Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Breyner Andresen (Sophia de Mello)

Femme de lettres portugaise (Porto 1919 – Lisbonne 2004).

Auteur de poèmes marqués par les paysages méditerranéens (Poésie, 1944 ; Sixième Livre, 1962) et par son engagement politique (Géographie, 1967 ; Duel, 1974), elle a écrit aussi des contes pour enfants.

Březina (Václav Ignác Jebavý, dit Otokar)

Poète tchèque (Počátky 1868 – Jaroměřice 1929).

Figure majeure de la vie littéraire tchèque du début du XXe siècle, il a écrit cinq recueils de vers (les Lointains mystérieux, 1895 ; Aube à l'Occident, 1896 ; les Vents du Pôle, 1897 ; les Architectes du Temple ; 1899 ; les Mains, 1901) et un livre d'essais, la Musique des sources (1903, remanié en 1919). Sa poésie représente un des sommets de la pensée mystique et métaphysique tchèque.

Briçonnet (Guillaume)

Humaniste français (Paris 1472 – Esmans 1534).

Évêque de Meaux (1516), il y créa un cénacle d'humanistes (dont Lefèvre d'Étaples), qui devint l'un des principaux foyers français de l'évangélisme. L'essentiel de l'œuvre de Briçonnet est constitué par sa correspondance avec Marguerite d'Alençon (la future reine de Navarre). La philosophie mystique qu'il y expose est une sorte de religion du pur amour, impliquant l'indifférence aux œuvres et à la connaissance. Elle influencera fortement la doctrine des « libertins spirituels ».

Bridges (Robert)

Poète anglais (Walmer, Thanet, 1844 – Oxford 1930).

Médecin jusqu'en 1882, imprégné de culture classique, légataire de G. M. Hopkins, fasciné par l'expérimentation prosodique, il sera poète lauréat (1913). Ses ambitions mythologiques et son désir de sérénité trahissent une frigidité très victorienne (la Croissance de l'amour, 1876 ; Prométhée et le don du feu, 1883 ; Éros et Psyché, 1885). Ses drames (Néron, 1885 ; le Festin de Bacchus, 1889 ; Achille à Skyros, 1890 ; Déméter, 1904) ont une grandeur rituelle un peu compassée. Ibant obscuri (1913), Britannia victrix (1919) et le Testament de la beauté (1929) traduisent la nostalgie d'un tempérament dionysiaque sous le masque du stoïcisme.

Brigade (la)

terme choisi (à partir de 1549) par Ronsard pour désigner le groupe d'étudiants qui, au collège de Coqueret, s'initiait à la littérature gréco-latine sous l'autorité de Dorat (du Bellay, Baïf, Denisot, Pacate). La Brigade s'élargit ensuite aux étudiants du collège de Boncourt, qui, grâce aux leçons de Buchanan et de Muret, s'efforçaient de renouveler le théâtre par l'imitation des chefs-d'œuvre grecs et latins (Jodelle, Belleau, La Péruse). En 1553, la Brigade devint la Pléiade.

Brillat-Savarin (Anthelme)

Écrivain français (Belley 1755 – Paris 1826).

Son hymne aux sens, la Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante (1825), fut longtemps considéré comme un simple « classique de la table » jusqu'à ce que Barthes en démontre la « modernité ». Sous couvert d'une « ironie de science », l'œuvre met à nu les ressorts des plaisirs de bouche tout en affirmant la jouissance d'une langue qui, dans sa prolixe inventivité, montre, comme le dit l'auteur lui-même, « l'alliance intime qui a toujours existé entre l'art de bien dire et l'art de bien manger ».

Bringsvaerd (Tor Age)

Romancier norvégien (Skien 1939).

Il est avec Jon Bing, son collaborateur habituel, le principal représentant de la science-fiction en Norvège : les Nouvelles Aventures de Marco Polo (1980). Il a derrière lui une impressionnante production littéraire, touchant à de multiples genres : pièces de théâtre, scénarios, essais, romans, nouvelles, livres pour la jeunesse (Probok, 1969 ; Bazar, 1970 ; l'Homme aux gâteaux et les filles apaches, 1972 ; Minotaure, 1980 ; Ker Shees, 1983 ; le Rocher de verre, 1973), et a reçu de nombreux prix littéraires. Avec les Bouffons des Rois Mages (1996), il offre au divin enfant le plus beau cadeau, celui de la joie et du rire.

Brinkmann (Rolf Dieter)

Écrivain allemand (Vechta 1940 – Londres 1975).

Membre du groupe de Cologne (Nouveau Réalisme), il introduit en Allemagne le pop art et la thématique underground. Ses récits et sa poésie (l'Étreinte, 1965 ; Herbe, 1970 ; Vers l'ouest 1; 2, 1975 ; le Film en parole, 1982) expriment cette « sous-culture » de contestation, de libération sexuelle, de drogue et de rock, qui a fasciné une partie de la jeunesse occidentale à la fin des années 1960. La désillusion et la crise ne devaient cependant pas tarder. Brinkmann est mort au moment où il était reconnu comme un vrai poète par les critiques qu'il insultait (Marcel Reich-Ranicki).

Brion (Marcel)

Écrivain français (Marseille 1895 – Paris 1984).

Esprit marqué par le romantisme allemand (l'Allemagne romantique, 4 tomes : 1962-1963-1977-1978), il a mené une double carrière d'historien de l'art et de romancier fantastique (les Escales de la haute nuit, 1942 ; la Chanson de l'oiseau étranger, 1958 ; Algues, 1976). Depuis la Folie Céladon (1935) jusqu'à la Fête de la tour des âmes (1974) et le Château de la princesse Ilse (1981), il tente une mise en images romanesque des thèmes qu'il décrypte dans ses études sur la peinture (Giotto, 1929 ; Kandinsky, 1961), la politique (Machiavel, 1948), la musique (Mozart, 1955), le sacré (le Sacré et sa représentation, 1968). Son œuvre forme une réflexion, assez syncrétique, sur le concept de civilisation, et sur son acception européenne en particulier.

Brisset (Jean-Pierre)

Écrivain français (La Sauvagère, Orne, 1837 – La Ferté-Macé 1919).

Fils de journalier, successivement garçon pâtissier, militaire, inventeur, professeur de langues vivantes, employé aux Chemins de fer, ce polygraphe monomaniaque fait partie du panthéon de ceux que l'on considère volontiers comme des fous littéraires. La gloire lui vient en 1913 lorsqu'il est élu prince des penseurs par une bande de farceurs – Jules Romains en tête – en tant que « Rénovateur de la philosophie biologique, des sciences religieuses et de la philologie ». Son œuvre – la Grammaire logique (1878 et 1883), Le mystère de Dieu est accompli (1890), les Origines humaines (1913), la Science de Dieu (1900) – répand la bonne nouvelle, preuves à l'appui : « L'homme descend de la grenouille. » Ses divagations sur la langue française, véritable kabbale phonétique, exercent un étrange pouvoir de fascination. André Breton ne s'y était pas trompé qui a inclus Brisset dans son Anthologie de l'humour noir.