Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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RISI (Dino)

cinéaste italien (Milan 1916).

Docteur en médecine avec une spécialisation en psychiatrie, il se lie au mouvement des jeunes écrivains et intellectuels milanais, dont font partie Alberto Lattuada et Luigi Comencini. Assistant de Mario Soldati pour le Mariage de minuit (1941) et de Lattuada pour Giacomo l'idealista (1942), il collabore à des revues de cinéma. Après la guerre, il réalise un court métrage sur les clochards de Milan, Barboni (1946), primé à la Mostra de Venise. Dans d'autres courts métrages, il poursuit une enquête néoréaliste et dé-senchantée sur la vie et les mœurs des classes « inférieures » ; dans Buio in sala (1950), il analyse avec humour les réactions du public dans une salle de cinéma, et dans deux documentaires (Seduta spiritica, 1949 ; Il siero della verità, 1951 [1949]), il peint la chronique scientifique de bizarres expériences psychiatriques. Après avoir collaboré aux scénarios de Anna (Lattuada, id.) et de Totò e i re di Roma (Steno et M. Monicelli, id.), il réalise son premier film de fiction : Vacanze col gangster (1952), une aventure pour enfants sur un groupe de gosses qui aident à l'évasion d'un bandit. Après une comédie sur Cinecittà, Viale della speranza (1953), il signe un des épisodes (Paradiso per quattro ore) du célèbre film collectif l'Amour à la ville (Amore in città, id.), conçu par Cesare Zavattini, où il décrit les couples dans un dancing populaire. Son esprit caustique toujours intéressé aux moindres détails de la vie est ici, déjà, très particulier. Il ne suit plus la voie idéologique du mouvement néoréaliste désormais agonisant. Il commence par deux comédies pour le couple Vittorio De Sica et Sophia Loren, le Signe de Vénus (Il segno di Venere, 1955) et Pain, amour, ainsi soit-il (Pane, amore e..., id.) ; mais c'est dans Pauvres mais beaux (Poveri ma belli, 1956) qu'il réussit son premier exploit. Il y brosse le joyeux portrait d'un groupe de jeunes Romains qui commencent à goûter la nouvelle société du « bien-être ». Le succès prodigieux de ce film le lance dans d'autres comédies de mœurs : le burlesque La nonna Sabella (1957) ; les deux suites de Pauvres mais beaux, avec les mêmes personnages qui évoluent, Beaux mais pauvres (Belle ma povere, id.) et Poveri milionari (1959) ; le goldonien Venise, la lune et toi (Venezia, la luna et tu, 1958) ; le satirique Il vedovo (1959) ; la galerie crépitante de personnages pour Vittorio Gassman, son acteur fétiche, dans l'Homme aux cent visages/le Matamore (Il mattatore, 1960). En 1961, il crée une dramatique histoire d'amour dans l'Inassouvie (Un amore a Roma), empreinte de l'atmosphère assez noire qui réapparaîtra dans ses films des années 70 et 80. La même année, il réalise une de ses œuvres maîtresses Une vie difficile (Una vita difficile), fresque féroce sur l'histoire de l'Italie, du fascisme au faux boom économique, à travers les péripéties d'un journaliste de gauche. Après un portrait subversif de la genèse du fascisme, la Marche sur Rome (La marcia su Roma, 1962), il aborde les crises morales contemporaines dans le Fanfaron (Il sorpasso, id.) ; Gassman y interprète le personnage du cynique fainéant qui n'a d'autre valeur que la vitesse. Pour les Monstres (I mostri, 1963), il dirige encore Gassman et Ugo Tognazzi dans plusieurs incarnations repoussantes de l'asocialité. Il participe à la réalisation de quelques films collectifs à épisodes, dont les Poupées (Le bambole, épisode La telefonata, 1965) et les Complexés (I complessi, épisode Une journée décisive, id.). Pour Playboy Party (L'ombrellone, 1966), il transforme les vacances du couple italien moyen en un enfer belliqueux. Son humour devient de plus en plus noir dans ses comédies suivantes : le pseudo-folklorique Fais-moi très mal mais couvre-moi de baisers (Straziami ma di baci saziami, 1968) ; l'harcelante suite de sketches pour Nino Manfredi de Une poule, un train et quelques monstres (Vedo nudo, 1969) ; l'irrévérencieux la Femme du prêtre (La moglie del prete, 1970) ; la mosaïque de figures féminines pour Monica Vitti de Moi la femme (Noi donne siamo fatte così, 1971). Avec Parfum de femme (Profumo di donna, 1974) commence sa période de pessimisme : de l'aveugle exubérant de ce film au fou dédoublé des Âmes perdues (Anima persa, 1976) — deux créations réussies de Gassman —, au bourgeois décadent de la Chambre de l'évêque (La stanza del vescovo, 1977), au vieil acteur déchu de Dernier Amour (Primo amore, 1978) — deux fascinantes créations de Tognazzi — et encore au rêveur jauni de Fantôme d'amour (Fantasma d'amore, 1981), tous représentent des facettes révélatrices de leur auteur, de plus en plus obsédé par ces grotesques fantasmes. En 1982, il dirige un autre film satirique à épisodes : les Derniers Monstres (Sesso e volentieri).

Autres films :

A porte chiuse (1960) ; Il successo (1963) ; Il Giovedi (1964) ; Il Gaucho (id.) ; I nostri mariti (épisode : Nei secoli fedeli, 1966) ; Opération San Gennaro (Operazione San Gennaro, id.) ; l'Homme à la Ferrari (Il tigre, 1967) ; Il Profeta (id.) ; Il giovane normale (1969) ; Au nom du peuple italien (In nome del popolo italiano, 1971) ; Rapt à l'italienne (Mordi e fuggi, 1973) ; Sexe fou (Sessomatto, id.) ; la Carrière d'une femme de chambre (Telefoni bianchi, 1976) ; les Nouveaux Monstres (I nuovi mostri, 1977) ; Cher Papa (Caro papa, 1979) ; Je suis photogénique (Sono fotogenico, 1980) ; les Séducteurs/Sunday Lovers (troisième épisode, id.) ; le Bon Roi Dagobert (1984) ; le Fou de guerre (Scemo di guerra, 1985) ; Il commissario Lo Gatto (1986) ; Teresa (1987) ; La ciociara (TV, 1989) ; Il vizio di vivere (TV, id.) ; Valse d'amour (Tolgo il disturbo, 1990), Vita con figli (TV, id.) ; Giovani e belli (1996) ; Esercizi di stile (id.), Le ragazze di Miss Italia (TV, 2001). ▲

RISI (Nelo)

cinéaste italien (Milan 1920).

Diplômé en médecine, de même que son frère aîné, le cinéaste Dino Risi, il s'affirme écrivain, poète et auteur pour le théâtre et la radio. Son activité cinématographique commence à Paris en 1948, où il travaille avec Richard Leacock. Entre 1949 et 1963, il dirige 19 documentaires de court et moyen métrage sur des thèmes sociaux et historiques, dont Ritorno nella valle (1949), Il delitto Matteotti (1956), I fratelli Rosselli (1959, prix Nastro d'Argent), La Firenze di Pratolini (1963). Il travaille aussi pour la télévision et, en 1961, dirige l'épisode Le ragazze madri du film collectif Les femmes accusent (Le italiane e l'amore). En 1966, il signe son premier long métrage : le Dernier Train (Andremo in città), tragique histoire d'amour d'une juive déportée en Yougoslavie, adaptation du roman autobiographique de sa femme Édith Bruck. En 1969, il connaît le succès avec le Journal d'une schizophrène (Diario di una schizofrenica), description lucide d'un cas clinique. Ses films suivants marquent une régression vers l'esthétisme le plus superficiel avec le thriller psychologique Vague de chaleur (Ondata di calore, 1970), la biographie de Rimbaud Une saison en enfer (Una stagione all'inferno, 1971), le drame historique La colonna infame (1973).