Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Tastu (Amable Voïart, Mme)

Femme de lettres française (Metz 1795 – Paris 1885).

Son poème les Oiseaux du sacre la rendit célèbre en 1825. D'autres poésies (les Feuilles de saule, la Chambre de la châtelaine, l'Ange gardien) furent réunies en recueils parus en 1826 et en 1835. Son romantisme s'inspire de Lamartine. Elle a publié aussi la Chevalerie française (1821), les Chroniques de France (1829), ainsi que de nombreux ouvrages destinés à la jeunesse (le Livre des enfants, 1837 ; Lectures pour les jeunes filles, 1840).

Tatares

Proches parents par la langue, mais séparés par l'Histoire en entités autonomes, les Tatars de la Volga (Tatars stricto sensu, Bachkirs, Tchouvaches) et leurs cousins de Crimée ont connu une évolution culturelle sensiblement différente.

   Héritière de la civilisation des khanats bulgares de la Kama et de la Volga, conquis au XIIIe s. par la Horde d'Or, et annexés à la Russie en 1552, la culture tatare s'exprime jusqu'au XIXe dans des œuvres profanes d'origine orientale (poèmes de Khosrow et Chirine, de Iusuf et Zuleïkha, XIIIe-XIVe s.), et surtout dans une poésie didactique et religieuse d'esprit soufiste (Moukhamédiar, XVIe s., Mavlia Kouly, XVIIe s., Outyz Imiani, C. Zaki, XVIIIe-XIXe s., Galy Tchokryï, 1826-1889). L'émergence autour de l'université de Kazan (1804) de courants rationalistes hostiles à l'islam (A. Koursavi [1776-1818], Kaïoum Nassyri [1825-1902]) se manifeste alors dans la poésie (Akmoulla [1831-1895], I. Emelianov [1848-1899]), comme par l'adoption de genres européens (roman et drame : Z. Bigueïev [1870-1902], G. Iliasi [1856-1895], F. Khalidi [1850-1923]). Ce modernisme, nourri de préoccupations sociales, inspire à l'aube du XXe s. un groupe d'écrivains démocrates (G. Kamal [1879-1933], Majit Gafouri [1880-1934], G. Ibraguimov [1887-1938], C. Kamal [1884-1942]), dominé par la figure du poète Toukaï (1886-1913). Ils sont les pères de la littérature tatare de l'ex-U.R.S.S., dont les principaux représentants sont : en poésie A. Faïzi, M. Djalil, H. Toufane, K. Taktach ; en prose K. Nadjmi, G. Bachirov, I. Gazi, A. Koutouï ; au théâtre T. Guizzat, K. Tintchourine, N. Issanbet.

   La Bachkirie ne connaît jusqu'en 1917 qu'une tradition orale (contes, poésie lyrique ou épique [koubaïr]), diffusée par des improvisateurs (sessen) dont le plus fameux, Salavat Ioulaïev, fut au XVIIIe s. un compagnon d'armes de Pougatchiov. La littérature écrite en langue tatare est alors commune aux deux nations, comme le sera Majit Gafouri, pionnier en Bachkirie de la littérature soviétique. D'abord incarnée par des poètes (D. Ioultyï [1893-1938], S. Koudach [né en 1894], R. Nigmati [1909-1959]), celle-ci, qui suit l'itinéraire des autres cultures de l'ex-U.R.S.S., verra ensuite un essor de la prose (I. Nassyri [1898-1942], A. Taguirov [1890-1938], S. Aguich) et du théâtre (Ioultyï, S. Miftakhov [1907-1942]). Aux côtés du poète G. Ramazanov et du romancier A. Biktchentaïev, Moustaï Karim (né en 1919), qui cultive les trois genres, possède aujourd'hui une stature nationale.

   La Tchouvachie n'accède à l'écriture qu'en 1873, grâce à l'alphabet du pédagogue I. I. Iakovlev (1848-1930), qui pose aussi les bases d'une poésie démocratique (K. V. Ivanov [1890-1915], Poloroussov-Chelebi [1881-1945]). La période soviétique est dominée par les poètes M. Sespel (1899-1922), I. Oukhsaï (né en 1911) et P. Khouzangaï (1907-1970), les prosateurs S. Elguere (1894-1966) et A. Talvir (1909). Le poète G. Aïgui (né en 1934) se livre en russe à des expériences formelles originales et a depuis une certaine notoriété en France.

   Les Tatars de Crimée possèdent un folklore (poésie lyrique et épique) et connaissent aux XVIIe-XVIIIe s. les débuts d'une littérature écrite (Djanmoukhammed, Seïd M. Riza, Abdoul L. Ilkhak) où s'exprime une double influence turque et slave. Une poésie démocratique apparue à la fin du XIXe s. (A. Tchergueïev [1879-1946]) est à la source de la littérature soviétique (poésie de Tchoban-zadè [1893-1938], Chémi-zadè [né en 1908] ; romans de C. Aliadine, I. Bolat [né en 1909]), dont l'essor est brutalement freiné par l'expulsion en 1944 des Tatars de Crimée. Depuis l'abrogation de la mesure (1967), le développement de cette littérature a repris sur le territoire de l'Ouzbékistan (œuvres de Bolat, de Aliadine, poésie de Chémi-zadè, de R. Khalid, de S. Emine).

Tate (Allen)

Écrivain américain (Winchester, Kentucky, 1899 – Nashville 1979).

Membre du groupe des « Fugitives », lié au « New Criticism », il expose, tant dans sa poésie (Poèmes, 1960) que dans ses essais, de vues conservatrices, classiques et formalistes, liées à la référence au Sud. Sa critique, dont l'influence est notable dans plusieurs revues où il eut des responsabilités éditoriales (Sewanee Review, de 1944 à 1946), définit les tensions de l'entreprise créatrice (d'Essais réactionnaires sur la poésie et les idées, 1936, à Quatre Décennies d'essais, 1970). Le Sud d'avant la guerre de Sécession est l'objet d'une étude, Stonewall Jackson (1928), et d'un roman, les Pères (1938), dont le titre est explicite.

Tate (Nahum)

Poète irlandais (Dublin 1652 – Londres 1715).

Un des premiers dramaturges irlandais à tenter le succès à Londres ; déçu par l'accueil fait à ses propres tragédies, il deviendra l'adaptateur néoclassique et prude de Shakespeare, Chapman et Webster. Sa version du Roi Lear, qui se termine joyeusement par les noces de Cordelia et d'Edgar, était encore représentée au XIXe siècle. Poète lauréat (1692), il trouve sa vraie vocation en donnant, avec son compatriote N. Brady, une version des Psaumes (1696) qui régnera un siècle dans les églises anglaises. Il a également signé le livret de Didon et Énée de Purcell (vers 1689).

Tati-Loutard (Jean-Baptiste)

Écrivain congolais (Ngoyo 1938).

Il est l'auteur de recueils poétiques (Poèmes de la mer, 1968 ; le Dialogue des plateaux, 1982), de recueils de nouvelles (Chroniques congolaises, 1974 ; Nouvelles Chroniques congolaises, 1980) et d'un roman, le Récit de la mort (1987), dans lesquels il analyse les mutations contemporaines de la société congolaise.