Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CHAN (Chan Kuo, dit Fruit)

cinéaste chinois (Canton, 1959).

Sa famille émigre à Hong Kong quand il a dix ans. Après des études au Film Center, il devient assistant-réalisateur pour la Golden Harvest. Pendant plus de dix ans, il travaille avec des cinéastes comme Jackie Chan, Kirk Wong ou Shu Kei. Confronté à des problèmes de production lors du tournage de son premier long métrage, Finale in Blood (Da nao guang chang long, 1991), un film de genre fantastique, il s'efforce d'être indépendant. Ainsi, Made in Hong Kong (Xianggang Zhizao, 1997), qui suit trois jeunes marginaux vivant dans une cité de banlieue, est réalisé avec des chutes de pellicule et de l'argent personnel. C'est le premier volet d'une trilogie sur le retour de Hong Kong à la Chine. Avec The Longest Summer (Qunian yanhua tebie duo, 1998), Fruit Chan s'intéresse encore à des laissés pour compte sans perspective d'avenir, des anciens soldats de l'ex-colonie britannique en l'occurence. Évoquant les changements irrémédiables de la ville du point de vue de deux jeunes enfants, Little Cheung (Xilu Xiang, 1999) clôt cette série, qui réussit à capter intelligemment les sentiments contradictoires des Hongkongais sur la rétrocession. En 2000, il réalise Durian Durian et en 2001 Hollywood Hong Kong.

CHAN (Chan Ho-San, dit Peter)

cinéaste et producteur chinois (Hong Kong, 1962).

Il étudie le cinéma aux Etats-Unis, puis retourne à Hong Kong en 1981 travailler à la chaîne de télévision TVB. Après avoir été l'assistant de Ann Hui et Allen Fong, il réalise son premier long-métrage en 1991, Alan and Eric –Between Hello and Goodbye. Un goût – et un talent – pour la comédie de mœurs s'y révèlent, comme dans Tom, Dick and Hairy (1992). Menant également une carrière de producteur, il crée en 1993 avec Jacob Cheung la société UFO, qui s'attache à raconter des histoires en prise avec la réalité contemporaine de Hong Kong. Le succès des deux premières productions, C'est la vie mon chéri (Xin buliao quig, Derek Yee, 1993) et son film He ain't Heavy, He's my Father (id.), le pousse à continuer sur la voie de la comédie sentimentale. En 1994, He is a Woman, She is a Man (Jinzhi Yuye), satire du milieu hongkongais de la chanson et habile jeu de transferts d'identités sexuelles, fait un triomphe. En 1996, Comrades, Almost a Love Story (Tianmimi), histoire d'amour entre deux immigrés de Chine continentale à Hong Kong, vaut à Peter Chan une reconnaissance internationale. Après The Age of Miracles (1996) et Who's the Woman, Who's the Man (id.), il réalise aux Etats-Unis et en anglais The Love Letter (1999).

CHANCHADA.

Mot portugais, désignant au Brésil un genre de comédie cinématographique. Le dictionnaire précise : « pièce ou film sans valeur, dans lequel prédominent les procédés corrompus, les plaisanteries vulgaires ou la pornographie ». Ce jugement péremptoire a longtemps été partagé par la critique et la meilleure société. Le genre a ses origines dans le film carnavalesque et les comédies musicales du début du parlant, grands succès de la compagnie Cinédia d'Adhémar Gonzaga. Le cinéma des années 30 puise ses vedettes à la radio, le grand média de masse de l'époque. Luiz de Barros devient spécialiste des tournages bâclés en quelques jours. Le véritable règne de la chanchada commence avec la production en série de la Atlantida, à Rio de Janeiro, lorsque l'exploitant Luiz Severiano Ribeiro en assume le contrôle (1947). Le public y adhère massivement, parce que la chanchada s'appuie sur une solide tradition de comédies théâtrales, de revues musicales (adoptant même les rythmes caraïbes) et de variétés, sur des ancêtres comme le cirque, le mime ou la caricature. Pour la première fois, les spectateurs entendent leur langue parlée, avec la gouaille d'un argot en constant renouvellement, non plus l'idiome académique des films sérieux et du théâtre classique (en fait, la chanchada est un produit typiquement carioca, les accents provinciaux étant toujours caricaturés). Si le rire y est la plupart du temps autodérision, exutoire des frustrations, on peut y trouver à l'occasion un autre contenu. Ainsi, Carnaval Atlantida (José Carlos Burle, 1952) propose un portrait assez juste de l'aliénation de l'intellectuel « colonisé ». Matar ou Correr (1954) et Nem Sansão nem Dalila (1955), tous deux mis en scène par Carlos Manga (le maître du genre, avec Watson Macedo), constituent des parodies de films américains à succès (High Noon, Samson and Delilah) et tendent à dégrader le modèle oppresseur.

Les comiques plus doués et plus populaires de la chanchada, Oscarito et Grande Otelo (souvent en duo), présentent des qualités incontestables. Ce filon prolifique (environ 150 films) disparaît vers 1960, lorsque la télévision reprend le flambeau de cette « communication du grotesque ». Une réévaluation s'ébauche dix ans plus tard. Selon le critique Paulo Emilio Salles Gomes, si le public s'identifie au vagabond, au coquin, au chômeur de la chanchada, c'est qu'il y voit suggéré le conflit opprimés/oppresseurs. Par analogie avec l'ancienne acception dépréciatrice du terme, la comédie pseudo-érotique des années 70 a été appelée « pornochanchada ».

CHANDLER (Ira Grossel, dit Jeff)

acteur américain (New York, N. Y., 1918 - Culver City, Ca., 1961).

Il débute à l'écran en 1947 et est révélé par son interprétation dans la Flèche brisée (D. Daves, 1950) du noble Indien Cochise, qu'il assumera dans deux autres films. S'il incarne un prince arabe dans les Frères Barberousse (Flame of Araby, Ch. Lamont, 1951) et un chef polynésien dans l'Oiseau de paradis (Daves, id.), c'est l'Occident civilisateur qu'il représente dans ses films suivants : le Signe du païen (D. Sirk, 1954), les Piliers du ciel (G. Marshall, 1956) et nombre d'autres westerns. Son dernier rôle est celui du général Merrill dans Les maraudeurs attaquent (S. Fuller, 1962).

CHANDLER (Raymond)

romancier et scénariste américain (Chicago, Ill., 1888 - La Jolla, Ca., 1959).

Ce maître du thriller a vu plusieurs de ses romans portés à l'écran sans jamais prendre part à leur élaboration cinématographique, en dehors du Dahlia bleu. Farewell My Lovely a donné lieu à trois films (The Falcon Takes Over, de Irving Reis, 1942 ; Adieu ma belle, d'Edward Dmytryk, 1944 ; Adieu ma jolie, de Dick Richards, 1975) ; The Big Sleep (le Grand Sommeil) est devenu un classique du genre (H. Hawks, 1946) ; la Grande Fenêtre a été transposée par Robert Stevenson (Time to Kill, 1943) et par John Brahm (The Brasher Doubloon, 1947) ; Sur un air de navaja l'a été par Robert Altman seulement en 1972 (le Privé). En 1947, la Dame du lac avait servi à Robert Montgomery de prétexte à une démonstration de « caméra subjective ». En 1969, Paul Bogart a dirigé, sous le titre Marlowe (la Valse des truands), une adaptation très lointaine de Fais pas ta rosière (The Little Sister). Le héros favori de Chandler, le détective privé Philip Marlowe, a été joué par George Montgomery, Dick Powell, Robert Montgomery, Elliott Gould, Robert Mitchum ; mais c'est Humphrey Bogart qui s'y est véritablement identifié à l'écran.