Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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POLIDORO (Gian Luigi)

cinéaste italien (Bassano del Grappa 1928 - 2000).

Il obtient le diplôme de réalisateur au Centro sperimentale de Rome et devient l'assistant du cinéaste Francesco Pasinetti. Entre 1948 et 1955, il dirige de nombreux courts métrages et travaille aussi comme documentariste pour l'ONU à Paris et à New York. Il débute dans le long métrage en 1961 avec Le svedesi, une comédie intelligente qui confronte les mœurs italiennes « arriérées » et les libres mœurs suédoises. Sur des thèmes peu ou prou identiques, il bâtit les scénarios de ses comédies suivantes : Amour à la suédoise (Il diavolo, 1963, avec Alberto Sordi et d'après un scénario de R. Sonego, tourné en Suède) ; Hong-Kong un addio (id.) ; Una moglie americana (1965) ; La moglie giapponese (1968). Il signe aussi une assez malheureuse adaptation, Satyricon (1969), qui ne fait qu'une bien plate concurrence à Fellini, et deux farces érotiques : Permettete, signora, che ami vostra figlia ? (1974) et Fischia il sesso / Instant Coffee (id.).

POLIGNY (Serge de)

cinéaste français (Paris 1903 - id. 1983).

Il appartient, avec des personnalités comme Albert Valentin ou Edmond T. Gréville, à la catégorie de ces petits maîtres qui, vers le tournant des années 30 et 40, donnent au cinéma français quelques œuvres poétiques ciselées avec goût. Après des études à l'École des beaux-arts de Paris, Serge de Poligny devient décorateur puis metteur en scène pour les studios français de la Paramount. Une brune piquante (1931) amorce sa carrière de cinéaste, mais c'est avec les As du turf (1932) qu'il accomplit ses véritables débuts. À partir de 1932, il travaille à Berlin pour la UFA : il y réalise les versions françaises de films allemands : Coup de feu à l'aube (1932), Vous serez ma femme (id.), Rivaux de la piste (id.), l'Étoile de Valencia (1933), l'Or (1934, CO Karl Hartl), selon le système alors en vigueur. C'est avec Claudine à l'école (1938), adapté de Colette et Willy, que Serge de Poligny conçoit sa première bande personnelle. Pendant l'Occupation, il nous donne ses meilleurs films : le Baron fantôme (1943), dont le scénario et les dialogues sont écrits par Jean Cocteau, qui tient le « rôle » du baron, d'après un synopsis anonyme ; la Fiancée des ténèbres (1945). Avec ces deux œuvres, le cinéaste réussit à créer une atmosphère de mystère poétique assez prenante. La Fiancée des ténèbres est un des rares films de l'époque qui évoque, dans le corps de sa fiction, le cas des cathares. Dans Torrents (1947), l'auteur poursuit ses recherches plastiques sans atteindre à la qualité calligraphique de ses précédentes créations du temps de guerre.

Poligny tourne, en 1949, la Soif des hommes, consacrée aux débuts de la colonisation française en Algérie. Il doit prendre des précautions durant le tournage afin de ne pas heurter les sentiments nationaux de la population autochtone, déjà plus politisée que dans les années 30. La Soif des hommes représente, historiquement, un des derniers films français « innocemment » coloniaux. On peut le comparer à l'œuvre de l'Algérien Lamine Merbah, les Déracinés (1976), qui traite du même sujet sous un angle radicalement opposé. Serge de Poligny termine sa carrière en 1954 avec les Armes de la paix.

POLISSAGE.

Traitement de rénovation des copies, consistant à polir le support pour rendre les rayures moins visibles. ( COPIES.)

POLITO (Sol)

chef opérateur américain d'origine italienne (Palerme 1892 - Los Angeles, Ca., 1960).

Avec Tony Gaudio, il est le grand imagier de la Warner Bros. Actif depuis 1918, lié dans les années 30 et 40 aux studios de la Warner, son talent se plaît aux contrastes, aux effets lyriques, aux jeux de lumière, tactiles ou brutaux, et il s'est rarement mieux épanoui qu'auprès de Michael Curtiz. D'une filmographie abondante, on doit isoler : les Anges aux figures sales (M. Curtiz, 1938), l'Aigle des mers (id., 1940) et le Vaisseau fantôme (id., 1941) pour leur science de la brume et du nocturne, et la Vie privée d'Élisabeth d'Angleterre (id., 1939), Une femme cherche son destin (I. Rapper, 1942) ou l'Impossible Amour (V. Sherman, 1943) pour le velouté chaud de leur éclairage romanesque. À la Paramount, il accomplit un remarquable tour de force en noir et blanc pour Raccrochez, c'est une erreur (A. Litvak, 1948), son avant-dernier film.

POLLACK (Sydney)

cinéaste américain (Lafayette, Ind., 1934).

Initié à l'art dramatique par Sanford Meisner, il se produit sur scène à Broadway. Sollicité par la télévision comme comédien, il y débute dans la réalisation en 1960. Il signe plusieurs dramatiques prestigieuses, dont A Cardinal Act of Mercy (1962) et Something About Lee Wiley (1963), sa première collaboration avec l'écrivain David Rayfiel (qui participera à l'écriture de la plupart de ses films), et choisit Trente Minutes de sursis (1965), drame intimiste très proche d'une dramatique télévisée, pour sa première mise en scène cinématographique. Il trouve son registre dès Propriété interdite (1966), élégie romantique inspirée d'une pièce de Tennessee Williams. Recherche du temps perdu et quête d'une Amérique disparue s'y confondent dans une même nostalgie de l'innocence. Robert Redford, alter ego privilégié du cinéaste, y incarne le premier de ces « déserteurs » de l'Histoire qui se voient tôt ou tard sommés de prendre position ou de rendre des comptes : le trappeur de Jeremiah Johnson (1972), le scénariste dilettante de Nos plus belles années (1973) apprendront, eux aussi, qu'on ne fuit pas impunément la réalité de son temps...

Dans ces deux derniers films, l'échec est d'autant plus patent que Redford y paraît d'abord investi d'une sorte de « grâce », d'un pouvoir privilégié par son accord à la nature, à la société ou à la solitude. Le rythme des saisons, le cycle du temps magnifient pourtant ces élégies. La volonté, la violence sous-jacente s'y conjuguent avec ce désespoir (ou ce qui est encore illusion farouchement défendue) dont déborde la superbe adaptation du roman de Horace McCoy, On achève bien les chevaux (1969), puis, sur un mode parodique acide, dix ans plus tard, le saut du Cavalier électrique (toujours Redford) du show-circus à la récurrente american way of liberty...