Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MERCANTON (Louis)

cinéaste français d'origine suisse (1879 - Paris 1932).

Il réalise souvent ses films d'un bon niveau commercial avec la collaboration de René Hervil et fait appel à des gloires de la scène : Sarah Bernhardt (Adrienne Lecouvreur, 1913 ; Mères françaises, 1917 ; la Voyante, 1923, dont il est directeur artistique), Réjane (Miarka la fille à l'ours, 1920), Guitry et Printemps (Un roman d'amour et d'aventures, 1917). Au début du sonore, il obtient un vif succès avec le Mystère de la Villa Rose (CO R. Hervil, 1930). Engagé à la Paramount, il consacre Henri Garat avec une agréable opérette, Il est charmant (1932), et meurt subitement pendant le tournage de Passionnément.

MERCIER (Michèle)

actrice française (Nice 1939).

Tout d'abord danseuse, elle débute à l'écran en 1957 sous la direction de Denys de La Patellière dans Retour de manivelle. Elle tourne beaucoup, souvent dans des rôles de femme légère, et les films les plus marquants de sa jeune carrière sont Tirez sur le pianiste (F. Truffaut, 1960) et l'Aîné des Ferchaux (J.-P. Melville, 1963). Elle devient ensuite Angélique (Angélique, marquise des anges, de Bernard Borderie, 1964) : les cinq films de cette série très populaire (1964-1967) en font une des stars du cinéma français, la dernière de ce type. Cette image ne durera guère, et sa carrière, après Une veuve en or (M. Audiard, 1969), s'essoufflera dans des films de faible intérêt.

MERCOURI (Maria Amalia, dite Mélina)

actrice grecque (Athènes 1920 - New York 1994).

Formée au Théâtre national d'Athènes, elle passe du classique à des pièces modernes, puis au Boulevard (à Paris en 1952) avant d'affirmer sa personnalité à l'écran, dès son premier rôle, dans Stella, de Cacoyannis (1955). Sombre, plébéienne gouailleuse sans gommer on ne sait quoi de racé — l'orgueil, peut-être, de se battre ? —, elle a « une gueule », une aura populaire. Jules Dassin, qui l'épouse en 1966, sait parfois en tirer le meilleur parti (Celui qui doit mourir, 1956), le plus facile (Jamais le dimanche, 1960) ou le plus médiocre (Phaedra, 1962). À la fin des années 60 et au début des années 70, elle mène une lutte politique courageuse contre la dictature des « colonels ». Exilée, elle revient dans son pays en 1974 et, élue député en 1977, elle est nommée ministre de la Culture du gouvernement Papandréou en 1981. Parmi ses films, on peut mentionner encore : Gypsy (J. Losey, 1958) ; la Loi (Dassin, id.) ; le Jugement dernier (V. De Sica, 1961) ; Topkapi (Dassin, 1964) ; la Promesse de l'aube (id., 1970) ; Cri de femmes (id., 1978). Elle a publié des souvenirs, I Was Born Greek (1971).

MEREDITH (Burgess)

acteur américain (Cleveland, Ohio, 1908 - Malibu, Ca., 1997).

Comédien fameux — à juste titre — de la scène américaine depuis 1929, il débute à l'écran dans l'adaptation de Winterset (A. Santell, 1936), qui avait été pour lui un triomphe au théâtre. C'est au fil des années 40 qu'il est devenu l'une des personnalités les plus brillantes et les plus changeantes d'Hollywood, passant de l'humour au drame et déployant toutes les ressources d'une physionomie inoubliable. Il a peu à peu réduit ses performances à l'écran à des « apparitions » dans des films d'amis, après s'être essayé une fois à la mise en scène : l'Homme de la tour Eiffel (The Man on the Eiffel Tower, 1950) ; mais il n'a pas ralenti son activité théâtrale. Il est en 1987 Don Learo du Roi Lear de Jean-Luc Godard.

Autres films :

Des souris et des hommes (L. Milestone, 1940) ; le Journal d'une femme de chambre (J. Renoir, 1946, film qu'il a coproduit) ; la Folle Enquête (K. Vidor et Leslie Fenton, 1948) ; Joe Butterfly (J. Hibbs, 1957) ; Tempête à Washington (O. Preminger, 1962) ; le Cardinal (id., 1963) ; Première Victoire (id., 1965) ; Que vienne la nuit (id., 1967) ; le Reptile (J. L. Mankiewicz, 1970) ; Des amis comme les miens (Preminger, 1971) ; le Jour du fléau (J. Schlesinger, 1975) ; Rocky (S. Stallone, 1976) ; Un mariage (R. Altman, 1978) ; Odd Ball Hall (Jackson Hunsinger, 1990).

MERLINI (Elsa Tscheliessnig, dite Elsa)

actrice italienne (Trieste, Autriche-Hongrie, 1904 - Rome 1983).

Surtout active au théâtre, où elle se fait apprécier dans le genre comico-sentimental, Elsa Merlini crée sa propre compagnie en 1934 avec Renato Cialente et diversifie son répertoire (Pirandello, Goldoni, D'Annunzio, Molnar, Nash, Shaw). Lancée au cinéma en 1931 par La segretaria privata d'Alessandrini, elle interprète essentiellement des comédies aux côtés de Renato Cialente, Vittorio De Sica, Nino Besozzi ou Amedeo Nazzari. Parmi ses films les plus caractéristiques, on peut retenir : Lisetta (E. W. Emo, 1934) ; Ginevra degli Almieri (G. Brignone, 1936) ; Trenta secondi d'amore (M. Bonnard, 1936) ; Ai vostri ordini, signora ! (M. Mattoli, 1939). À partir de 1941, Elsa Merlini ne fait plus que de rares apparitions à l'écran.

MERLINI (Marisa)

actrice italienne (Rome 1923).

Elle devient populaire dans le théâtre de variétés et débute au cinéma en 1946 dans La nuit porte conseil (M. Pagliero). Sa mine florissante et son expansivité dialectale s'affirment dans presque cent comédies populaires : de la série interprétée par Totò (L'imperatore di Capri, L. Comencini, 1949 ; Totò cherche un appartement, Steno et M. Monicelli, id. ; Destinazione Piovarolo, Domenico Paolella, 1955) à Pain, Amour et Fantaisie (L. Comencini, 1953) et à ses suites, où elle joue vivement la sage-femme provocante. Parmi ses nombreux rôles à succès : Ces demoiselles du téléphone (Le signorine dello 04, G. Franciolini, 1955) ; Pères et Fils (M. Monicelli, 1957) ; le Médecin et le Sorcier (id., id.) ; Io, mammeta e tu (C. L. Bragaglia, 1958) ; la Garçonnière (G. De Santis, 1960) ; les Monstres (D. Risi, 1963) ; le Grand Silence (S. Corbucci, 1968) ; L'albero dalle foglie rosa (A. Nannuzzi, 1974) ; Oh, Serafina ! (A. Lattuada, 1976). Plus de vingt ans plus tard, on la retrouve au générique de deux films de Mario Laurenti, Vacanze sulla neve (1999) et Pazzo d'amore (2000), ainsi que de Teste di cocco (U.F. Giordani, 2000).

MERMAN (Ethel Zimmerman, dite Ethel)

actrice et chanteuse américaine (Astoria, Queens, N.Y., 1908 - New York, N.Y., 1981).

La plus grande star musicale de Broadway, dotée d'une voix d'airain et d'un tempérament de feu, Ethel Merman n'a jamais vraiment passé l'écran. Elle débute en 1930 et tourne en tout une quinzaine de films. Quelques œuvres médiocres emprisonnent cependant son charme incandescent : son interprétation de High and Low dans Strike me Pink (D. Butler, 1936) ou ce qui reste des chansons de Cole Porter dans Anything Goes (L. Milestone, id.), dont la création qu'elle fit sur scène demeure légendaire. Le musicien Irving Berlin l'a bien servie à la fois à la scène et à l'écran : il écrivit pour elle le classique Annie Get Your Gun, qu'elle n'eut pas le loisir de jouer au cinéma, et Appelez-moi Madame (W. Lang, 1953), qu'elle reprit avec panache à l'écran. Berlin est également l'auteur des nombreuses chansons qu'elle interprète splendidement dans la Folle Parade (H. King, 1938), superbe mélodrame musical. Mais on est navré de la voir vociférer en belle-mère empoisonnante dans Un monde fou fou fou (S. Kramer, 1963) ou se parodier dans Y a-t-il un pilote dans l'avion ? (David et Jerry Zucker, Jim Abrahams, 1980). Dans les années 30, la 20th Century-Fox essaya, en vain, de faire d'elle une star de cinéma : son talent était surtout scénique.