Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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BOGDANOVICH (Peter)

cinéaste américain (Kingston, N. Y., 1939).

Enfant prodige du théâtre « off Broadway », journaliste de cinéma à Esquire, auteur de monographies sur d'illustres cinéastes (Lang, Dwan et Ford, à qui il consacrera en 1971 un documentaire, Directed by John Ford), il débute à l'écran comme assistant (non crédité) de Roger Corman (les Anges sauvages, 1966). En 1968, il donne son premier et meilleur film, la Cible (Targets), avec Boris Karloff. Il rencontre en 1971 le succès avec la Dernière Séance (The Last Picture Show), regard nostalgique (en noir et blanc) sur une petite ville américaine des années 50. Ses films ultérieurs, On s'fait la valise, Docteur (What's Up Doc ?, 1972), la Barbe à papa (Paper Moon, 1973), Daisy Miller (1974), Enfin l'amour (At Long Last Love, 1975) et Nickelodeon (1976), ne sont que de maladroits pastiches des différents auteurs qu'il admire, où la prétention le dispute à un humour douteux. Leur succès de snobisme s'étant dissipé, Bogdanovich a dirigé en 1979 Jack le Magnifique (Saint Jack), fable cynique et mélancolique sur le vieillissement des aventuriers, puis en 1981 Et tout le monde riait (They All Laughed), une assez morne comédie avec Audrey Hepburn, ainsi que Mask (1985) avec la chanteuse Cher dans le rôle principal. En 1988, il signe Illegally Yours, en 1990 Texasville (suite de la Dernière Séance) puis Noises off (1992) et The Thing called Love (1993).▲

BÖHM (Karl Heinz)

acteur allemand (Darmstadt 1927).

Acteur de théâtre, fils du chef d'orchestre Karl Böhm, il fait ses débuts au cinéma en 1952 (la Mandragore, d'A. M. Rabenalt) et devient célèbre aux côtés de Romy Schneider dans la série des Sissi (E. Marischka) en 1955-1957. On le voit dans de nombreux films représentatifs de la production allemande de l'époque, puis il tourne en Grande-Bretagne, en particulier dans le Voyeur, sa création la plus marquante au cinéma (M. Powell, 1960), et aux États-Unis : les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (V. Minnelli, 1962). Par la suite, il fait de la mise en scène d'opéra et, se consacrant au théâtre, n'apparaît plus qu'exceptionnellement à l'écran, dans des films conventionnels. À noter, cependant, ses interprétations (entre 1972 et 1975) dans Effi Briest, Martha, le Droit du plus fort, Maman Küsters s'en va au ciel, de Fassbinder.

BOHRINGER (Richard)

acteur français (Paris 1941).

Il débute comme auteur dramatique, scénariste et chanteur. Sa carrière au cinéma commence à la fin des années 70. Son physique puissant le destine à interpréter des personnages violents et imprévisibles. Le public le découvre dans le Dernier Métro (F. Truffaut, 1980), la Boum (C. Pinoteau, id.) et surtout Diva (J.-J. Beineix, 1981). Depuis il tourne cinq ou six films par an, parmi lesquels on peut citer Cap Canaille (J. Berto, 1983), J'ai épousé une ombre (R. Davis, id.), le Destin de Juliette (Aline Issermann, id.), l'Addition (Denis Amar, 1984), qui lui vaut le César du meilleur second rôle. Suivent Subway (L. Besson, 1985), le Pactole (J.-P. Mocky, id.), Péril en la demeure (M. Deville, id.), Kamikaze (Didier Grousset, 1986), le Paltoquet (M. Deville, id.), Agent trouble (J.-P. Mocky, 1987), le Grand chemin (Jean-Loup Hubert, id.), le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (P. Greenaway, 1989), Après la guerre (J.-L. Hubert, id.), Dames galantes (J.C. Tacchella, 1990), la Reine blanche (Jean-Loup Hubert, 1991), Une époque formidable (G. Jugnot, id.), Ville à vendre (Mocky, 1992), Confessions d'un barjo (Jérôme Boivin, id.), l'Accompagnatrice (C. Miller, id.), la Lumière des étoiles mortes (Charles Matton, 1994), le Sourire (Miller, id.), Saraka Bô (Denis Amar, 1996) et la Vérité si je mens ! (T. Gilou, id.), Comme une bête (Patrick Schulmann, 1998), Combat de fauves (Benoit Lamy, 1998).

Sa fille Romane Bohringer (Pont-Sainte-Maxence, 1973), actrice révélée par les Nuits fauves (Cyril Collard, 1992), s'est illustrée dans des films de Martine Dugowson (Minna Tannenbaum, 1994), Agnieszka Holland (Total éclipse, 1995), Bigas Luna (la Femme de chambre du Titanic, 1997), Solveig Dommartin (Il suffirait d'un pont, 1998).

BOIS (Curt)

acteur et cinéaste allemand (Berlin 1901 - id. 1991).

On lui confie de nombreux rôles d'enfants dès 1908. Après quoi le cabaret et l'opérette (en Allemagne, Hongrie et Suisse) le requièrent. À partir de 1925, Reinhardt et Piscator le font jouer dans des rôles principaux. Son exil aux États-Unis (1933-1950) lui permet d'entamer une carrière théâtrale à Broadway. En 1952, on le retrouve au Berliner Ensemble ; en 1959, au Schiller-Theater (Berlin-Ouest) ; en 1961, au Burgtheater de Vienne. Il joue concurremment dans une vingtaine de films, dont la Princesse aux huîtres (E. Lubitsch, 1919), la Papillon d'or (M. Curtiz, 1926), Casablanca (id., 1943), Caught (Max Ophuls, 1949), Maître Puntila et son valet Matti (A. Cavalcanti, 1956), Das Spukschloss im Spessart (K. Hoffmann, 1960), Ganovenehre (W. Staudte, 1966), La barque est pleine (Das Boot ist voll, Markus Imhoof, 1981), les Ailes du désir (W. Wenders, 1987). Le cinéma lui a trop rarement offert des rôles dignes de son immense prestige de comédien de théâtre. Il s'est essayé à la mise en scène en 1932 (Scherben bringen Glück) et en 1955 (Ein Polterabend, en RDA).

BOISROND (Michel)

cinéaste français (Châteauneuf-en-Thymerais 1921).

Longtemps assistant, de René Clair notamment, il fait illusion lors de ses débuts, dirigeant Brigitte Bardot dans des comédies plaisamment frivoles (Cette sacrée gamine, 1956 ; Une Parisienne, 1957). Avant la Nouvelle Vague, les débutants étaient si rares que la critique saluait chaque premier film comme un petit événement. Mais la suite de sa carrière s'aligne sur le cinéma le plus commercial des années 60, comédies de boulevard tournées à la commande, sans personnalité.

BOISROUVRAY (Albina du)

productrice française (Neuilly-sur-Seine 1942).

Elle fonde Albina Production en 1971 et produit Robert Bresson (Quatre Nuits d'un rêveur, 1972), Jean-Louis Bertucelli (Paulina 1880, id.), Marguerite Duras (Jaune le soleil, id.), Pascal Thomas (les Zozos, 1973 ; Confidences pour confidences, 1979), André Delvaux (Belle, 1973), François Leterrier (Projection privée, id.), Pierre Tchernia (les Gaspards, 1974), Alain Corneau (France société anonyme, id. ; Police Python 357, 1976), Andrzej Żulawski (L'important c'est d'aimer, 1975), Pierre Granier-Deferre (Une femme à sa fenêtre, 1976), Christopher Frank (Josepha, 1982). En 1984, c'est la grande aventure de Fort Saganne (A. Corneau).