Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Pongerville (Jean Baptiste Aimé Sanson de)

Écrivain français (Abbeville 1792 – Paris 1870).

Ses traductions de Lucrèce, d'Ovide, de Virgile, de Milton, et ses épîtres (Épître aux Belges, 1830 ; Épître au roi de Bavière, 1831) représentèrent pour ses contemporains les modèles de la poésie classique : elles lui permirent d'accéder à l'Académie française (1830), au poste de conservateur à la Bibliothèque nationale (1851). Dans les Deux Poètes, il a évoqué l'affrontement des classiques et des romantiques.

Pons (Maurice)

Écrivain français (Névache 1927).

Dialoguiste de film (les Mistons, 1957), dramaturge (Tcho!, 1970) et surtout nouvelliste (Virginales, 1955 ; Douce Amère, 1985) et romancier (Métrobate, 1951 ; le Cordonnier Aristote, 1958 ; les Saisons, 1978), il mêle le classicisme du style à l'impertinence du ton et à la licence des sujets, et met un réalisme tempéré de merveilleux et d'humour au service de l'exploration minutieuse et intime du rapport de l'homme au temps et à la mort.

Ponsard (François)

Poète français (Vienne, Isère, 1814 – Paris 1867).

Après avoir traduit Byron (Manfred, 1837), il donna en 1843 une Lucrèce qui fit date : jouée à l'Odéon par Marie Dorval et Bocage, cette tragédie en alexandrins de facture classique apparut comme une sorte de réveil de l'esprit classique et devint le manifeste d'une « école du bon sens » qui ne dura guère. Agnès de Méranie (1846) n'eut pas le succès de Lucrèce, pas plus d'ailleurs que Charlotte Corday (1850), qui réconcilia Ponsard avec les romantiques. La suite de son œuvre comprend des comédies (Horace et Lydie, 1850), une tragédie (Ulysse, 1852, avec des chœurs de Gounod) ; Ponsard retrouva le succès sous le second Empire avec des comédies de mœurs (l'Honneur et l'Argent, 1853 ; la Bourse, 1856), une comédie historique inspirée de la Révolution (le Lion amoureux, 1866). Romantique « assagi », auteur de « bon sens », Ponsard tenta une conciliation qui ne s'imposait pas, et ses triomphes, bien réels, ne furent que des succès d'arrière-garde.

Ponson du Terrail (Pierre Alexis)

Romancier français (Montmaur, près de Gap, 1829 – Bordeaux 1871).

Son premier roman-feuilleton, les Coulisses du monde (1851), fut un succès, mais la célébrité vint avec le cycle de Rocambole qui débuta avec l'Héritage mystérieux (la Patrie, 1857), se poursuivit avec une dizaine d'autres romans et resta inachevé à sa mort. Il s'illustra aussi dans le roman historique (la Jeunesse du roi Henri, 1859 ; le Forgeron de la Cour-Dieu, 1868) et le roman de mœurs (les Gandins, 1860 ; le Grillon du moulin, 1867). Dans le Nouveau Maître d'école (1865), il milite pour l'enseignement laïque et obligatoire. Si son œuvre abondante fut l'objet de nombreuses critiques et caricatures, Rocambole reste une grande figure populaire.

Pontiggia (Giuseppe)

Écrivain italien (Côme 1934 – Milan 2003).

Les trames de ses romans, volontiers policiers, assimilent la vie humaine à un jeu de stratégies ambiguës (l'Art de la fugue, 1968 ; le Joueur invisible, 1978 ; le Rayon d'ombre, 1983 ; la Comptabilité céleste, 1989 ; Vie des hommes non illustres, 1993 ; Nés deux fois, 2001). Parmi ses essais, on citera le Jardin des Héspérides (1984) et les Sables mouvants (1991).

Pontoppidan (Henrik)

Écrivain danois (Fredericia 1857 – Copenhague 1943).

Les récits des débuts sont consacrés à une peinture du prolétariat agricole (Tableaux de campagne, 1883). Cette première phase prend fin avec les nouvelles politiques de Nuages (1890) sur un constat d'échec (« Vous avez les tyrans que vous méritez »). La deuxième phase de l'œuvre comporte quelques règlements de comptes de l'auteur avec lui-même, comme Veillée de nuit (1894), mais surtout les trois grands cycles romanesques de la Terre promise (1891-1895), Pierre le Chanceux (1898-1904) et le Royaume des morts (1912-1916) : dans cette trilogie, il a essayé de donner une image du Danemark « à travers des esprits et des destins où se reflètent les conflits sociaux, religieux et politiques de l'époque ». Pierre le Chanceux, roman en 8 volumes, est une évocation de la révolution industrielle et intellectuelle du Danemark dans le dernier quart du XIXe s. : une opposition entre la ville et la campagne, entre la foi et la chasse, au plaisir et à l'argent, incarnée dans l'aventure d'un héros à qui tout réussit, mais qui abandonnera toute ambition pour revenir à la morale de ses pères. Les autres cycles sont eux aussi animés par un personnage, qui, lancé à la conquête de la « terre promise », échoue au moment même où il semble atteindre son but. L'étude du milieu est renforcée par celle de la psychologie : l'affrontement n'a pas seulement lieu entre l'individu et le monde, mais entre les aspects contradictoires du même individu. L'écriture ne parvient pas toujours à contenir l'indignation ou l'ironie de l'auteur, dont la vision s'assombrit sans cesse. Constatant que son maître, Georg Brandes, a échoué en voulant libérer le peuple, Pontoppidan se livre à une violente satire : le royaume des morts, c'est celui où nous vivons. Cette œuvre se clôt par deux petits romans désespérés, Une histoire d'amour (1918) et le Royaume du ciel de l'homme (1927). Il partagea, en 1917, le prix Nobel avec Karl Gjellerup.

Popdimitrov (Emanouil Popdimitrov Zahariev, dit Emanouil)

Poète bulgare (Grouintci, district de Bossilgrad, Yougoslavie, 1885 – Sofia 1943).

Après des études de philosophie et de lettres en Bulgarie et en Suisse, il devient chargé de cours de littérature comparée à l'université de Sofia. S'il s'est essayé à la satire (Au pays des roses, 1939), il reste surtout pour ses poèmes des années 1907-1912, réunis dans ses Œuvres choisies (1943) : un véritable culte de la nature y rapproche le poète d'un romantisme tardif où prédominent une rêverie douce et contemplative, des visions exotiques, des scènes mythologiques, bibliques et champêtres où la gloire chantée à Dieu se confond avec un panthéisme exalté.

Pope (Alexander)

Poète anglais (Londres 1688 – Twickenham 1744).

Issu d'une famille catholique, nabot presque difforme, frappé de tuberculose osseuse, Pope lutte toute sa vie pour être reconnu comme un minoritaire. Après des Pastorales (1709), il publie son Essai sur la critique (1711), poème didactique qui constitue le code du néoclassicisme à l'anglaise. Il s'assure, la même année, un triomphe par le tableau héroï-comique – à la fois satirique et très complaisant – des salons et des boudoirs (la Boucle de cheveux enlevée, 1712). Il plonge pour quinze ans dans une traduction d'Homère d'un redoutable poli, où se révèle un goût presque excessif pour la perfection formelle. Il « édite » Shakespeare, en lui prêtant un minimum de civilité (1725), puis se venge des attaques avec la Dunciade (1728-1742), « crétinade » (on appelait dunce un cuistre imbécile) qui est une virulente satire (nominale et souvent injuste) de ses confrères en poésie, grands prêtres de la déesse Ennui. Son Essai sur l'homme (1733-1734) est une bénédiction aux choses telles qu'elles sont et un hymne à la raison satisfaite : « Tout ce qui est est bien. » Il est atterré de voir qu'on le soupçonne d'avoir plaidé pour l'athéisme et la libre-pensée en évacuant le péché, le mal et le malheur. Ses Satires et Épîtres (1733-1738) imitent Horace et sont un hymne à la rancune sous le poli du vers.