est le criminel haletant de Panique dans la rue (E. Kazan). Sa carrière connaît alors un essor fulgurant : il est le mari assassin de Joan Crawford dans le Masque arraché (D. Miller, 1952), qui semblait construit sur les « masques » du couple vedette, le tueur aux gants noirs de l'Homme des vallées perdues (G. Stevens, 1953), Attila le Hun dans le Signe du païen (D. Sirk, 1954) ou Simon le Magicien dans le Calice d'argent (V. Saville, 1955). Sa collaboration avec Robert Aldrich lui vaut deux rôles de prestige : l'acteur sous pression du Grand Couteau (1955) et le militaire d'Attaque (1956). Mais on peut le préférer en gangster fatigué dans l'excellent remake d'High Sierra : la Peur au ventre (S. Heisler, 1955). Il continue depuis une carrière qui compte bon nombre d'entreprises commerciales, mais aussi des tentatives audacieuses (le producteur du Mépris, J.-L. Godard, 1963), des succès mérités (le bandit mexicain des Professionnels, R. Brooks, 1966) et des compositions réussies, en force (le gladiateur au sourire démoniaque de Barabbas [R. Fleischer, 1962], le gangster Carl Grissom de Batman [Tim Burton, 1989]) ou en nuances (le cow-boy vieillissant dans Monte Walsh [William A. Fraker, 1970], le peintre de Bagdad Cafe [P. Adlon, 1987]), à côté de bâclages routiniers en Italie ou en Espagne. Au-delà d'un physique exceptionnel, Palance possède le talent qui injecte la vie et une forme d'énergie brute et primitive qu'on aime à lui associer.

PALAU (Pierre Palau del Vidri, dit)

acteur français (Paris 1885 - id. 1966).

Palau apparaît à l'écran dès 1912 aux côtés de Max Linder, joue dans les théâtres (notamment au Grand Guignol) et tient pendant un demi-siècle des rôles de second plan dans près de 80 films. Il sait utiliser, de sa présence physique, « les manières rondes, la vivacité de l'œil et l'étrange silhouette » dit André Breton. Nous retiendrons surtout ses créations dans la Main du Diable (M. Tourneur, 1943), les Enfants du paradis (M. Carné, 1945), le Diable au corps (C. Autant-Lara, 1947), le Plaisir (Max Ophuls, 1952), les Belles de nuit (R. Clair, id.). Il fut aussi poète et auteur d'une pièce de théâtre, les Détraquées, dont parle Breton dans Nadja.

PALCY (Euzhan)

cinéaste française (Gros-Morne, Martinique, 1956).

La Rue Case-Nègres (1983) a été perçue comme l'irruption d'un cinéma d'identité antillaise pleinement professionnel et chargé de sens dans le paysage du film de fiction français. La jeune réalisatrice avait auparavant tourné dans son île d'origine un court métrage et le premier téléfilm martiniquais (la Messagerie, 1974). Elle reviendra à cet univers avec un moindre succès en 1992 dans son troisième film, Siméon. Dans l'intervalle, elle a fait l'expérience de la production américaine avec un film antiraciste tourné en Afrique australe d'après un roman d'André Brink, Une saison blanche et sèche (A Dry White Season, 1989), où elle bénéficiait du concours de Donald Sutherland et de Marlon Brando.

PALERMI (Amleto)

cinéaste italien (Rome 1889 - id. 1941).

D'abord journaliste et auteur dramatique, Palermi réalise son premier film en 1914. Doté d'un tempérament très souple, il tourne des films de genres très divers et dirige des comédiennes comme Lyda Borelli, Soava Gallone, Leda Gys, Pina Menichelli, Diomira Jacobini. Pendant les années 20, il réalise quelques films en Allemagne et met en chantier le dernier « colosse » italien de l'après-guerre, les Derniers Jours de Pompéi (Gli ultimi giorni di Pompei, 1926, CO : C. Gallone). L'arrivée du parlant n'interrompt pas son travail : mieux même, il réalise près d'une trentaine de films en guère plus de dix ans, tournant aussi bien des comédies avec Angelo Musco (L'eredità dello zio Buonanima, 1934 ; Fiat voluntas Dei, 1935) ou avec Totò (Totò apôtre et martyr [San Giovanni decollato], 1941 ; L'allegro fantasma, id.) que des drames populaires (Napoli d'altri tempi, 1938 ; Partire, id. ; Le due madri, id. ; Napoli che non muore, 1939 ; Cavalleria rusticana, id.). Dans beaucoup de ces films, un goût vériste venu sans doute des origines méridionales de Palermi trouve des accents d'une grande authenticité. C'est dans cette ligne que se situe le chef-d'œuvre du cinéaste, La peccatrice (1940), une œuvre qui décrit le drame d'une femme abandonnée et dans laquelle on peut lire les prémices du néoréalisme.

PALESTINE.

Le drame palestinien, avant même que des cinéastes palestiniens n'apparaissent, a abondamment inspiré de nombreux réalisateurs venus de tous horizons. À la fin des années 70, un groupe de cinéastes arabes, incluant des Palestiniens, a fondé l'Organisme du cinéma palestinien, qui allait mobiliser l'attention d'un maximum de réalisateurs. En faisaient notamment partie Jean Chamoun, Kaïs el-Zubaïdi, Mostafa Abou, etc. L'Égyptien Tewfik Saleh* (les Dupes, 1971), l'Irakien Kaïs el-Zubaïdi (Palestine, chronique d'un peuple, DOC 1984), mais aussi Jean-Luc Godard* (Ici et ailleurs, DOC 1969-76), Costa Gavras* (Hanna K, 1984) ou encore Borhan Alaouié*, Johan van Der Keuken, et, plus tard, Amos Gitaï*, ont tourné sur la question palestinienne. Michel Khleifi est le premier des Arabes israéliens, autrement dit un Palestinien, à avoir élaboré une œuvre cinématographique consistante, avec la Mémoire fertile (DOC 1980), Ma'loul fête sa destruction (DOC 1984), Noces en Galilée (DOC 1987), Cantique des pierres (DOC 1990) et surtout son long métrage le Conte des trois diamants (1995). Au début des années 90 sont apparus de nouveaux réalisateurs palestiniens, parfois plus marqués par la vidéo, comme Elia Suleiman* (Introduction à la fin d'un argument, CM DOC 1990 ; Chronique d'une disparition, 1998 ; le Rêve arabe, CM DOC 1998), Rachid Masharawi (l'Abri, DOC 1989 ; Longues Journées à Gaza, DOC 1991 ; Couvre-feu, DOC 1993 ; l'Attente, DOC 1994 ; Haïfa, DOC 1996). Fictions ou documentaires, tous les films du cinéma palestinien – et a fortiori – pro-palestinien s'affichent comme des témoignages de la difficile réalité vécue par les Palestiniens.