PECKINPAH (Sam) (suite)
Après les Chiens de paille (Straw Dogs, 1971), qui analysent in vitro les effets de l'« impératif territorial » cher à Robert Ardrey, Peckinpah se tourne vers des sujets contemporains : Junior Bonner (1972) décrit en demi-teintes les défaites d'un champion de rodéo sur le déclin, le Guet-apens (The Getaway, id.) bafoue allégrement la morale traditionnelle du film « noir ». Épuisé par ses luttes contre le système, il poursuit de plus en plus difficilement une carrière vouée à une surenchère dans la violence. Sa thématique s'exaspère dans la dérision et le nihilisme, comme en témoignent Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia (Bring Me the Head of Alfredo Garcia, 1974) et Tireur d'élite (The Killer Elite, 1975), deux thrillers « paranoïaques » où il règle ses comptes avec une Amérique de plus en plus exécrée. Il invoque le Brecht d'Arturo Ui dans Croix de fer (Cross of Iron, 1977), qui transpose les barouds suicidaires de ses « hordes sauvages » sur le front russe pendant la Seconde Guerre mondiale. Après le Convoi (Convoy, 1978), où il se parodiait lui-même avec plus d'amertume que d'alacrité, il se retranche dans un silence de quatre années avant de revenir dans les studios tourner un film d'espionnage, son dernier titre, The Osterman Week-end (1983). ▲