Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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KELBER (Michel)

chef opérateur français d'origine russe (Kiev 1908 - Paris 1997).

Après les Beaux-Arts de Paris, il débute comme assistant opérateur en 1928 et devient directeur de la photographie avec Incognito de Kurt Gerron (1934), suivi de Zouzou (M. Allégret, id.), l'Or dans la rue (K. Bernhardt, id.) ; Un carnet de bal (J. Duvivier, 1937), l'Affaire du courrier de Lyon (C. Autant-Lara, id.). Il éclaire dans les années 40 plusieurs films en Espagne, où il s'est établi. À son retour en France, ce sont le Diable au corps (Autant-Lara, 1947), les Parents terribles (J. Cocteau, 1948), la Beauté du diable (R. Clair, 1950), le Rouge et le Noir (Autant-Lara, 1954) et French Cancan (J. Renoir, 1955). Associé au décorateur Max Douy, il stylise superbement les couleurs : Notre-Dame de Paris (J. Delannoy, 1956) ; Amère Victoire (N. Ray, 1957) ; John Paul Jones, maître des mers (J. Farrow, 1959) ; À la française (R. Parrish, 1963) ; Docteur Justice (Christian-Jaque, 1975).

KELLAWAY (Cecil)

acteur américain, d'origine sud-africaine (Le Cap, Afrique du Sud, 1890 - Los Angeles, Ca., 1973).

Il est d'abord actif en Australie, avant d'arriver à Hollywood en 1939. Délicieux petit vieux, avançant à petits pas, avec un sourire angélique et coquin à la fois, Cecil Kellaway semble n'avoir jamais été jeune. Il est de ceux sur lesquels on peut toujours compter, aussi bon en sorcier facétieux dans Ma femme est une sorcière (R. Clair, 1942) qu'en mari inconscient de la trop belle Lana Turner dans Le facteur sonne toujours deux fois (T. Garnett, 1946). Il est un égrillard Thomas Gainsborough dans la Duchesse des bas-fonds (M. Leisen, 1945). Parmi les plus savoureuses de ses dernières créations, on n'oubliera pas l'inspecteur d'assurance finaud et nostalgique de Chut, chut, chère Charlotte (R. Aldrich, 1965), ni celle de Monseigneur Ryan, le vieil ami de la famille dans Devine qui vient dîner (S. Kramer, 1967).

KELLER (Harry)

cinéaste et producteur américain (Los Angeles, Ca., 1913 - id. 1987).

Chef monteur en 1936, il devient réalisateur dans les années 40 pour les firmes Republic puis Universal. Longtemps cantonné dans le western, il y signe dans les années 50 des films à petit budget, mais plus personnels, car il en souligne les aspects insolites : « huit clos » dans Quantez, le dernier repaire (Quantez, 1957) ; amitié d'un ranger et d'un hors-la-loi dans les Sept Chemins du couchant (Seven Ways From Sundown, 1960). Dans Six Chevaux dans la plaine (Six Black Horses, 1962) transparaît un humour glacé. Les meilleurs films de Keller demeurent cependant Femmes devant le désir (The Female Animal, 1958), étude assez prenante du monde des actrices, et surtout l'Enquête de l'inspecteur Graham (The Unguarded Moment, 1956), évocation d'un cas de psychopathie sexuelle parfaitement mis en scène. Mais, au lieu de persévérer ainsi hors du western (alors en décadence), le cinéaste se tourne dans les années 60 vers la production, ou la direction de programmes de TV.

KELLER (Marthe)

actrice française d'origine suisse (Bâle 1945).

Il faut que cette jolie Suissesse, dont l'apprentissage au théâtre est très poussé (à l'Opéra de Bâle puis en Allemagne), lumineuse et éclatante de santé, ait bien du talent pour parvenir à être émouvante en héritière maladive et agonisante, dans Bobby Deerfield (S. Pollack, 1977). Marthe Keller ne manque pas d'admirateurs pour s'émerveiller de son tour de force dans Fedora (B. Wilder, 1978) : il n'était pas à la portée de tout le monde d'humaniser une figure féminine mythique qui tenait de Greta Garbo et de Marlene Dietrich. Certes, elle obtient parfois des rôles faciles (de Philippe de Broca notamment) ou purement décoratifs, comme ceux de Marathon Man (J. Schlesinger, 1976) ou de la Formule (J. G. Avildsen, 1980). Mais peu importe, puisqu'Elle court, elle court la banlieue (G. Pirès, 1973) avait fait la preuve de sa fantaisie, Vertiges (M. Bolognini, 1975), les Yeux noirs (N. Mikhalkov, 1987) et Mon amie Max (M. Brault, 1994) de sa sobriété et de sa sensibilité, comme Rouge baiser (Vera Belmont, 1985), les Yeux noirs (N. Mikhalkov, 1987), Pereira prétend (Afirna Pereira, Roberto Faenza, 1995), Elles (Luis Galvâo Telles, 1997).

KELLERMAN(N) (Annette)

actrice américaine (Sydney, N. S. W., Australie, 1887 - Southport, Queensland, id., 1975).

Pionnière — à sa façon — du cinéma, cette championne de natation qu'on surnomme « the Diving Venus » (arrêtée en 1907 à Boston pour s'être exhibée en maillot de bain une-pièce assez largement échancré) apparaît à l'écran de 1909 à 1924 (Venus of the South Seas) dans une dizaine de films consacrés à ses exhibitions nautiques. En 1952, sa biographie romancée a donné lieu à l'un des agréables films d'Esther Williams : la Première Sirène (M. LeRoy) — un autre surnom d'Annette était the « Million Dollar Mermaid »...

KELLERMAN (Sally)

actrice américaine (Long Beach, Ca., 1936).

Après des débuts très longs et difficiles, le tempérament de Sally Kellerman explose enfin grâce à Robert Altman : le public fait un triomphe à « Lèvres en feu », l'infirmière à la fois pimbêche et passionnée de M. A. S. H. (1970). Sa création si poétique d'ange déchu aux ailes coupées dans le merveilleux Brewster McCloud (Altman, id.) subit hélas une retombée. Depuis, ayant compris, après l'échec d'Horizons perdus (Ch. Jarrott, 1973), qu'elle ne pourrait pas être une actrice comme les autres, Sally Kellerman se montre avare de sa personne. C'est cependant avec plaisir qu'on la voit dans Welcome to L. A. (A. Rudolph, 1977), dans le médiocre I Love You, je t'aime (G. Roy Hill, 1979) dans Bullseye (M. Winner, 1990) et dans Prêt-à-porter (Altman, 1994).

KELLY (Eugene Joseph Curran, dit Gene)

danseur, acteur, chorégraphe et cinéaste américain (Pittsburgh, Pa., 1912 - Beverly Hills, Ca., 1996).

Passionné par la danse depuis l'enfance, il pratique divers métiers avant de débuter à Broadway en 1938. Son ambition est alors de devenir chorégraphe mais il rencontre le succès dans le rôle-titre de Pal Joey (1940). Pris sous contrat par David O. Selznick, il gagne alors Hollywood et entre en 1942 aux studios MGM, où il demeurera durant quinze ans.

Il s'intègre au groupe qui se constitue autour du producteur Arthur Freed et qui va révolutionner le film musical à la fin des années 40. Il y a là le musicien-producteur Roger Edens, les réalisateurs Vincente Minnelli, Busby Berkeley, Stanley Donen ou George Sidney, les chorégraphes Robert Alton et Charles Walters, les scénaristes Irving Brecher, Fred Finklehoffe, Betty Comden ou Adolph Green, les comédiens Judy Garland, Mickey Rooney, Fred Astaire, Cyd Charisse, Howard Keel ou Dan Dailey. À l'opposé des comédies musicales des années 30 et 40, dans lesquelles des numéros à ample figuration cohabitent sans lien organique avec une comédie ou un mélodrame commodément situés dans les milieux du spectacle, Arthur Freed impose un style nouveau de musical où la danse et les chansons se mêlent plus intimement au reste de l'action, où la couleur et la chorégraphie propre de la caméra jouent un rôle expressif, où la chorégraphie est conçue en termes cinématographiques mais demeure respectueuse des contraintes d'une vision « naturelle ».