Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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OUDART (Félix)

acteur français (Lille 1881 - Paris 1956).

Il chante l'opérette et joue au théâtre aussi bien avec Guitry qu'avec Jouvet. Avec celui-ci, il crée trois pièces de Giraudoux. Au cinéma, il joue les rondeurs bonasses, les badernes, les vieux beaux concupiscents, avec le sourire, des mines drolatiques et beaucoup de tact : le Dieu du hasard (H. Pouctal, 1919), Crainquebille (J. Feyder, 1923), Tire au flanc (J. Renoir, 1928, puis Wulschleger, 1933), Marchand d'amour (E. T. Gréville, 1935), Macadam (Marcel Blistène et J. Feyder, 1946), le Café du cadran (Jean Gehret, 1947), Clochemerle (P. Chenal, 1948). Sa filmographie est longue mais comporte peu de films importants.

OUEDRAOGO (Idrissa)

cinéaste burkinabé (Banfora 1954).

Élève de l'Institut africain d'études cinématographiques (Ouagadougou) puis de l'IDHEC (Paris), il tourne plusieurs courts métrages documentaires : Poko (1981), les Écuelles (1983), les Funérailles du Larle Naba (1984), Ouagadougou,Ouaga deux roues (1985), Issa le tisserand (id.), puis aborde le long métrage où il combine l'authenticité documentaire avec la narrativité fictionnelle dans une esthétique raffinée. Le Choix (Yam daabo, 1986) raconte l'exode d'une famille de paysans chassés du Sahel par la sécheresse, Yaaba (1988) traite avec une tendresse malicieuse de la présence de la magie dans la vie sociale et Tilaï (1990) transpose la tragédie grecque classique dans un contexte africain contemporain et l'illustre à l'aide d'un remarquable dépouillement de l'image et des mouvements de caméra. Il a également signé un épisode du film camerounais (coréalisé par Jean-Marie Téno), De Ouaga à Douala en passant par Paris (1987). Avec Karim et Sala (1991), l'univers d'Ouedraogo se précise (innocence, enracinement, déracinement, aller-retour entre l'Afrique contemporaine et l'Afrique traditionnelle). Après Obi (CM id.), son style se modifie quelque peu dans Samba Traoré (1992). Il semble à la fois élargir sa palette et s'éloigner de la simplicité linéaire de ses débuts. En 1994, il produit et réalise son premier film tourné en France, à Lyon, qui évoque les tribulations d'un enfant africain poursuivi par son inconscient originel (le Cri du cœur). Afrique, mon Afrique (1994) est un moyen métrage produit par The Red Hot Organisation de Londres sur le thème du sida. En 1997, il réalise Kini & Adams, histoire de deux amis – Kini le bosseur et Adam le rêveur – unis par le désir partagé de partir chercher le succès en ville, puis, la même année, un court métrage sur les Parias du cinéma.

OULIANOV (Mikhaïl) [Mihail Aleksandrovič Uljanov]

acteur soviétique (Omsk 1927).

Après des études théâtrales à Omsk et à Moscou (théâtre Pouchkine), il devient acteur au théâtre Vakhtangov à partir de 1950, puis il débute au cinéma dans ‘ Ils étaient les premiers ’ (Oni byli pervymi, V. Egorov, 1956) et la Maison où je vis (L. Koulidjanov, 1957). Dans les Vivants et les Morts (A. Stolper, 1964) et le Silence (Tišina, V. Bassov, id.), il est déjà un interprète de poids, mais sa puissance physique et son tempérament de meneur d'hommes éclatent dans le rôle-titre du Président (Predsedatel ’, A. Saltykov, id.). On retrouve sa silhouette massive et sa force de caractère dans le Dimitri des Frères Karamazov (I. Pyriev, 1969) et dans la Fuite (Alov et Naoumov, 1971). Il interprète ensuite trois rôles essentiels dans le Thème (G. Panfilov, 1979), Vie privée (Y. Raïzman, 1982, prix d'interprétation à Venise) et Sans témoin (N. Mikhalkov, 1983). On l'a encore remarqué dans la Bataille de Moscou (Youri Ozerov, 1985, rôle de Joukov), le Choix (V. Naoumov, 1986), Notre train blindé (M. Ptachouk, 1988), la Loi (Naoumov, 1990).

OUR GANG.

En 1922, l'ingénieux Hal Roach lance une série de films comiques où la vedette revient à un groupe d'enfants. Il s'appelle Our Gang et connaît alors un grand succès. À la différence d'autres héros collectifs du burlesque — Keystone Cops, Bathing Beauties —, Our Gang n'était pas uniforme mais hétérogène, et c'est cette hétérogénéité qui fondait son charme. La composition du groupe changeait de film en film. Cependant, on se souvient de quelques « piliers » des premiers temps comme le gros Joe Cobb, Mary Kornman, la petite amoureuse — remplacée ultérieurement par Jean Darling — ou le petit Noir, Farina (Allen Clayton Hoskins). Les enfants apparaissaient souvent dans leurs films comme des bricoleurs astucieux et fantaisistes, capables de construire une locomotive avec des tuyaux ou de faire jouer du piano, grâce à un système de poulies, à une nichée de chatons. Comme tout comique d'enfant, celui de Our Gang fut toutefois moins explosif que simplement « mignon ». Les films « Our Gang » sont produits jusqu'en 1944, battant, de loin, les Cops et les baigneuses...

OUROUSSEVSKI (Serguei) [Sergej Urusevskij]

chef opérateur et cinéaste soviétique (Saint-Pétersbourg 1908 - Moscou 1974).

Diplômé du Tekhnikum de Leningrad (1929) puis de l'Institut des arts plastiques (1935), opérateur d'actualités au front (1942-43), il se fait connaître sous la direction de Donskoï (l'Institutrice du village, 1947), de Raïzman (le Chevalier à l'étoile d'or, 1951) et de Poudovkine (la Moisson, 1953) comme un maître de la couleur, puis s'impose avec Tchoukhraï (le 41e, 1956) et surtout avec Kalatozov, pour lequel il déploie une extraordinaire (et parfois excessive) virtuosité technique : Quand passent les cigognes (1957, Palme d'or à Cannes et prix de la Commission supérieure technique pour la photographie), la Lettre inachevée (1960), Je suis Cuba (1964). Il réalise lui-même deux films où il applique sa théorie de la « caméra émotionnelle » : le Pas de l'amble/Adieu, Goulsary (Prašaj Gulsary, 1968), d'après Tchinguiz Aïtmatov, et Chante ta chanson, poète (Poj pjesnyu, poet, 1973), inspiré par Essénine.

OURY (Max Gérard Tannenbaum, dit Gérard)

acteur et cinéaste français (Paris 1919).

Élève du cours Simon, il entre au Conservatoire en 1938. À la scène, il interprète de nombreux rôles, essentiellement en Suisse, où il s'établit pour la durée de la guerre. Il débute au cinéma en 1947 avec un petit emploi dans Antoine et Antoinette de Jacques Becker. Il passe derrière la caméra en 1959 avec la Main chaude. Depuis ce drame policier banal, il connaît un succès commercial sans faille. Ses comédies, bâties sur des scénarios très efficaces, sont d'une qualité technique certaine, mais n'ont pas d'autre prétention que d'être du cinéma de pure distraction. Il n'est pourtant pas interdit de se prendre au jeu des éternelles poursuites et des aventures extraordinaires qui émaillent des films comme le Corniaud (1964) et la Grande Vadrouille (1966) avec de Funès-Bourvil, le Cerveau (1969) avec Belmondo-Bourvil, la Folie des grandeurs (1971), avec Montand, de Funès et Alice Sapritch. Dans la même veine de ce cinéma de divertissement, dont la lecture ne peut s'effectuer qu'au premier degré, il a également signé : la Menace (1960), Le crime ne paie pas (1962), les Aventures de Rabbi Jacob (1973), la Carapate (1978), le Coup du parapluie (1980), la Vengeance du serpent à plumes (1984), Levy et Goliath (1987), Vanille fraise (1989), la Soif de l'or (1993), Fantôme avec chauffeur (1996), le Schpountz (1999, remake du film de Pagnol). Il est le père de la scénariste Danièle Thompson qui a collaboré à plusieurs de ses films.