Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BRONSTON (Samuel)

producteur américain (Bessarabie, Russie, 1909 - Sacramento, Ca., 1994).

Courtier en films MGM en France avant la guerre, puis producteur exécutif à la Columbia (1940), il fonde en 1943 sa compagnie, qui n'a qu'une activité restreinte jusqu'en 1959 ; il entreprend alors de créer ses propres studios en Espagne (grâce à des fonds gelés par les accords hispano-américains d'après-guerre, qu'il débloque par ce biais). Mégalomane d'un autre âge, il engloutit des sommes énormes dans ces constructions et dans quelques coproductions internationales, mais dès 1964, il est en état de faillite. En 1971, il annonce son retour, mais est déclaré de nouveau en banqueroute (1974). En 1979, il se fait plus modeste avec The Mysterious House of Dr. C. (Ted Kneeland). Il a produit (et quelque peu supervisé) le Roi des rois (1961) et les 55 Jours de Pékin (1963) de Nicholas Ray, le Cid (1961) et la Chute de l'Empire romain (1964) d'Anthony Mann, ainsi que le Plus Grand Cirque du monde d'Henry Hathaway (1964).

BROOK (Clifford Hardman Brook, dit Clive)

acteur et cinéaste britannique (Londres 1887 - id. 1974).

Il débute en 1920 dans des films britanniques et s'exile aux États-Unis en 1924. Il y reste dix ans et devient une vedette de premier plan dans des rôles pleins de morgue, de courage et de distinction. Il est pour Sternberg l'admirable « Rolls-Royce » des Nuits de Chicago (1927) et l'officier de Shanghai Express (1932). Il trouve ses rôles les plus populaires dans les Quatre Plumes blanches (E. B. Schoedsack, M. Cooper 1929) ou Sherlock Holmes (W. K. Howard, 1932). De retour en Angleterre, il interprète encore une dizaine de films et réalise en 1942 On Approval. Il s'éloigne alors des écrans pour n'y revenir qu'à l'occasion d'un petit rôle, dans le Dernier de la liste (J. Huston, 1963).

BROOK (Peter)

cinéaste et metteur en scène de théâtre britannique (Londres 1925).

Grand homme de théâtre, universellement connu pour son intelligent « dépoussiérage » de Shakespeare (le Songe d'une nuit d'été, Titus Andronicus), il s'est essayé au cinéma dès 1943 avec un film amateur A Sentimental Journey, adapté de Sterne. En 1953, il dirige l'Opéra des gueux (The Beggar's Opera), scrupuleuse transposition de la pièce de John Gay adaptée par Christopher Fry. C'est d'une manière aussi peu personnelle qu'il dirigera Moderato cantabile (1960) d'après Marguerite Duras. Moins littéraire, le Seigneur des mouches (Lord of the Flies, 1963) pèche par l'emphase et le désordre sur un sujet provocant. Si l'on met à part Tell Me Lies (1968, essai sur la guerre du Viêt-nam, et le Roi Lear (King Lear, 1971), où Brook a filmé (en noir et blanc) sa vision théâtrale de la pièce, son meilleur film du point de vue cinématographique reste son adaptation de l'étonnant Marat-Sade de Peter Weiss (1967) : une mise en scène rénovée, un dialogue qui conserve pour l'essentiel sa force, une superbe photo en couleurs montrent des possibilités (jusque dans le travail de la caméra sur les corps des interprètes) que Brook, accaparé par sa juste renommée à la scène, n'a pas exploitées ailleurs. En 1979, il réalise Rencontres avec des hommes remarquables (Meetings With Remarkable Men) et, en 1983, trois versions – avec une distribution différente – de la Tragédie de Carmen d'après sa propre mise en scène théâtrale. En 1989 il donne une version cinématographique de sa propre adaptation théâtrale du Mahabharata.

BROOKS (Geraldine Stroock, dite Geraldine)

actrice américaine (New York, N. Y., 1925 - Riverhead, N. Y., 1977).

Ses parents étaient créateurs de costumes et décorateurs. Elle débute sur scène à l'âge de dix-sept ans, joue Shakespeare en tournée avec le Theatre Guild. Sous contrat à la Warner Bros, elle tourne la Possédée (C. Bernhardt, 1947) aux côtés de Joan Crawford. Elle devient l'interprète de Max Ophuls (les Désemparés, 1949) et de Richard Thorpe (le Défi de Lassie [Challenge to Lassie], id.). On la voit également dans Vulcano (W. Dieterle, 1950), le Gantelet vert (The Green Glove, R. Maté, 1952) et Mr. Ricco (Paul Bogart, 1975). Elle a écrit un livre sur les oiseaux et s'est mariée à l'écrivain et scénariste Budd Schulberg.

BROOKS (Louise)

actrice américaine (Cherryvale, Kans., 1906 - Rochester, N. Y., 1985).

Louise Brooks a toujours été considérée comme l'une des plus belles femmes qui aient jamais paru sur un écran et elle propage encore aujourd'hui l'aura d'une folle passion. Âgée de quinze ans, cette fille de famille aisée devient danseuse dans le cours puis la troupe de la célèbre Ruth Saint Denis et de son partenaire Ted Shawn. Engagée dans les Scandales de Georges White puis dans les Ziegfeld follies, elle signe en 1925 avec la Paramount un contrat de cinq ans, qu'elle résilie au bout de trois, après avoir tourné nombre de films où sa réserve se remarque : The American Venus (1926), It's the Old Army Game (id.), Rolled Stockings (1927), Une fille dans chaque port de Howard Hawks, et surtout les Mendiants de la vie de William Wellman (1928). Les cheveux coupés, vêtue en homme, elle apparaît dans ce film, vêtue d'un travesti absolument inoubliable. Passionnée, donc déçue, elle croit s'être fourvoyée dans le cinéma. « Également inapte au mariage », comme elle le dit elle-même, elle divorce d'avec le réalisateur Eddie Sutherland en 1928 (comme elle se séparera de Deering Davis en 1934).

C'est alors que le réalisateur allemand G. W. Pabst la choisit pour incarner la Lulu de Wedekind dans Loulou (ou la Boîte de Pandore, 1929) et contre l'avis de la Paramount la fait venir en Allemagne. C'est le rôle qui désormais fixe définitivement l'image de Louise Brooks, franche incarnation de la sensualité, irradiante clarté de la féminité flapper, avec sa coiffure à la garçonne, ses dents étincelantes, ses lèvres fraîches, et l'extraordinaire luminosité de sa peau : « Je suis une blonde aux cheveux noirs », affirme-t-elle. La mode 1925 immortalise ses décolletés à la fois audacieux et purs, l'ambiguïté de son buste plat lui prête un trouble serein. L'amoralité innocente du personnage trouve en elle la Lulu définitive, miraculeuse, archétypique, projection d'une déconcertante bisexualité.