Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PECKINPAH (Sam) (suite)

Après les Chiens de paille (Straw Dogs, 1971), qui analysent in vitro les effets de l'« impératif territorial » cher à Robert Ardrey, Peckinpah se tourne vers des sujets contemporains : Junior Bonner (1972) décrit en demi-teintes les défaites d'un champion de rodéo sur le déclin, le Guet-apens (The Getaway, id.) bafoue allégrement la morale traditionnelle du film « noir ». Épuisé par ses luttes contre le système, il poursuit de plus en plus difficilement une carrière vouée à une surenchère dans la violence. Sa thématique s'exaspère dans la dérision et le nihilisme, comme en témoignent Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia (Bring Me the Head of Alfredo Garcia, 1974) et Tireur d'élite (The Killer Elite, 1975), deux thrillers « paranoïaques » où il règle ses comptes avec une Amérique de plus en plus exécrée. Il invoque le Brecht d'Arturo Ui dans Croix de fer (Cross of Iron, 1977), qui transpose les barouds suicidaires de ses « hordes sauvages » sur le front russe pendant la Seconde Guerre mondiale. Après le Convoi (Convoy, 1978), où il se parodiait lui-même avec plus d'amertume que d'alacrité, il se retranche dans un silence de quatre années avant de revenir dans les studios tourner un film d'espionnage, son dernier titre, The Osterman Week-end (1983). ▲

PECLET (Georges)

acteur et cinéaste français (Marseille 1896 - id. 1974).

Dès la fin du muet, il entame une carrière abondante mais sans grande personnalité. Il a la chance de paraître dans les films de Renoir : la Grande Illusion (1937), la Marseillaise (1938) et de Duvivier (les Cinq Gentlemen maudits, 1931, Golgotha, 1935, Pépé le Moko, 1937), aussi dans le No Man's Land de Trivas (1931). En 1929, il signe un petit film, Amour et carburateur ; à partir de 1947, il récidive avec des récits d'aviation (la Grande Volière, 1948, le Grand Cirque, 1950) et de guerre (Casabianca, 1951 ; Tabor, 1954).

PEERCE (Larry)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1935).

Le Procès de Julie Richards (One Potato, Two Potato, 1964) révélait un cinéaste plein de bonnes intentions. On sait, bien sûr, que ce n'est pas suffisant. Le reste de la carrière de Larry Peerce part dans tous les sens, sans cohérence ni ambition. Le très violent Incident (The Incident, 1967) devait beaucoup à l'interprétation survoltée de Tony Musante, comme on pouvait attribuer les qualités (mineures) de Goodbye Columbus (1969) au scénario de Philip Roth. Après A Separate Peace (1972), Mercredi des cendres (Ash Wednesday, 1973) et Un jour, une vie (The Otherside of the Mountain, 1975), le très traditionnel Un tueur dans la foule (The Bell Jar, 1976) a semblé établir une bonne fois ses (sérieuses) limites comme l'ont malheureusement prouvé ses films ultérieurs The Bell Jar (1979), Pourquoi mentirais-je ? (Why Would I Lie ?, 1980) et Accro (Wired, 1989).

PEIXOTO (Mário José Breves Rodrigues Peixoto, dit Mário)

cinéaste brésilien (Rio de Janeiro 1908 - id. 1992).

Ce poète est l'auteur d'un seul film, Limite (1931), œuvre restée longtemps mythique, exaltée par les cinéphiles brésiliens du Chaplin Club (1928-1930) et, selon la légende, par Eisenstein, Poudovkine et Welles. Redécouvert après un demi-siècle, Limite se voit confirmé comme une création originale, quelle que soit l'influence de l'expressionnisme, de l'école russe et de l'avant-garde française dans la formation de Peixoto. L'existence de trois personnages à la dérive sur un canot s'entrecroise dans des flash-backs. L'admirable composition plastique du découpage, servie par la photographie d'Edgar Brazil, ainsi qu'un montage d'une grande virtuosité se trouvent au service d'une évocation des moments clés de ces trois vies. Le rythme variable épouse leurs palpitations, l'interprétation est d'une intensité et d'une mesure peu communes alors. Limite joue sur les analogies et les oppositions, sur les ellipses et les synecdoques, situe les personnages dans un contexte tellurique et capte l'angoisse et le désespoir de leurs regards, liés notamment à la condition féminine et à la solitude provinciale. Une exigence esthétique, un respect pour la complexité existentielle des personnages et une semblable rigueur dans la captation du paysage ne réapparaîtront au Brésil que lors de l'éclosion du Cinema Novo. Peixoto laisse inachevés deux autres films, collabore au scénario de Estrela da Manhã (Jonald, 1950) et écrit un projet inabouti (A Alma Segundo Salustre). Enfin, le dévouement de son exégète Saulo Pereira de Mello et le soutien de Walter Salles favorisent la publication de ses textes et la redécouverte de Limite.

PELECHIAN (Artavazd)

cinéaste soviétique arménien (Leninakan 1938).

Après avoir suivi des cours du soir pour travailleurs à Kirovakan, il est engagé comme dessinateur puis comme constructeur technique. En 1963 il part étudier la mise en scène cinématographique au V.G.I.K. de Moscou sous la direction de L. Kristi puis d'Igor Talankine. Il signe ses premiers documentaires alors qu'il est encore étudiant : ‘ Patrouille de Montagne ’ (Gornyj patrul, 1964), ‘ le Cheval blanc ’ (Belyj kon, 1965), ‘ le Pays des hommes ’ (Zemlja Ljudej, 1966), ‘ Au début ’ (Načalo, 1967), ‘ Votre acte d'héroïsme est éternel ’ (Ih podvig bessmerten, 1968). Il quitte le V.G.I.K. en 1968, crée l'année suivante au studio Armenfilm d'Erevan une œuvre qui rencontre un excellent écho : ‘ Nous ’ (My) puis au studio Belaroussfilm : ‘ les Habitants ’ (Obitateli, 1970). Il écrit le scénario du film ‘ Pastorale d'automne ’ (1971) réalisé par M. Vartanov, collabore à la mise en scène de ‘ Minute étoilée ’ (Zvezdnaja minuta, 1973) avec Lev Koulidjanov, signe ‘ les Saisons ’ (Vremena goda, 1975), tourne les séquences documentaires du film de A. Mikhalkov-Kontchalovski Sibériade (1978). Il se fait peu à peu connaître internationalement par ses idées novatrices sur le montage « à contrepoint » et ses théories sur l'équilibre son-image, signe successivement ‘ Notre siècle ’ (Nas vek, 1984) et ‘ Dieu en Russie ’ (Bog V Rosii, CO : R. Tsourtsoumi, 1984, film de commande pour une émission de T.V. en R.F.A. En 1991 et 1992, il signe deux courts métrages : la Fin (Konec, essai sur un voyage en train) et la Vie (Žizn', essai sur un accouchement).