Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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RITT (Martin) (suite)

Films  :

l'Homme qui tua la peur (Edge of the City, 1957) ; les Sensuels (No Down Payment, id.) ; les Feux de l'été (The Long Hot Summer, 1958) ; l'Orchidée noire (The Black Orchid, 1959) ; le Bruit et la Fureur (The Sound and the Fury, id.) ; Cinq Femmes marquées (Five Branded Women / Jovanka e le altre, IT-YOUG, 1960) ; Paris Blues (id., 1961) ; Aventures de jeunesse (Hemingway's Adventures of a Young Man, 1962) ; le Plus Sauvage d'entre tous (Hud, 1963) ; l'Outrage (The Outrage, 1964) ; l'Espion qui venait du froid (The Spy Who Came in From the Cold, GB, 1965) ; Hombre (id., 1967) ; les Frères siciliens (The Brotherhood, 1968) ; Traître sur commande (The Molly Maguires, 1970) ; l'Insurgé (The Great White Hope, id.) ; Sounder (id., 1972) ; Peter et Tillie (Pete'n Tillie, id.) ; Conrack (id., 1974) ; le Prête-nom (The Front, 1976) ; Casey's Shadow (1978) ; Norma Rae (id., 1979) ; Back Roads (1981) ; Marjorie (Cross Creek, 1983) ; Murphy's Romance (1985) ; Cinglée (Nuts, 1987) ; Stanley et Iris (Stanley and Iris, 1990).

RITTAU (Gunther)

chef opérateur et cinéaste allemand (Königshütte 1893 - Munich 1971).

Ayant cosigné la photographie splendide des Nibelungen (1924) et de Metropolis (1927) de Fritz Lang, Rittau assoit vite sa réputation de grand spécialiste du clair-obscur. Il filme encore Asphalte (J. May, 1929) et l'Ange bleu (J. von Sternberg, 1930). Mais, après quelques opérettes, il passe à la réalisation et sombre dans l'anonymat du film de propagande nazi (U-Boote westwärts, 1941). Après une longue interruption, il revient brillamment à son premier métier pour Des enfants, des mères et un général (Laslo Benedek, 1955).

RITTER (Karl)

cinéaste allemand (Würzburg 1888 - Buenos Aires, Argentine, 1977).

Spécialiste du film patriotique, il représente avec Hans Steinhoff et Veit Harlan une valeur sûre pour le cinéma nazi. Exaltant surtout le courage des pilotes de la Luftwaffe, notamment dans Pour le mérite (1938) et Stukas (1941), il ne réalise que des œuvres de propagande éloignées de toute préoccupation esthétique, parmi lesquelles émerge Permission sur parole (Urlaub auf Ehrenwort, 1937). Après la chute du nazisme, il s'enfuit en Argentine et ne revient au cinéma qu'en 1954 avec Ball der Nationen et Staatsanwaltin, tournés en Allemagne. Collaborant à la plupart des scénarios de ses films, il a également signé : Opération Michel (Unternehmen Michael, 1937), Patriotes (Patrioten, id.), Légion Condor (1939), les Cadets (Kadetten, 1941), GPU (1942) et Sommernächte (1944).

RITTER (Maurice Ritter Woodward, dit Tex)

acteur américain (Murvaul, Tex., 1905 - Nashville, Tenn., 1974).

Un des plus populaires cow-boys chantants des États-Unis, au milieu des années 30. Il débute en 1936, déjà affirmé comme chanteur de musique « country and western ». Il tourne beaucoup, spécialement au début des années 40, où on le surnomme « America's Most Loved Cow-boy ». Mais aucun de ses films, productions modestes d'artisans souvent obscurs, n'est resté dans l'histoire du cinéma. En revanche, on se souviendra certainement de sa voix chantant « Si toi aussi tu m'abandonnes », l'obsédant refrain du Train sifflera trois fois (F. Zinnemann, 1952).

RITTER (Thelma)

actrice américaine (New York, N. Y., 1905 - id. 1969).

Après être longtemps restée dans l'anonymat de Broadway, Thelma Ritter fait enfin impression au cinéma avec Miracle dans la 34e Rue (G. Seaton, 1947), où elle impose son personnage de brooklynoise mûrissante, au comportement pittoresque et au franc-parler savoureux. Elle ne sort pratiquement jamais de ce stéréotype mais, comédienne excellente, elle le polit jusqu'à la perfection. Sans réellement se renouveler, elle reste souvent remarquable : habilleuse de Bette Davis dans Ève (J. L. Mankiewicz, 1950), infirmière de James Stewart dans Fenêtre sur cour (A. Hitchcock, 1954), femme de ménage de Doris Day dans Confidences sur l'oreiller (M. Gordon, 1959). Les quelques fois où elle creuse ses créations de nuances tragiques, elle les réussit : indicatrice obsédée par son enterrement dans le Port de la drogue (S. Fuller, 1953) ou mère de Burt Lancaster dans le Prisonnier d'Alcatraz (J. Frankenheimer, 1962). On essaya même brièvement de lui donner la vedette, et Thelma Ritter s'en tira avec sa bravoure coutumière : vendeuse de hamburgers qui est la Mère du marié (M. Leisen, 1951) et marieuse calamiteuse de The Model and the Marriage Broker (G. Cukor, id.).

RIVA (Paulette Germaine Riva, dite Emmanuèle)

actrice française (Chenimenil 1927).

Sa première apparition sur un écran bouleverse une génération de spectateurs : Alain Resnais lui confie le rôle de la Française dans Hiroshima mon amour (1959). Plus que son visage, plus que son jeu intériorisé, c'est sa voix qui l'identifie alors. Il est des mots qui ne peuvent s'imaginer dits par une autre : « Tu me tues, tu me fais du bien », ou « Pourquoi nier l'évidente nécessité de la mémoire... » La voix douloureuse d'Emmanuèle Riva ploie le texte de Marguerite Duras, l'arrache au temps, en fait un récitatif unique. Avec elle, cette année-là, le cinéma sonore élargit son champ.

Les rôles qu'on lui confie ensuite, ou bien démarquent celui d'Hiroshima (le Huitième Jour, M. Hanoun, 1960 ; Recours en grâce, L. Benedek, id.), ou bien sont trop ordinaires pour l'image que la comédienne avait donnée d'elle-même. Comme Falconetti après la Jeanne d'Arc de Dreyer, Emmanuèle Riva a été écrasée par un rôle exclusif, par la rencontre exaltante avec un créateur qui sut la porter à un niveau dont le public a voulu conserver l'impression unique. C'est toujours la petite fille de Nevers qu'on cherche derrière la Thérèse Desqueyroux (G. Franju, 1962), dans les Jeux de la comtesse Dolingen de Gratz (Catherine Binet, 1982), dans les Tribulations de Balthasar Kober (W. Has, 1989), dans Loin du Brésil (Tilly, 1992) ou dans l'Ombre du doute (Aline Issermann, 1993).

RIVETTE (Jacques)

cinéaste et critique français (Rouen 1928).

Dès son arrivée à Paris, en 1949, il fréquente la Cinémathèque française. Il y fait la connaissance de Truffaut, Godard et Rohmer avec lesquels il fonde, en 1950, la Gazette du cinéma, une revue qui ne dépasse pas le cinquième numéro. Rivette commence sa carrière de critique aux Cahiers du cinéma en 1953 et, de 1963 à 1965, en assume la rédaction en chef. Il collabore aussi au périodique Arts et défend la conception de la mise en scène chez Stroheim, Rossellini, Murnau et Lang. Il est également assistant de Becker et Renoir (auquel il consacre, en 1966, trois émissions de la série « Cinéastes de notre temps », sous le titre : Jean Renoir, le patron). Après quelques essais de débutant (Aux quatre coins et le Quadrille en 1950, le Divertissement en 1952), il réalise en 1956 le Coup du berger, le court métrage qui le fait remarquer, sur un scénario de Claude Chabrol et Charles Bitsch.