Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KRAUSS (Jacques Kraus, dit Jacques)

décorateur français (Paris 1900 - id. 1957).

Fils du comédien et réalisateur Henry Krauss, il assiste Lucien Aguettand avant de devenir chef décorateur avec les Deux Canards (Erich Schmidt, 1933). Il collabore surtout avec Julien Duvivier (le Paquebot Tenacity, 1934 ; Maria Chapdelaine, id. ; la Bandera, 1935 ; la Belle Équipe, 1936 ; Pépé le Moko, 1937 ; la Fin du jour, 1939 ; la Charrette fantôme, 1940) et Claude Autant-Lara : l'Affaire du courrier de Lyon (1937), le Mariage de Chiffon (1942), Douce (1943), Sylvie et le fantôme (1946). Après la guerre, il décore Caroline chérie (Richard Pottier, 1951) et la Fille Elisa (Roger Richebé, 1956).

KRAUSS (Werner)

acteur allemand (Gestungshausen 1884 - Vienne, Autriche, 1959).

Acteur de théâtre sur les scènes de province, il s'établit à Berlin, où il travaille avec Max Reinhardt en 1913. Il débute au cinéma en 1916 et tourne plusieurs fois sous la direction de Richard Oswald, dont le Journal d'une fille perdue (1918).

Il joue alors dans une série de grands films où il incarne des personnages inoubliables, qui lui confèrent, un peu schématiquement, l'image du plus grand acteur « expressionniste » des années 20 : il est le docteur dans le Cabinet du Dr Caligari (R. Wiene, 1919), Robespierre dans le Danton de Buchowetzki (1921), Iago dans Othello (id., 1922), Ponce Pilate dans I. N. R. I. (Wiene, 1923), Jack l'éventreur dans le Cabinet des figures de cire (P. Leni, 1924), le boucher de la Rue sans joie (G. W. Pabst, 1925), le professeur Mathias dans les Mystères d'une âme (Pabst, 1926). On peut le voir dans de nombreux autres films, dont le Rail (Lupu Pick, 1921), la Terre qui flambe (F. W. Murnau, 1922), le Trésor (Pabst, 1923), l'Étudiant de Prague (version d'Henrick Galeen, 1926), Nana (J. Renoir, id.), la Culotte (Die Hose, Hans Behrendt, 1927)...

Il tourne moins fréquemment au temps du cinéma parlant, mais quelques films réalisés sous le régime nazi, tel le Juif Süss (V. Harlan, 1940), où il obtient le double rôle du rabbin Loew et du secrétaire Lévy, le compromettent au point qu'il subira une interdiction professionnelle au lendemain de la guerre. Au cours de la période nazie, on peut le voir également dans la Lutte héroïque (H. Steinhoff, 1939), Annelie (J. von Baky, 1941), Die Entlassung (W. Liebeneiner, 1942) et Paracelse (Pabst, 1943). Bien qu'il se consacre d'abord au théâtre, à Vienne, puis à Berlin et Düsseldorf, il tourne encore trois films jusqu'en 1955, dont Der fallende Stern de Harald Braun (1950).

KREJČIK (Jiři)

cinéaste tchèque (Prague, Autriche-Hongrie, 1918).

Acteur aux studios Barrandov après l'annexion allemande, puis réalisateur de documentaires à partir de 1943. ‘ Une semaine dans une maison tranquille ’ (Tÿden v tichém domě, 1947) marque ses débuts dans le long métrage, presque toujours sur des thèmes moraux et psychologiques, comme dans la Conscience (Svědomí, 1949) et Condamnés à vivre/le Réveil (Probuzeni, 1959). Son meilleur film, le seul qui a eu quelque retentissement à l'étranger et obtenu plusieurs prix, est Monsieur Principe Supérieur (Vyšši princip, 1960, d'après un récit de Jan Drda), qui expose le drame de conscience d'un vieux professeur déchiré entre son credo de non-violence et la nécessité de l'engagement patriotique. Représentant typique de la génération intermédiaire entre les « vétérans » et la Nouvelle Vague, Krejčik n'a pas su se renouveler, comme en témoigne la banalité de style de ses ‘ Jeux trompeurs de l'amour ’ (Hry lásky šalivé, 1971), inspiré pourtant de Boccace et de Marguerite de Navarre.

Autres films :

le Village sur la frontière (Ves v pohraničí, 1948) ; la Moralité de madame Dulska (Morálka paní Dulské, 1958), ‘ le Labyrinthe du cœur ’ (Labyrint srdce, 1961), ‘ Ema la Divine ’ (Božská Ema, 1979), ‘ Vendeur d'humour ’ (Prodavač humoru, 1985).

KREUZER (Elisabeth, dite Lisa)

actrice allemande (Hof, Bavière, 1945).

Son nom reste lié à celui du réalisateur Wim Wenders dont elle fut la compagne et qui l'a dirigée dans quatre films dont Alice dans les villes (1973), Au fil du temps (1976) et l'Ami américain (1977). Comédienne sensible et émouvante, Lisa Kreuzer joue aussi au théâtre et à la télévision. Des réalisateurs étrangers la sollicitent régulièrement, mais, malheureusement, pour des rôles peu marquants, à l'exception de Il faut tuer Birgitt Haas (Laurent Heyneman, 1981), Flight to Berlin (Christoffer Petit, 1984), Berlin-Jérusalem (A. Gitai, 1989).

KRISTL (Vlado)

cinéaste yougoslave (Zagreb, Croatie, 1923).

D'abord peintre, il participe à l'essor du cinéma yougoslave d'animation, réalise Peau de chagrin (Sagrenska koza, 1960, CO : Ivo Vrbanić), Don Quichotte (Don Kihot, 1961) et, en 1962, le Général (Resni clovek). En 1963, il émigre à Munich, où il participe à l'essor du cinéma indépendant allemand. Pauvres Gens (Arme Leute), Madeleine-Madeleine (1963) et la Chaussée/la Digue (Der Damm, 1964) sont d'une facture traditionnelle. Prometheus (1965) et Die Utopen (1967) sont des films d'animation et de collage. Après le « grand minishow » de Sekundenfilme (1968), série de courts métrages pour la télévision, viennent le déconcertant Italienisches Capriccio (1969) et Film oder Macht (1970). Obrigkeitsfilm (1971) est, selon Dwoskin, un film « anarchiste » sur l'autorité, où l'on voit des personnages faire sans gêne « ce qu'ils veulent », et qui est ainsi à rapprocher de certains films de Warhol. Après divers travaux diffusés par la télévision malgré leur forme expérimentale, il réalise son « film d'adieu » Tod dem Zuschauer (1983), où il attaque le cinéma traditionnel et milite pour la fin du spectateur ordinaire. Il réalisera encore quelques courts métrages par la suite.

KRISTOFFERSON (Kris)

acteur américain (Brownsville, Tex., 1936).

Cet excellent chanteur est amené au cinéma surtout par Sam Peckinpah : dans Pat Garrett et Billy le Kid (1973), il est un Billy le Kid poupin et boudeur, qui laisse craindre pour son avenir d'acteur. Mais, la même année, il trouve sa pleine mesure, en artiste hippie attardé dans les Choses de l'amour (P. Mazursky). Sur un registre voisin, il se montre très à l'aise dans Alice n'est plus ici (M. Scorsese, 1975) et dans le bizarre mais bancal Marin qui abandonna la mer (The Sailor Who Fell From Grace With the Sea, Lewis John Carlino, 1976). Ses traits enfantins dissimulés souvent derrière une épaisse barbe poivre et sel, il possède une présence physique très forte, qui contraste avec celles, plus frêles, d'un Al Pacino ou d'un Robert De Niro. La meilleure preuve de son talent, il l'a donnée dans l'effarant naufrage d'Une étoile est née (Frank Pierson, 1976), où, envers et contre tous, il crée un personnage très attachant qui semble être son œuvre à lui. En 1985, il tourne Wanda's Café sous la direction d'Alan Rudolph et en 1990, Night of the Cyclone de David Irving, mais il s'efface peu à peu dans les seconds rôles. C'est John Sayles qui l'en sort pour Lone Star (1996), où il a une présence très forte dans un rôle de shérif, et pour Limbo (1999) où il exsude la violence.