Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
V

VOLONTÉ (Gian Maria) (suite)

Films  :

Sous dix drapeaux (Sotto dieci bandiere, Duilio Coletti, 1960) ; la Fille à la valise (V. Zurlini, 1961) ; l'Atlantide (E. G. Ulmer, id.) ; Hercule à la conquête de l'Atlantide (V. Cottafavi, id.) ; À cheval sur le tigre (L. Comencini, id.) ; la Bataille de Naples (N. Loy, 1962) ; Un homme à brûler (P. et V. Taviani et V. Orsini, 1963) ; le Terroriste (G. De Bosio, 1964) ; Il peccato (J. Grau, id.) ; Pour une poignée de dollars (S. Leone, id.) ; ... Et pour quelques dollars de plus (id., 1965) ; l'Armée Brancaleone (M. Monicelli, 1966) ; La strega in amore (D. Damiani, id.) ; Lutring, réveille-toi et meurs (C. Lizzani, id.) ; Le stagioni del nostro amore (F. Vancini, id.) ; À chacun son dû (Petri, 1967) ; le Dernier Face-à-face (Faccia a faccia, Sergio Sollima, id.) ; El Chuncho (Damiani, id.) ; I sette fratelli Cervi (G. Puccini, id.) ; Bandits à Milan (Lizzani, 1968) ; Summit (id., G. Bontempi, id.) ; L'amante di Gramigna (Lizzani, 1969) ; Sous le signe du Scorpion (P. et V. Taviani, id.) ; Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Petri, 1970) ; les Hommes contre (F. Rosi, id.) ; le Cercle rouge (J. -P. Melville, id.) ; Sacco et Vanzetti (Sacco e Vanzetti, G. Montaldo, 1971) ; La classe ouvrière va au paradis ; (Petri, id.) l'Affaire Mattei (Rosi, 1972) ; Viol en première page (Sbatti il mostro in prima pagina, M. Bellocchio, id.) ; Lucky Luciano (Rosi, 1973) ; Giordano Bruno (Montaldo, id.) ; le Soupçon (F. Maselli, 1975) ; Todo modo (Petri, 1976) ; Io ho paura (Damiani, 1977) ; Eboli (Rosi, 1979), Ogro (G. Pontecorvo, id.) ; Stark System (Armenia Balducci, 1980) ; la Dame aux camélias (M. Bolognini, 1981) ; la Mort de Mario Ricci (C. Goretta, 1983) ; l'Affaire Moro (Il caso Moro, Giuseppe Ferrara, 1986) ; Chronique d'une mortannoncée (F. Rosi, 1986) ; Un enfant de Calabre (L. Comencini, 1987) ; l'Œuvre au noir (A. Delvaux, 1988) ; Pestalozzis Berg (Peter von Gunten, id.) ; Tre colonne in cronaca (Carlo Vanzina, 1990) ; Portes ouvertes (G. Amelio, id.) ; Una storia semplice (Emidio Greco, 1991) ; Funes, un gran amor (Raul de la Torre, 1992) ; Tirano Banderas (Jose Luis García Sanchez, 1994) ; le Regard d'Ulysse (T. Angelopoulos, 1995 - G. M. Volonté meurt au cours du tournage et sera remplacé par Erland Josephson).

VORKAPICH (Slavko [Slavko Vorkapić])

chef monteur américain d'origine slovène (Neuhaus, Autriche-Hongrie [auj. Dobrinac/Dobrna, Yougoslavie], 1895 - États-Unis 1976).

D'abord portraitiste et artiste publicitaire en Europe, il gagne les États-Unis dans les années 20. Rex Ingram le fait entrer dans le monde du cinéma comme décorateur adjoint du Prisonnier de Zenda (1922). Mais Vorkapich s'affirme vite maître du montage ou, plus exactement, des séquences de montage, ces fulgurants raccourcis narratifs qui n'existent plus aujourd'hui, mais qui, à une époque où les films étaient plus brefs, permettaient de concentrer un maximum d'explications en un minimum de temps. Il travaille à la RKO et à la MGM avec une dextérité et un art qui dépassent la technique pour atteindre à une autre vérité. Ainsi ce montage de graphiques financiers et de monnaies qui s'entassent, puis s'écroulent, symbole de la spéculation et de la crise dans les Conquérants (W. A. Wellman, 1932). Ou encore, l'ouverture de What Price Hollywood ? (G. Cukor, id.), qui fixe avec l'acuité d'un rapport sociologique la mode, le maquillage, la coiffure, les habitudes de vie d'une employée américaine. À la MGM, son tra-vail sera plus spectaculaire, mais tout aussi magistral : l'invasion de sauterelles dans Visage d'Orient (S. Franklin, 1937), la fête du 1er mai dans le Chant du printemps (R. Z. Leonard, id.), ou la Révolution française dans Marie Antoinette (W. S. Van Dyke, 1938). Il collabore avec Frank Capra pour deux films (Monsieur Smith au Sénat, 1939 ; l'Homme de la rue, 1941), où son travail prolonge l'intimisme du cinéaste pour lui donner une ampleur presque politique (manchettes de journaux, meetings, etc.).

VOSKOVEC (Jiří [aux États-Unis : George])

acteur américain d'origine tchèque (Sazava, Autriche-Hongrie, 1905 - Pear Blossom, Ca., 1981).

Avec son ami et collègue de lycée, Jan Werich, Voskovec fonde en 1927, à Prague, un « Théâtre libéré », unique dans toute l'Europe, où l'esprit du music-hall et du burlesque américain rejoint celui de l'art d'avant-garde, et dont la renommée dépassera les frontières du pays, attirant l'attention de personnalités comme Vsevolod Meyerhold. Voskovec et Werich élaborent notamment un style d'improvisation verbale auquel ils donnent libre cours dans des dialogues, désormais légendaires, qu'ils pratiquent entre deux levers de rideau. Ce style, tout comme leurs chansons (dues à leur collaboration avec le compositeur Jezek), ou leurs personnalités mêmes, « fonctionnent » encore aujourd'hui en Tchécoslovaquie comme un mythe vivant, influençant les comportements les plus quotidiens. En dehors des plans additionnels tournés pour la version tchèque de Paramount Revue (1929), quatre films remarquables donnent une idée de ce qu'était le Théâtre libéré : ‘ la Poudre et l'Essence ’ (Pudr a benzin, Jindřích Honzl, 1931), ‘ la Bourse ou la Vie ’ (Peníze nebo život, id., 1932), ‘ Ho ! hisse! ’ (Hej rup !, M. Fric, 1934) et ‘ Le monde est à nous ’ (Svět patří nám, id., 1937). Après l'occupation de la Tchécoslovaquie par Hitler, qu'ils n'ont pas cessé de combattre dans leurs pièces des années 30, Voskovec et Werich se réfugient en Amérique. Voskovec, qui, pour sa part, était revenu dans sa patrie, retournera aux États-Unis après le coup de Prague de 1948, pour y commencer courageusement une nouvelle carrière : celle d'un important acteur de seconds rôles. Il apparaîtra notamment sur l'écran, à côté d'Henry Fonda, dans Douze Hommes en colère (1957) de Sidney Lumet.

V.O.S.T.

Abrév. de version originale sous-titrée.

VOULGARIS (Pandelis)

cinéaste grec (Athènes 1940).

Après des études à l'Institut Stavrakos d'Athènes, il est assistant réalisateur sur une trentaine de films entre 1961 et 1965. Dès ses premiers courts métrages, le Voleur (CM, 1965), Jimmy le Tigre (CM,1966) et la Danse des chèvres (1969), il se démarque des exigences thématiques et esthétiques de la production dominante et, tenté par le réalisme, se penche sur une humanité modeste et en mutation. En 1972, en pleine dictature des colonels, il signe son premier film de fiction : les Fiançailles d'Anna (To proxenio tis Annas),portrait bouleversant et en demi-teinte d'une servante en butte à l'oppression, feutrée mais radicale, d'une famille petite-bourgeoise athénienne. Son film suivant, le Grand Erotikos (O megalos erotikos, 1973), est une sorte de vidéo musicale avant la lettre, illustrant, avec sensibilité et lyrisme, le cycle de chansons éponyme du grand compositeur grec Manos Hadjidakis*. Après six mois de déportation sur une île de l'Égée, il est libéré à la chute de la junte. En 1976, il réalise une œuvre remarquable, Happy Day (id.), allégorie atypique teintée de beauté tragique, sur l'univers concentrationnaire. Suivent Elefthérios Venizelos (1980) et surtout les Années de pierre (Petrina chronia,1985) qui l'introduisent sur la scène internationale. Le film retrace le terrible calvaire d'un couple de militants de gauche de l'après-guerre civile jusqu'à la chute de la dictature, plus de vingt ans de prison, d'exil et de déportation évoqués avec la tendresse de l'humaniste. En 1988, il tourne le Buteur n.9 (I fanella me to 9) et, en 1991, Jours tranquilles d'août (Issichès merès tou avgoustou) où les laissés-pour-compte de l'urbanisation confrontent leur solitude et leur désir dans la chaleur moite des fins d'après-midi d'été. Avec Acropole (id,1995), il aborde, sans trop de finesse, la mythologie du théâtre de variétés de l'après-guerre mais dans son dernier film, Sur le chemin de la vie (Ola einai dromo, 1998), il réaffirme, avec émotion, son attachement à la réalité de son pays et, spécialement, à tout ce petit monde de province qui s'accroche encore à des valeurs et à des sentiments d'une autre époque.