Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

COREY (Wendell)

acteur américain (Dracut, Mass., 1914 - Santa Monica, Ca., 1968).

Acteur de théâtre expérimenté, le producteur Hal Wallis le fait débuter à l'écran en 1947. Son physique un peu ingrat l'a voué aux seconds rôles, sa distinction naturelle et sa fébrilité contenue l'ont dirigé vers des emplois antipathiques ou ambigus : tueurs obsédés ou machiavéliques, aventuriers cyniques, policiers peu sûrs de leur bon droit : l'Homme aux abois (I Walk Alone, B. Haskin, 1947), Raccrochez, c'est une erreur (A. Litvak, id.), les Furies (A. Mann, 1950), le Courrier de la Jamaïque (Jamaica Run, L. R. Foster, 1953), les Bas-Fonds d'Hawaii (Hell's Half Acre, John H. Auer, 1954), Fenêtre sur cour (A. Hitchcock, id.), le Grand Couteau (R. Aldrich, 1955), Le tueur s'est évadé (B. Boetticher, 1956). Sa carrière décline dans les années 60, époque où il s'essaie à la politique.

CORMAN (Roger)

cinéaste et producteur américain (Detroit, Mich., 1926).

Après des débuts modestes (coursier à la Fox, lecteur de scénarios), il se lance dès 1953-54 dans la production et l'écriture de scénarios. Il est un des fondateurs de la compagnie American International Pictures, dont le premier film distribué sera une de ses productions : The Fast and the Furious (E. Sampson et J. Ireland, 1955). La même année, il passe à la mise en scène. Il réalise très vite toute une série de films à très petit budget, westerns, films d'horreur, films de rock and roll, dont les titres sont évocateurs (Apache Woman, Swamp Women, Teenage Doll, Naked Paradise, Attack of the Crab Monsters, Rock All Night) et les ambitions artistiques fort limitées. Le premier film remarqué de sa très abondante filmographie est un thriller extrêmement violent interprété par Charles Bronson, Mitraillette Kelly (Machine Gun Kelly, 1958), et il acquiert une certaine notoriété avec ses adaptations d'Edgar Poe (généralement interprétées par Vincent Price) : la Chute de la maison Usher (The House of Usher, 1960), la Chambre des tortures (The Pit and the Pendulum, 1961), l'Enterré vivant (Premature Burial, 1962, avec Ray Milland), Tales of Terror (avec Vincent Price, Peter Lorre et Basil Rathbone, id.), Tower of London (id.), le Corbeau (The Raven, 1963), The Terror (id.), le Masque de la mort rouge (The Mask of the Red Death, 1964), la Tombe de Ligeia (The Tomb of Ligeia, id.). Le romancier Richard Matheson collabore régulièrement à ces adaptations, et Corman est un des premiers à porter Lovecraft à l'écran ; la Malédiction d'Arkham (The Haunted Palace, 1963). Ces titres « prestigieux » ne l'empêchent pas de continuer à produire et réaliser, le plus vite possible pour le plus court budget possible, les mêmes petits films, avec parfois une touche d'ambition : The Intruder (1962). À partir de 1963-64, il se consacre davantage à la production qu'à la mise en scène. Les films qu'il réalise ont des budgets plus importants et ressemblent de moins en moins aux « séries Z » de ses débuts. On peut citer l'Invasion secrète (The Secret Invasion, 1964, avec Stewart Granger), les Anges sauvages (The Wild Angels, 1966, avec Peter Fonda et Nancy Sinatra, dont le succès et la postérité sont très importants), le Massacre de la Saint-Valentin (The Saint Valentine's Day Massacre, 1967), The Trip (id.), Bloody Mama (1970), le Baron Rouge (Von Richthofen and Brown, 1971). Une probable nostalgie de la mise en scène l'entraîne à nouveau vers les rivages du fantastique et il tourne en 1990 Frankenstein Unbound.

Mais l'importance de Roger Corman metteur en scène est bien moindre que celle de Corman producteur et détecteur de talents : des hommes comme Peter Bogdanovich, Francis Ford Coppola, Monte Hellman, Martin Scorsese, Curtis Harrington, Paul Bartel, Dennis Hopper, Michael Miller, Jonathan Demme, Jonathan Kaplan et Jack Nicholson lui doivent une partie de leur carrière. Les deux westerns de Monte Hellman avec Jack Nicholson, The Shooting ou la Mort tragique de Leland Drum (1966) et l'Ouragan de la vengeance (id.), sont coproduits par Corman, que l'on retrouve en 1972 sur Bertha Boxcar, de Martin Scorsese. Corman a aussi produit au cours des années 70 une série de films d'action violents et rapides, à la limite de la parodie : la Course à la mort de l'an 2000 (Death Race 2000, 1975) de Paul Bartel, Colère froide (Fighting Mad, id.), de Jonathan Demme, On m'appelle Dollars (Mr. Billion, 1977), de Jonathan Kaplan.

CORNEAU (Alain)

cinéaste français (Orléans, 1943).

Il est diplômé de montage et réalisation (IDHEC), puis assistant de Bernard Paul, Marcel Camus, Costa-Gavras, Michel Drach... En 1974, sortie de son premier film, France Société anonyme, politique-fiction plus ambitieuse que convaincante. Corneau joue ensuite la carte du box-office (Bouquet, Montand, Simone Signoret) et celle du film policier avec : Police Python 357 (1976), la Menace (1977), Série noire (1979), avec Patrick Dewaere, et où le chef opérateur, Pierre William Glenn, retrouve l'image glacée et inquiétante des deux premiers titres ; le Choix des armes (1981) avec Depardieu. Avec le même Depardieu et Catherine Deneuve, il bénéficie de très gros moyens pour évoquer l'époque coloniale dans Fort Saganne (1984). En 1986, il revient au genre policier avec la Môme mais en 1989 il aborde dans Nocturne indien une nouvelle manière de filmer, insolite et prenante en abordant le registre charmeur et ambigu de l'imaginaire. Tous les matins du monde (1991) sur un scénario de Pascal Quignard lui vaut un grand succès public et un César. Dans ce film, il se montre presque aussi austère que dans Nocturne indien, la réflexion sur l'artiste et la création s'intégrant parfaitement au récit. Avec le Nouveau Monde (1995), il revient à des données plus romanesques, mais cette œuvre au contenu autobiographique déclaré ne rencontre pas son public.

Après le Cousin (1998), qui marque un retour aux thèmes policiers, il réalise une comédie qui n'est pas exempte de clichés, le Prince du Pacifique (2000).

CORNELIUS (Henry)

scénariste, producteur et cinéaste britannique (Le Cap, Afrique du Sud, 1913 - Londres 1958).

Originaire d'une famille allemande émigrée en Afrique du Sud, Henry Cornelius est l'auteur de comédies d'humour britannique. Il s'initie d'abord au théâtre à Berlin auprès de Reinhardt, puis au cinéma en France et s'oriente vers le montage. Il travaille ensuite pour Alexandre Korda : il est assistant monteur de René Clair pour Fantômes à vendre (1935). Ses grands succès, peut-être surestimés, demeurent Passeport pour Pimlico (Passport to Pimlico, 1949, pour Ealing) et Geneviève (id., 1953, pour Rank). Autres films : le Major galopant (The Galloping Major, 1951) ; Une fille comme ça (I Am a Camera, 1955) ; l'Heure audacieuse (Next to No Time, 1958) ; L'habit fait le moine (Law and Disorder, id., terminé par Ch. Crichton).