Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

STONE (Oliver)

cinéaste et scénariste américain (New York, N. Y., 1946).

Enseignant à Saigon (auj. Hô Chi Minh-Ville), il navigue ensuite en Asie, avant de s'installer au Mexique où il rédige un roman, non publié (A Child's Night Dream). Engagé au Viêt Nam en 1967, dans l'infanterie, blessé, décoré, il obtient en 1968 un diplôme de cinéma à l'université de New-York après avoir été l'élève de Martin Scorsese. Chauffeur de taxi, producteur-réalisateur de films publicitaires, il signe ensuite quelques scénarios remarquables (Midnight Express, pour Alan Parker, Scarface pour Brian De Palma, Conan le Barbare pour John Millius, Huit Millions de Façons de mourir, pour Hal Ashby et l'Année du dragon pour Michael Cimino), avant de passer à la réalisation des trois longs métrages qui installeront sa notoriété : Salvador (id., 1985), Platoon (id., 1986), Wall Street (id. 1987). Oliver Stone est un cinéaste complet, pour qui la mise en scène est une extension naturelle de l'écriture du scénario. Quels que soient les sujets qu'il aborde, ses années de formation, ses expériences vécues — notamment pour Platoon — apportent une épaisseur, une densité, une vérité particulières à ses productions. Si ses centres d'intérêt et sa sensibilité sont très contemporains, Oliver Stone renoue aussi avec un certain type de cinéma américain réaliste et libéral, qui a produit dans les années 50 des œuvres de réflexion filmées d'une manière très physique. Cette approche presque charnelle appliquée à un sujet aussi cérébral que JFK (id., 1991) produit un contraste frappant qui sert remarquablement le propos de Stone. C'est aussi ce qui fait le prix des meilleurs instants (le couple mixte incapable de gommer le souvenir de l'horreur vécue) de l'inégal Entre ciel et terre (Heaven and Earth, 1993), dernier volet de sa trilogie sur le Viêt Nam. En revanche, son brassage d'images et d'esthétiques différentes, son refus de la simplicité tuent dans l'œuf toutes les possibilités du sujet brûlant de Tueurs nés (Natural Born Killers, 1994). Cet échec artistique est suivi de films plus contrôlés où le mélange des styles et l'épaisseur du trait qui caractérisent Stone acquièrent un sens réel : Nixon (id., 1995), qui vient compléter JFK, U-Turn, ici commence l'enfer (U-Turn, 1997), audacieux film noir boursouflé, ou l'Enfer du dimanche (Any Given Sunday, 1999), satire au vitriol des milieux sportifs américains. Cinéaste sincère, non exempt d'une certaine lourdeur, Stone est au mieux quand son tempérament bouillant évoque ce que faisait Robert Aldrich dans les années 50 et 60.

Autres films :

Seizure (1974), The Hand (1981), The Doors (1991).

STONE (Sharon)

actrice américaine (Meaville, Pa., 1958).

La publicité, où elle débuta, créa l'image d'un charme blond et sain aux antipodes de ce qu'allait être son image cinématographique. Son parcours a été long : beaucoup de rôles sans intérêt à la télévision et, bien qu'elle ait tourné son premier film de cinéma en 1980 (Stardust Memories, W. Allen), elle dut attendre 1992 et Basic Instinct (P. Verhoven) pour se retrouver enfin en vedette. Entre-temps, il y eut beaucoup de films obscurs qui exploitèrent son corps sculptural : on ne retiendra que Total Recall (id., 1990), qui l'oppose à Arnold Schwarzenegger et lui fait rencontrer le cinéaste néerlandais qui va la propulser vers le succès. Dans Basic Instinct, son personnage de blonde hitchcockienne, bisexuelle et criminelle, dévoilant généreusement son corps pour arriver à ses fins, est remarquablement concocté, et Sharon Stone y brille comme on s'y attendait. Depuis, rien de bien nouveau, car Sliver (P. Noyce, 1993) reprend sans fantaisie la formule de Basic Instinct ; quant au contre-emploi d'épouse blessée dans Intersection (M. Rydell, 1994) ou de tireuse d'élite dans Mort ou vif (Dead or Alive, Sam Raimi, 1995), il révèle une beauté finalement banale et une actrice presque fade. En revanche, Martin Scorsese dans Casino (1995) sait mettre en évidence un réel tempérament que l'on retrouve même dans un film plus terne comme la Dernière danse (B. Beresford, 1996). Mais Sharon Stone apparaît plus figée dans Diabolique (id., Jeremiah Chechick, id.) et dans Sphere (B. Levinson, 1997).

STOP (mot anglais signifiant « arrêt »).

Cran de la bague de commande du diaphragme. Par extension, l'intervalle entre deux repères de cette bague. ( DIAPHRAGME.)

STOPPA (Paolo)

acteur italien (Rome 1906 - id. 1988).

Il monte sur les planches en 1927. Toute sa carrière est partagée entre la scène et l'écran. Au théâtre, dans un répertoire riche et varié, on peut extraire Mort d'un commis voyageur de Miller, La locandiera de Goldoni, Oncle Vania et la Cerisaie de Tchekhov, Troïlus et Cressida de Shakespeare, ainsi que des pièces de Pirandello. Souvent partenaire de Rina Morelli, il joue dans divers spectacles mis en scène par Visconti. Il apparaît au cinéma en 1932 et s'impose très vite comme un personnage nécessaire à de très nombreuses comédies. Parmi les dizaines de films qu'il interprète jusqu'en 1945, on ne relève que peu d'œuvres mémorables. En 1942, il est cependant le protagoniste principal de Cenerentola e il signor Bonaventura de Sergio Tofano ; on peut également le remarquer dans Un'avventura di Salvator Rosa (A. Blasetti, 1940), la Couronne de fer (id., 1941), Se non son matti non li vogliamo (Esodo Pratelli, id.), Giorni felici (G. Franciolini, 1943). Après la guerre, il poursuit sa double carrière et joue dans un grand nombre de films. Toujours dans des rôles de second plan, c'est sous la direction de De Sica (Miracle à Milan, 1951 ; l'Or de Naples, 1954), Rossellini (Viva l'Italia, 1961 ; Vanina Vanini, id.), et surtout Visconti (Rocco et ses frères, 1960 ; Boccace 70, 1962 ; le Guépard, 1963, où il compose la figure saisissante de Don Calogero, le bourgeois arriviste) qu'il donne le meilleur de lui-même.

STORARO (Vittorio)

chef opérateur italien (Rome 1940).

Après le diplôme du Centro Sperimentale de Rome, il assiste Marco Scarpelli et Aldo Scavarda. Chef opérateur pour Giovinezza giovinezza (F. Rossi, 1969), il donne une vision élégiaque (en noir et blanc) des années 30. Sa réussite lui vaut un Nastro d'Argento. En 1969, il commence à collaborer avec Bernardo Bertolucci pour la Stratégie de l'araignée, et il développe dans ses films (le Conformiste, 1971 ; le Dernier Tango à Paris, 1972 ; 1900, 1976 ; la Luna, 1979 ; le Dernier Empereur, 1987 ; Un thé au Sahara, 1990) un style visuel très personnel, composé de sinueux mouvements de caméra, de lumières naturelles et de couleurs précieuses. Il travaille aussi pour Franco Rossi (Le avventure di Enea, 1971), Salvatore Samperi (Malicia, 1973), Luca Ronconi (Orlando furioso, 1974), Luigi Bazzoni (Le orme, 1975), Michael Apted (Agatha, 1979). On le retrouve ensuite dans Reds (W. Beatty, 1981), Coup de cœur (Coppola, id.), Ladyhawke (R. Donner, 1985), Tucker (Coppola, 1988), Dick Tracy (W. Beatty, 1990). Pour son exceptionnelle photographie épique et hyperréaliste de Apocalypse Now (F. F. Coppola, 1979), il reçoit un Oscar. Il poursuit son œuvre dans les années 90, signant en particulier la photographie des films de Carlos Saura (Flamenco, 1995 ; Taxi, 1996 ; Tango, 1998 ; Goya en Burdeos, 1999), ou encore de Bulworth (W. Beatty, 1998), Mirka (R. Benhakj, 1999) et Picking Up the Pieces (A. Arau, 2000).