Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DUCHAUSSOY (Michel)

acteur français (Valenciennes 1938).

Parallèlement à une brillante carrière théâtrale commencée à la Comédie-Française, il est employé le plus souvent au cinéma dans des rôles de second plan. Il a cependant toujours su donner à ses personnages de la présence et parfois de la complexité. Outre certains films de Claude Chabrol, la Femme infidèle (1968), Que la bête meure (1969), la Rupture (1970), Juste avant la nuit (1971), Nada (1973), il a tourné dans beaucoup de longs métrages, dont Jeu de massacre (A. Jessua, 1967), Bye bye Barbara (M. Deville, 1968), Aussi loin que l'amour (F. Rossif, 1970), Ils (J.-D. Simon, id.), Traitement de choc (Jessua, 1972), Femmes femmes (P. Vecchiali, 1974), l'Homme pressé (É. Molinaro, 1977), la Ville des silences (Jean Marbœuf, 1979). Après Partenaires (C. D'Anna, 1984), il interprète notamment le Môme (A. Corneau, 1986), la Vie et rien d'autre (B. Tavernier, 1989), les Bois noirs (J. Deray, id.), Milou en mai (L. Malle, 1990), Équipe de nuit (d'Anna, id.).

DUCHESNE (Roger Jordaens, dit Roger)

acteur français (Luxeuil-les-Bains 1906).

Jeune premier brun, rieur et athlétique, de talent assez mince mais d'allure décorative, on le voit beaucoup pendant dix ans. Il passe ainsi du Golem (J. Duvivier, 1935) à Tarass Boulba (A. Granowsky, 1936) et au Roman d'un tricheur (S. Guitry, id.). Il joue les espions sympathiques (les Loups entre eux, L. Mathot, id.) et paraît honorablement dans Prison sans barreaux (L. Moguy, 1938) et Conflit (id., id.). L'Occupation lui est funeste à tous points de vue. On ne le revoit qu'en 1956 dans Bob le Flambeur (J.-P. Melville), saisissant en truand fatigué. Cet exploit reste sans lendemain.

DUCOS DU HAURON (Louis-Arthur)

physicien français (Langon 1837-1920).

Auteur en 1864 d'un brevet pour un appareil (jamais réalisé), où l'on trouve une prémonition du cinéma, il est surtout connu pour son brevet de 1869, où il décrit de façon complète les façons de procéder à la sélection et à la synthèse trichrome, additive ou soustractive, des couleurs.

DUDOW (Slatan)

cinéaste et homme de théâtre allemand (Zaribrod, Bulgarie, 1903 - Berlin 1963).

Dudow est-il l'homme d'un seul film, le fameux Kühle Wampe, l'une des rares œuvres ouvertement marxistes du cinéma préhitlérien, réalisée en étroite collaboration avec Bertolt Brecht, ou bien sa carrière mérite-t-elle un plus ample examen ? Né dans une famille d'ouvriers, il fait des études théâtrales poussées, à Berlin (1922) puis à Moscou (1929), suit les cours de Max Hermann et d'Erwin Piscator, se lie avec Eisenstein et Brecht. Ennemi du naturalisme et de l'expressionnisme, il opte pour le « réalisme documentaire » et participe à des travaux de montage collectifs pour la firme allemande Prometheus. Parallèlement à des mises en scène théâtrales (pièces de Brecht essentiellement), il tourne un premier film en 1930 : Comment se loge l'ouvrier berlinois (Wie die berliner Arbeiter wohnt). Puis c'est, en 1932, la mise en chantier de Kühle Wampe : un grand film social traitant du problème du chômage en Allemagne et exaltant la solidarité ouvrière pour faire face à la crise. Le sous-titre, explicite, est À qui appartient le monde ? (Whem gehört die Welt ?). Dudow et Brecht, son scénariste, y dénoncent le poids de l'oppression familiale, l'aliénation bourgeoise, la montée du militarisme. C'est l'anti-Jeune hitlérien Quex, que tournera l'année suivante Hans Steinhoff. « Nous sommes le porte-voix rouge, le porte-voix des masses », scande le chœur des ouvriers en lutte. Soutenu par une musique dynamique de Hanns Eisler, le film subit les assauts de la censure mais connaît néanmoins une certaine audience, en Allemagne et en France (où il fut projeté avant-guerre sous le titre Ventres glacés). Peu après, Dudow devra s'expatrier et se limiter au théâtre, en France et en Suisse. C'est en France qu'il tourne, sur des dialogues de Jacques Prévert, un court métrage projeté en 1934, Bulles de savon (Seifenblasen). Il revient seulement au long métrage en 1949 avec Notre pain quotidien (Unser täglich Brot), histoire d'une famille désunie par la guerre. Fixé en Allemagne, il tourne ensuite la Famille Benthin (Familie Benthin, 1950 ; CO K. Mäetzig) et Destins de femmes (Frauenschicksale, 1952), deux films qui intègrent (assez lourdement) des thèmes sociaux à des intrigues mélodramatiques. Dudow se retrouve en 1954 avec Plus fort que la nuit (Stärker als die Nacht), qui relate, avec une certaine vigueur épique, douze ans de résistance au nazisme, à travers l'histoire du KPD. Puis c'est le Capitaine de Cologne (Der Hauptmann von Köln, 1956), une satire du néomilitarisme faisant pendant au célèbre Capitaine de Koepenick, pièce à succès de Carl Zuckmayer qui inspira plusieurs films. Enfin, en 1959, un dernier film, manqué et négligeable : les Égarements de l'amour (Verwirrung der Liebe). « Homme sans compromis », comme le définit son compatriote Konrad Wolf, Slatan Dudow occupe une place restreinte mais estimable dans l'histoire du cinéma réaliste allemand. Brecht, si sévère envers ses autres collaborateurs, de Lang à Cavalcanti, a toujours tenu Kühle Wampe pour le film le plus fidèle à ses théories sur le cinéma.

DUFILHO (Jacques)

acteur français (Bègles 1914).

C'est un des comédiens les plus actifs de sa génération, pour une bonne raison : il peut tout faire, et il sait tout faire, ce qui explique que, depuis ses débuts en 1939, il a joué dans une quarantaine de pièces, tourné au moins quatre-vingts films, obtenu un grand prix du disque avec ses sketches, réalisé un court métrage (les Étoiles, en 1949), écrit un livre, etc. Même s'il se déclare « cultivateur » avant tout !

Il a été à bonne école, avec Charles Dullin. Il a eu, jusqu'à présent, plus de chance au théâtre qu'au cinéma, mettant son talent au service de Marcel Aymé, de Jean Anouilh, de Molière et, surtout, d'Audiberti. Au cinéma, il a tourné dans un nombre imposant de films, souvent de qualité très moyenne, souvent comiques. Un physique à transformation plus qu'insolite, et les prouesses vocales dont il est capable lui ont permis de se mettre au service de personnages pittoresques, par exemple dans Zazie dans le métro (L. Malle, 1960), d'après Queneau. Il aurait pu faire une carrière plus populaire, mais peu de cinéastes ont su vraiment l'utiliser. Outre Malle, on peut citer Jean-Pierre Mocky (Snobs, 1961 ; Chut !, 1972), Jacques Baratier (la Poupée, 1962 ; Dragées au poivre, 1963 ; l'Or du duc, 1965), Michel Deville (Benjamin, 1968), mais il a aussi tourné dans beaucoup de comédies à la française plus que médiocres, signées Michel Audiard ou Philippe Clair.