Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ZUKOR (Adolph)

producteur américain (Riese, Autriche-Hongrie, 1873 - Los Angeles, Ca., 1975).

Émigré en 1889, marchand de fourrures à New York, possesseur en 1903 d'un Penny Arcade, il fonde le circuit des Nickelodeon deux ans plus tard. Distributeur de films français et italiens (Engadine Corp., 1911), il commandite un film tourné à Londres par Sarah Bernhardt, l'importe aux États-Unis et fonde, en 1913, grâce à son bénéfice, la Famous Players Pictures. Il intègre ensuite ses salles à la Paramount (1914) et prend le contrôle de cette dernière, en accord avec Lasky, en y fondant sa propre société de production (1916-17). Puis il fait racheter le secteur production de la Paramount en difficulté (1929) par le secteur exploitation (1 500 salles). Il est élu en 1935 directeur général de la production et chairman de la Paramount Picture, forme réorganisée de l'ancienne Paramount Famous Players Lasky. Président d'honneur en 1953, il ne cesse de surveiller de près la production pendant plusieurs années encore (introduction du 3-D). En 1973, le Tout-Hollywood fête solennellement les cent ans du magnat, typique d'une époque, et qui a laissé de très intéressants mémoires (Le public a toujours raison [The Public Is Never Wrong, 1953], 1954).

ZULAWSKI (Andrzej)

cinéaste polonais (Lvov [Ukraine] 1940).

Fils du poète et écrivain Mirosław Żulawski, il suit les déplacements de son père, qui le conduisent en France de 1945 à 1949, en Tchécoslovaquie et en Pologne de 1950 à 1955. De retour à Paris en 1957, il passe son baccalauréat et suit pendant deux ans les cours de l'IDHEC. Après avoir écrit un mémoire sur Kanal d'Andrzej Wajda, il rentre en Pologne et devient l'assistant de celui-ci sur Samson en 1960. Étudiant ensuite à l'université de Varsovie de 1963 à 1965, où il suit des cours de philosophie, il ne tarde pas à retourner au cinéma, toujours comme collaborateur de Wajda, sketch Varsovie de l'Amour à vingt ans, puis Cendres. Critique à la revue polonaise Film de 1966 à 1968, il passe à la réalisation en signant deux moyens métrages pour la télévision. Il participe ensuite à l'écriture de divers scénarios avec des cinéastes français, avant de réaliser en 1971 son premier long métrage pour le cinéma, la Troisième Partie de la nuit (Trzecia czesc nocy). L'année suivante, il tourne dans des conditions difficiles le Diable (Diabel), qui sera bloqué par la censure. Revenant à Paris pour la sortie de la Troisième Partie de la nuit, il met en scène L'important, c'est d'aimer (1974), adapté du roman de Christopher Franck, la Nuit américaine. Puis, ne pouvant terminer Sur le globe d'argent (Na srebrnym globie, 1977), interdit par les autorités polonaises, il revient en France pour tourner plusieurs films où il donne libre cours à une exubérance exacerbée qui permet à ses acteurs d'élargir leur registre jusqu'à l'outrance (Isabelle Adjani dans Possession [1981], Francis Huster et Valérie Kaprisky dans la Femme publique [1984], Sophie Marceau dans l'Amour braque [1985] et dans Mes nuits sont plus belles que vos jours [1989]). En 1989, il tourne en Yougoslavie une adaptation de l'opéra de Moussorgski Boris Godounov (FR-ESP-YOUG), en 1991 une évocation paroxystique de la liaison Chopin-George Sand : la Note bleue, en 1996, Chamanka et en 2000 la Fidélité avec Sophie Marceau.

ZURLINI (Valerio)

cinéaste italien (Bologne 1926 - Vérone 1982).

Après des études de droit et d'histoire de l'art, pendant lesquelles il s'intéresse au théâtre universitaire et travaille même pendant un an au Piccolo Teatro de Milan, Zurlini commence sa carrière cinématographique en réalisant une quinzaine de courts métrages (1948 - 1954). Après l'échec de divers projets, il tourne son premier long métrage en 1954, les Jeunes Filles de San Frediano. Le film révèle d'emblée un cinéaste sensible, prompt à saisir toutes les nuances du sentiment amoureux. Metteur en scène exigeant, souvent en butte aux tracasseries de la production — qui l'empêchera de réaliser le Jardin des Finzi-Contini (d'après Bassani), Lo scialo (d'après Pratolini), et une biographie d'Hemingway, Zurlini n'a tourné que huit films en plus de vingt ans d'activité. Après trois œuvres réalisées dans une même foulée (Un été violent, 1959 ; la Fille à la valise, 1961 ; Journal intime, 1962 — Lion d'or au festival de Venise), ses films s'espacent de plus en plus. Dans une œuvre qui s'est souvent inspirée de romans (les Jeunes Filles de San Frediano, Journal intime d'après Pratolini, Des filles pour l'armée d'après Pirro, le Désert des Tartares d'après Buzzati), on peut noter la constante cohabitation entre la mise en perspective du contexte politique et social de l'analyse du désarroi des protagonistes. Zurlini appartient à la grande tradition des cinéastes du paysage : des paysages-états d'âme qui reflètent la nature de l'intrigue et la psychologie des personnages. Rimini, Riccione ou Florence ont rarement été aussi bien montrées à l'écran ; quant à l'abstraction des décors du Désert des Tartares (tourné à Bam, dans le Baloutchistan iranien), elle fait partie intégrante de l'angoisse que véhicule le film. Un peu isolé dans la cinématographie italienne par une démarche qui cherche à mettre en évidence la réalité intérieure des êtres, Zurlini reflète les contradictions d'un monde partagé entre l'exaltation romantique et une volonté d'autodestruction engendrée par un profond désespoir existentiel.

Films  :

les Jeunes Filles de San Frediano (Le ragazze di San Frediano, 1954) ; Un été violent (Estate violenta, 1959) ; la Fille à la valise (La ragazza con la valigia, 1961) ; Journal intime (Cronaca familiare, 1962) ; Des filles pour l'armée (Le soldatesse, 1965) ; Assis à sa droite / Black Jesus (Seduto alla sua destra, 1968) ; le Professeur (La prima notte di quiete, 1972) ; le Désert des Tartares (Il deserto dei Tartari, 1976).

ZWARTJES (Frans)

cinéaste néerlandais (Alkmaar 1927).

Peintre et sculpteur, auteur depuis 1968 d'une quarantaine de films expérimentaux (pour la plupart des courts métrages en noir et blanc sans dialogue) marqués par l'influence de Sade dans sa vision provoquante de l'érotisme et de Beckett par son goût de l'absurde dans les situations : Visual Training (une ‘ grande bouffe ’, 1969), Seats Two (deux femmes enlacées sur un canapé, 1970), Contact (un homme caresse le sexe d'une femme, 1974), ect. Également auteur de trois longs métrages d'inspiration avant-gardiste : It's me (1976), Pentimento (1978), In extremo (1980).