Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
Y

YANAGIMACHI (Mitsuo)

cinéaste japonais (préf. d'Ibaragi 1945).

D'abord assistant sur des films documentaires et pédagogiques, il fonde sa maison de production (Gunro-Pro) en 1974, et tourne en 1976 un long métrage documentaire en 16 mm, God Speed You : Black Emperor, sur une bande de motards japonais. Il est remarqué avec son premier film de fiction, le Plan de ses 19 ans (Jukyusai no chizu, 1979), puis avec l'Adieu à la terre/Saraba, adieu à ma terre natale (Saraba itoshiki daiichi, 1982), abordant, à travers la vie de Philippines serveuses de bar, la question des nouveaux immigrés au Japon. En 1984, il mêle réalisme et panthéisme dans les Feux d'Himatsuri (Himatsuri), puis tourne Shadow of China (id., 1985) avec John Lone. Suivent About Love Tokyo (Ai ni tsuite Tokyo, 1992), s'intéressant à des jeunes travailleurs chinois, et Par monts et par vaux (Pao Jang Hu, 1995), documentaire réalisé à Taïwan.

YANG (Dechang, dit Edward)

cinéaste taïwanais (Shanghai, 1947).

Ses parents émigrent à Taïwan avec les troupes nationalistes. De père confucéen et de mère chrétienne, il re¸coit une éducation à la fois traditionnelle et occidentalisée. Il adore les bandes dessinées et en réalise lui-même dès l'âge de 10 ans. Après une formation d'ingénieur, il part étudier l'informatique aux États-Unis, où il reste neuf ans pendant lesquels il fait un semestre d'études cinématographiques à l'université de Southern California. De retour à Taïwan en 1981, il décide de se consacrer au cinéma. En 1982, il réalise Attentes (Zhiwang), sans doute le meilleur des quatre épisodes de la série In Our Time, considérée comme le point de départ du « nouveau cinéma ». Après Ce jour-là sur la plage (Haitande yitian, 1983), il réalise l'Histoire de Taipei (Qin mei zhu ma, 1985), dans laquelle il fait jouer son ami Hou Hsiao-hsien, deux films primés à l'étranger dans de nombreux festivals. L'année suivante, les Terroristes (Kongbu fenzi, 1986) ont encore plus de succès. Yang fonde alors une compagnie indépendante (Yang and his gang) qui produit son quatrième film : Une belle journée d'été / A Brighter Summer Day (Gulingjie shaonian sharen shijian, 1991). En 1992, cette compagnie, réorganisée et élargie aux activités théâtrales, devient Atom film and theatre, qui produit deux comédies : Confusion confucéenne (Duli shidai, 1994), et Mahjong (1996). Grâce à Yi Yi (2000), Prix de la mise en scène au festival de Cannes, il fait preuve d'une intelligence narrative exceptionnelle, suggérant l'écoulement du temps par le biais de ses personnages. Dans tous ses films, Edward Yang s'intéresse aux problèmes de la société urbaine, moderne et prospère qui s'est développée à Taïwan au cours des dernières décennies. Son analyse passe par une très grande maîtrise du discours et de l'image, et une esthétique tout à fait originale.

YANG HANSBENG

écrivain, dramaturge et scénariste chinois (Gao xian, province du Sichuan, 1902 - Pékin, 1994).

Il entre à l'université de Shanghai en 1924 et adhère en 1925 au parti communiste, qui l'envoie à Canton, comme instructeur politique, à l'Académie militaire de Whampoa. En 1927, il participe à l'insurrection de Nanchang puis s'installe à Shanghai. Il est, avec Xia Yan, l'un des fondateurs de la Ligue des écrivains de gauche et, de 1928 à 1935, il se consacre à l'écriture. Après un premier scénario, ‘ la Planche de fer et les larmes de sang ’ (Tieban honglei lu, Hong Shen, 1933), il entre à la Yihua et écrit notamment ‘ La mer de Chine rugit ’ (Zhongguo hai de nuchao, Yue Feng, 1933) et ‘ la Fuite ’ (Taowang, id., 1934). En 1936, c'est ‘ À la vie à la mort ’ (Sheng si tongxin, Ying Yunwei). En 1938, à Wuhan, il est l'un des responsables des activités culturelles de résistance antijaponaise. Pendant la guerre, il s'applique à plusieurs scénarios de films patriotiques : ‘ Huit Cents Soldats héroïques ’ (Babai zhuangshi, Ying Yunwei, 1938), ‘ Troubles sur la frontière ’ (Saishang fengyun, id., 1940), ‘ Jeune Chine ’ (Qingnian Zhongguo, Su Yi, id.) et ‘ les Espions japonais ’ (Riben jiandie, Yuan Congmei, 1943). Entre-temps, il déploie une importante activité de dramaturge. De retour à Shanghai après la guerre, il écrit avec Shen Fu, qui réalise le film, ‘ Dix Mille Foyers de lumière ’ (Wan jia denghuo, 1949) et San Mao le petit vagabond (San Mao liulang ji, Zhao Ming et Yang Gong, id.). Ensuite il exerce d'importantes responsabilités dans le domaine culturel. Par ailleurs, il écrit le scénario de ‘ Au nord aussi des terres fertiles ’ (Beiguo jiangnan, Shen Fu, 1963), un film qui sera très violemment critiqué en 1964. Au début de la Révolution culturelle, il est emprisonné pour neuf ans.

YANKOVSKI (Oleg) [Oleg Ivanovič Jankovskij]

acteur soviétique (Dzhezkazgan, 1944).

Il fait de brillants débuts sur les planches à Saratov (1965), ce qui lui vaut d'être remarqué par le cinéaste Vladimir Bassov, qui lui confie un rôle dans ‘ le Bouclier et le Glaive ’ (Ščit i meč, 1967). Il s'affirme à l'écran dans la Prime (Premija, Sergueï Mikaelian, 1975), ‘ l'Étoile du merveilleux bonheur ’ (Zvezda plenitel‘ nogo sčast ’ja, Vladimir Motyl, id.), ‘ La parole est à la défense ’ (V. Abdrachitov, 1976), Lettres d'autrui (I. Averbakh, id.), Un accident de chasse (E. Lotianou, 1978), ‘ le Tournant ’ (Povorot, Abdrachitov, id.). Mais c'est surtout sous la direction d'Andrei Tarkovski qu'il peut révéler l'intensité d'une vie intérieure tourmentée (le Miroir, 1974 ; Nostalghia, 1983). Ses prestations sont toujours originales dans les films de Roman Balaïan : Vols en rêve et en réalité (Polety vo sne i najavu, 1983), Protège-moi, mon talisman (Hrani menja, moj talisman, 1986), le Fileur (Filer, 1987), dans Passeport (1989) de Gueorgui Daniela, dans Mado, poste restante (Aleksandr Abadachian, 1990) ou dans l'Assassin du Tsar (1991) de Karen Chakhnazarov.

YANNE (Jean Gouyé, dit Jean)

acteur et cinéaste françcais (Paris 1933).

D'abord journaliste, il se produit au music-hall et à la radio. Il débute à l'écran dans la Vie à l'envers d'Alain Jessua (1964). Remarqué dans Week-end de Godard, en 1967, il apparaît ensuite dans Erotissimo (G. Pirès, 1968), dans Que la bête meure (C. Chabrol, 1969), le Boucher (id., 1970), le Saut de l'ange (Y. Boisset, 1971). Avec Nous ne vieillirons pas ensemble (M. Pialat, id.), il obtient un prix d'interprétation à Cannes. Toujours acteur, il passe à la réalisation en 1972 avec Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, film d'un ton nouveau, satire virulente et caricaturale des milieux publicitaires des médias qu'il connaît bien. Dans le genre qui vient de lui réussir, il signe bientôt plusieurs films, agressifs, d'une vulgarité volontairement outrée, où certains ont décelé une sorte de « poujadisme intellectuel », dont l'intérêt et les qualités ont bientôt régressé : les Chinois à Paris (1974), Chobizenesse (1975), Je te tiens, tu me tiens par la barbichette (1979), Deux Heures moins le quart avant Jésus-Christ (1982), Liberté, Égalité, Choucroute (1985). Il a poursuivi parallèlement sa carrière d'acteur où il exprime souvent un réel talent sous des défroques très diverses : (Armaguédon, A. Jessua, 1976), la Raison d'État (A. Cayatte, 1978), Hanna K (Costa-Gavras, 1983), le Paltoquet (M. Deville, 1986), Attention, bandits (C. Lelouch, 1987), Merci la vie (Bertrand Blier, 1991), Madame Bovary (C. Chabrol, id.), Indochine (Régis Wargnier, id.), la Sévillane (J.-Ph. Toussaint, 1992), Fausto (Remy Duchemin, 1993), Pétain (J. Marbœuf, id.), Regarde les hommes tomber (Jacques Audiard, 1994), le Hussard sur le toit (J.-P. Rappeneau, 1995), le Radeau de la Méduse (Iradj Azimi, 1998), Je règle mon pas sur les pas de mon père (Rémi Waterhouse, 1999).