Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Musset (Paul de)

Écrivain français (Paris 1804 – id. 1880).

Frère aîné d'Alfred de Musset, il est surtout connu pour les livres où il défend la mémoire de son frère : Lui et Elle (1859), qui répond au célèbre Elle et Lui de G. Sand, et une courte Biographie d'Alfred de Musset (1877). On lui doit aussi des romans historiques, des nouvelles, des récits de voyages, des comédies et un livre pour les enfants (Monsieur le Vent et Madame la Pluie, 1880).

Mustapää (Martti Haavio, dit Pentti)

Poète et folkloriste finlandais d'expression finnoise (Temmes 1899 – Helsinki 1973).

Organisateur des Archives de poésie populaire, éditeur, il a publié de nombreux ouvrages sur les mythologies finnoises et universelles (Cosmographie de la poésie folklorique, 1955 ; les Dieux de la Carélie, 1959), et illustré les possibilités multiples de la versification en langue finnoise (le Chant des yeux merveilleux, 1925 ; Adieu à l'Arcadie, 1945 ; l'Oiseleur, 1952).

Mutafov (Cavdar)

Écrivain et critique littéraire bulgare (Sevlievo 1889 – Sofia 1954).

Il représente la prose expressionniste, qui traduit l'impossibilité pour l'homme de réaliser son identité dans un monde dépersonnalisé et grotesque. La construction très stylisée de réalités alternatives crée des personnages-marionnettes, dans une existence absurde où s'affrontent l'être et le néant. Mutafov est l'un des premiers en Bulgarie à dénoncer le nivellement spirituel et l'incapacité d'adaptation du monde moderne ainsi que son dépassement. Le pathos du nihilisme expressionniste s'exprime dans un style très proche du dadaïsme (Marionnettes, Impressions, 1920 ; le Dilettante, roman « décoratif », 1926). Érudit et critique original, Mutafov subit la forte influence de Nietzsche et de Freud.

Mutanabbi (Abu al-Tayyib al-)

Poète arabe (Kufa 915 – près de Bagdad, 965).

D'une vie itinérante, vouée à la recherche d'un protecteur et mécène, on retiendra deux points forts : sa révolte, au nom du chi'isme qarmate, dont il tira son surnom d'al-Mutanabbi (« prétendant à la prophétie »), puis le séjour auprès des princes hamdanides d'Alep, où il revendique pour le poète, dans la lutte contre Byzance, la fonction de porte-parole. Sa poésie est cependant l'une des plus puissantes et des plus originales de toute la poésie arabe, qu'elle incarne, aujourd'hui encore, pour le plus grand nombre. La hardiesse des images, les formules passées en sentences, les recherches phonétiques et rythmiques s'allient ici à un sens inné du langage.

Mutran (Khalil)

Poète libanais (Baalbek 1872 – Le Caire 1949).

Après un séjour à Paris, où il se familiarisa avec les courants littéraires français, il prit en Égypte la direction littéraire d'al-Ahrâm, fonda la Revue égyptienne, puis dirigea la troupe nationale de théâtre (1935-1942). Surnommé « Châ'ir al-qutrayn » (le poète des deux pays), il anima le groupe Apollo (1932) et fit connaître aux Arabes de nombreuses œuvres européennes (Hamlet, le Cid, Hernani). Mais c'est surtout sa poésie, lyrique et romantique, qui eut un rayonnement dans tout le monde arabe (Dîwân, en quatre volumes).

Muwachchah

Genre poétique de la littérature arabe d'Espagne, né vers la fin du IXe siècle, reposant sur une composition strophique, le quatrième vers de la strophe reprenant la rime des deux vers du prélude. Le poème, d'abord amoureux mais aussi mystique, se clôt par un «nbsp;envoi » (khardja), souvent en dialectal, incluant parfois des mots romans, et dont il semble bien qu'il soit conçu en premier par rapport au reste de l'œuvre. Un chaînon essentiel entre la poésie arabe d'Espagne et la lyrique romane.

Muwaylihi (Muhammad al-)

Écrivain égyptien (Le Caire 1868 – id. 1930).

Son père Ibrâhîm (1846-1906), riche commerçant ayant abandonné le négoce pour de hautes fonctions administratives auprès du khédive, avait contribué à l'essor de la presse égyptienne en créant en 1898 la revue Misbâh al-Charq, qui parut sans interruption jusqu'en 1906. Muhammad fut un pionnier du genre romanesque dans le monde arabe. Après avoir étudié dans les nouvelles écoles créées par le khédive Ismâ'îl et séjourné en France, en Italie et en Grande-Bretagne entre 1885 et 1887, il se lança dans la carrière journalistique, puis, à partir de 1898, publia en feuilleton dans la revue paternelle un ouvrage dédié à Afghânî (les Propos de 'Îsâ Ibn Hichâm, 1906) : cette œuvre, qui s'inspire de la forme des Maqâmât médiévales de Hamadhânî, et qui est écrite dans une prose assonancée, forme un tableau ironique de la société égyptienne à l'aube du nouveau siècle.

myittaza

Genre littéraire birman.

Ces « épîtres » apparaissent dès le XVe s. Elles jouaient au début le rôle de gazette. Rédigées indifféremment en vers, prose ou style mixte, elles se présentent sous forme de traités politiques ou moraux, voire de remontrances adressées au roi ou à n'importe quel sujet. Les auteurs les plus célèbres sont Kandaw Min Gyaung Sayadaw, sous la dynastie d'Ava (1364-1555), puis au XIXe s., l'abbé de Kyigan, dont les épîtres ont la forme de yadu, et enfin le dramaturge U Ponnya, qui inclut des morceaux chantés. En 1871, Kinwin Min Gyi adressa de Paris un myittaza dans lequel il décrit une entrevue avec Napoléon III.

Mykolaitis-Putinas (Vincas Juosovitch)

Écrivain lituanien (Pilotiskes 1893 – Kacergine 1967).

Prêtre catholique, obsédé par le divorce entre sa foi et son exigence de justice, il publia des vers d'inspiration néoromantique (Entre deux aubes, 1927) et incarna dans le héros défroqué de son roman À l'ombre des autels (1933) sa propre rupture avec l'Église. Après 1945, il renoua avec une poésie philosophique (Salut à la terre, 1950 ; le Don d'être, 1963 ; Fenêtre, 1963) chargée d'angoisses intimes et qui ouvre sur l'histoire une réflexion reprise par son roman sur le mouvement paysan de 1863, les Insurgés (1957-1967).

Mykytenko (Ivan Kondratovytch)

Écrivain ukrainien (Rivne 1897 – 1937).

Fils de paysan, il se lia aux écrivains prolétariens et consacra à la guerre civile (Espaces ensoleillés, 1926) et à la rééducation des enfants abandonnés (les Malfrats, 1928 ; Aube, 1933) des récits de tonalité romantique. C'est cependant au théâtre, avec des drames mettant en scène les hommes de la société nouvelle (Dictature, 1929 ; les Cadres, 1930 ; Houille, 1931 ; la Bastille de Notre-Dame, 1935), des comédies lyriques sur la jeunesse d'U.R.S.S. (les Filles de notre pays, 1933) et une satire de l'arrivisme (Solo de flûte, 1936) qu'il remporta ses plus grands succès. Il fut arrêté et fusillé en 1937.