Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Marai (Sandor)

Écrivain hongrois (Kassa, aujourd'hui Kosice, 1900 – San Diego 1989).

Après avoir vécu dans sa jeunesse à Vienne, à Berlin, à Francfort et à Paris (où il est correspondant de la Frankfurter Zeitung), il rentre en Hongrie et publie successivement Confessions d'un bourgeois (1934), œuvre autobiographique imprégnée de nostalgie, l'Héritage d'Esther (1938), la Conversation de Bolzano (1940), les Braises (1942), romans qui lui assurent le succès. Mis à l'index par le régime communiste, il émigre en 1948, d'abord en Suisse, puis en Italie et enfin aux États-Unis (1950), où, malade et solitaire, il se suicide en 1989.

Maraini (Dacia)

Femme de lettres italienne (Florence 1936).

Journaliste et essayiste (Femmes en guerre, 1975 ; l'Enfant Alberto, 1986, sur A. Moravia), poétesse (Chères Femmes, 1974 ; Oublié d'oublier, 1982), elle évoque dans ses romans les problèmes du monde contemporain dans une perspective féministe (les Vacances, 1962 ; l'Âge du malaise, 1962 ; Teresa la voleuse, 1972 ; la Vie silencieuse de Marianna Ucria, 1990).

Marais (Eugène Nielen)

Écrivain sud-africain d'expression afrikaans (Pretoria 1872 – Pelindaba, près de Pretoria, 1936).

Influencé par les romantiques anglais et Swinburne (Poésies, 1925-1933), attiré par l'« âme » des êtres et des choses, qu'ils soient termites (l'Âme de la fourmi, 1920, qui inspira Maeterlinck) ou babouins (Citoyens des collines, 1938), il exprime son angoisse devant la vie dans des récits qui baignent dans une atmosphère fantastique (la Maison aux quatre vents, 1933 ; les Lions de Magoeba, 1934) et qui font de lui un des « écrivains maudits » de la littérature sud-africaine moderne.

Maran (René)

Écrivain de la Guyane française (Fort-de-France 1887 – Paris 1960).

Administrateur colonial en Afrique, il fut aussi journaliste, militant de la Ligue internationale pour la défense de la race nègre, et du Comité de défense de la race noire. Son roman Batouala (1921, prix Goncourt) présente une ethnie centre-africaine stagnant dans la « sauvagerie », et face à laquelle l'homme de couleur Maran se sent distancié. Ce véritable roman nègre n'en est pas moins considéré comme annonciateur du mouvement de la négritude, visible notamment dans la véhémence de sa préface, visant le racisme et le colonialisme et qui déclencha un scandale obligeant Maran à démissionner de son poste d'administrateur. Conforme à certains de ses essais, cette anthropologie valide la colonisation « civilisatrice ». Ses récits-fables africains (Djouma chien de brousse, 1927 ; le Livre de la brousse, 1934 ; Bacouya le Cynocéphale, 1953) sont plus ambigus, livrant sous le masque animalier un univers clos, violent, démuni mais assez indépendant du colonisateur blanc.

marathi (littérature)

La littérature en langue marathi (parlée dans le Maharastra et quelques districts du Madhya Pradesh) débute aux environs du Xe-XIe s., sous l'influence de sectes religieuses : Mahanubhav, Adinath et Adinarayan. C'est une littérature principalement religieuse, poétique et narrative. Jnanesvar (fin XIIIe s.), père de l'abhanga (poème lyrique et dévotionnel), est le fondateur de la bhakti. Namdev, Eknath et Tukaram, poètes de la secte Varkari, développent à sa suite une poésie empreinte d'idées de pureté et de fraternité. Ramdas (1608-1681), guide spirituel de l'empereur Sivaji, éveille les sentiments nationalistes. La littérature mystique fait place alors à une poésie narrative et raffinée (Sridhar Pandit), tandis que Moropant (1729-1794) déploie une inspiration épique dans un style très sanskritisé. Le XVIIIe s. voit s'épanouir la prose marathi : les bakhar (chroniques historiques), les lavani et povada (compositions populaires) fleurissent.

   À partir de 1818, la colonisation britannique provoque, à travers l'établissement d'imprimeries et le développement de l'instruction, une multitude d'adaptations, de traductions, de grammaires, de dictionnaires. Les écrivains, tel Jotiba Phule (1827-1890), expriment leur besoin de réformes : ainsi Baba Padamji dans le premier roman marathi (Yamuna paryatana, 1857). Jambhekar (1812-1846) crée le premier hebdomadaire, Darpan (1832). La première pièce de théâtre est montée à Sangli en 1843 (Sita svayamvar), mais la majorité des spectacles consistera encore longtemps en des adaptations des grands classiques sanskrits. De 1840 à 1870, la littérature marathi devient un réel véhicule de la pensée indienne. L'historien M. G. Ranade (1842-1901) insiste sur les réformes sociales et économiques. Le théâtre trouve sa voie grâce à Kirloskar (1843-1885). La littérature moderne débute en 1885 avec la poésie de Kesavasut (qui aura pour disciples N. V. Tilak, Gadkari, Katandikar, Balkavi, et plus tard Tambe), et les romans réalistes de H. N. Apte, G. B. Déval, Kolhatkar, Khadilkar. Après 1920, le développement de l'éducation et de l'urbanisation assouplit la rigueur des traditions. Romanciers (Phadke, Khandekar, Madkholkar, Mama Varerkar) et romancières (V. Sirurkar) se familiarisent avec les idées de Marx, Freud, Russell. S. N. Pendse, V. Madgulkar, Bhave, Desai, Savant, Inamdar traitent de sujets variés, tous liés à la vie sociale et aux problèmes ruraux, tandis que le groupe poétique Ravikiran Mandal (Madhav Julian, Giris, Yasvant, S. Ranade, Gokhale, Ghate) s'efforce de rapprocher la poésie de la vie quotidienne.

   Vers 1940, le théâtre connaît un bouleversement : M. G. Ranganekar ose réduire la durée des pièces de six à trois heures. De 1950 à 1970, il retrouvera sa renommée traditionnelle avec Tendulkar, Despande, Kanetkar.

   Si la poésie, avec Anil, devient plus attentive aux recherches formelles et si l'humour (avec C. V. Josi) ou la critique (avec la revue Anustubh) apparaissent comme des genres en plein essor, un certain pessimisme se fait jour chez des poètes comme B. S. Mardhekar, D. Chitre, P. S. Rege, sensibles à la thématique occidentale, alors que prend corps la Dalit Sahitya, la « littérature des opprimés » qui concerne aussi les femmes : Kanyadan (Donnée en mariage, 1978) d'Arvind Gokhle.