Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K

Kalidasa

Poète et auteur dramatique indien de langue sanskrite.

Ce brahmane s'ivaïte et adepte du Vedanta faisait partie, selon la tradition des « neuf joyaux » (nava-ratna), de la cour du roi Vikramaditya de Ujjayini : l'identification de ce roi avec Candragupta II placerait le poète aux IVe-Ve siècles. D'autres font vivre Kalidasa au VIe s. Son élégie de 111 stances, le Meghaduta (le Nuage messager), met en scène un Yaksa, sorte de demi-dieu, exilé par le dieu des Richesses dans les montagnes du centre de l'Inde, loin de sa bien-aimée, demeurée à Alaka, au pied de l'Himalaya. Le Yaksa demande à un nuage qui passe au-dessus de la montagne d'aller porter un message à sa belle et lui décrit la route qu'il devra parcourir, à l'aide de métaphores, d'allusions mythologiques. Kalidasa a écrit aussi une épopée lyrique, le Kumarasambhava (Naissance du dieu Kumara), des biographies poétiques, le Raghuvamsa (Lignée de Raghu) ainsi qu'un drame sanskrit fameux, S'akuntala.

Kalisky (René)

Écrivain belge de langue française (Bruxelles 1936 – Paris 1981).

De Trotsky, etc. (1969) à Sur les ruines de Carthage (1980), en passant par le Pique-nique de Claretta (1973) et Dave au bord de la mer (1978), sa théorie s'est alimentée à la pratique de son écriture théâtrale et à son expérience d'auteur « joué » (notamment par Vitez). Deux concepts y dominent : le surtexte, « capacité de dépasser au niveau du texte le jeu théâtral » et de surmonter la convention théâtrale ; le surjeu (impliqué par le surtexte puisque celui-ci offre sa propre dramaturgie), qui permet à l'acteur d'échapper aux contraintes traditionnelles de l'« interprétation » d'un rôle. Il écrivit aussi des essais sur Israël et le monde arabe.

Kallas (Aino)

Femme de lettres finlandaise de langue finnoise (Viipuri 1878 – Helsinki 1956).

Elle vécut en Estonie, puis à Londres. L'histoire et la mythologie des pays baltes ont inspiré ses romans (Barbara von Tisenhusen, 1923 ; le Prêtre de Reig, 1926 ; la Fiancée du loup, 1928). La guerre, dont elle fit l'expérience tragique (ses proches y périrent), lui inspira les poèmes poignants du Cygne de la mort (1942) et de Sur le bûcher (1945). On lui doit aussi une série d'œuvres autobiographiques (Journaux, 1952-1954).

Kamal (Charif Baïguildiev, dit)

Écrivain tatar (Pichlia 1884 – Kazan 1942).

Fils d'un mollah, tour à tour ouvrier, pédagogue et journaliste, il dénonça dans des récits (le Nid du corbeau ; le Député, 1910 ; Chez les autres, 1911 ; les Mouettes, 1915) et une comédie (le Mariage de Hadji-Effendi, 1915) l'exploitation des travailleurs et la corruption des milieux bourgeois. Rallié à la Révolution, il retraça dans des romans (Aurore, 1927 ; Quand naît ce qui est beau, 1937) et de nombreux drames (le Feu, 1928 ; Au-delà du brouillard, 1934) le lent éveil des masses tatares et les conflits de la collectivisation et du monde industriel.

Kamasutra

Recueil d'aphorismes sanskrits sur l'amour de Vatsyayana aux IVe-Ve s. Il contient des instructions sur le mariage, la conception, la situation des courtisanes, les coutumes et les usages du temps ainsi que des recettes magiques.

Kaminski (Ester Rokhl)

Actrice, surnommée « la mère du théâtre yiddish » (Porozovo, Biélorussie, 1870 – Varsovie 1925).

Elle débuta à Varsovie (1892) dans une pièce de Goldfaden. Créatrice de la « Troupe littéraire » (1907-1909), qui mit en scène Gordin et Pinski, puis de la « Troupe unifiée » (1909), elle entreprit de nombreuses tournées aux États-Unis (1909-1911) et en Europe (Londres et Paris en 1913), jouant aussi bien Ibsen que Molière ou Sudermann. L'unique théâtre yiddish de Pologne porte aujourd'hui son nom.

Kamo No Chomei

Poète japonais (1155 ? – 1216).

Remarqué pour son talent poétique, il fut rattaché en 1201 au Bureau de la poésie établi par l'empereur Gotoba. Déçu cependant de n'avoir pu obtenir la charge qu'il espérait, il se fit moine vers 1204 et se retira dans un ermitage où il rédigea plusieurs œuvres de premier plan, parmi lesquelles le célèbre Hojo-ki (Notes de ma cabane de moine), que la densité de la réflexion, la fermeté et la pureté de style élèvent au rang des chefs-d'œuvre incontestables de toute la littérature japonaise.

Kanafani (Ghassan)

Écrivain palestinien (Saint-Jean-d'Acre 1936 – Beyrouth 1972).

Contraint à l'exil en 1948, il s'installa à Damas puis à Beyrouth, s'engagea dans la résistance palestinienne, milita au M.N.A. puis au F.P.L.P. dès sa fondation et mourut assassiné par les services secrets israéliens. Journaliste et écrivain, il est auteur de nombreuses nouvelles (le Mort du lit numéro 12, 1961 ; la Terre des oranges tristes, 1962 ; un Monde qui n'est pas nôtre, 1965 ; Des hommes et des fusils, 1968). Il a également laissé des romans (Des hommes dans le soleil, 1963 ; Retour à Haïfa, 1969), dont plusieurs inachevés (l'Amant, le Sourd et l'Aveugle), ainsi que des pièces de théâtre (la Porte, 1964) et une Anthologie de la littérature palestinienne (1968).

Kanbara Ariake

Poète japonais (Tokyo 1875 – id. 1952).

Il publia son recueil, Poèmes de l'oiseau du printemps (1905) l'année même où sortit le chef-d'œuvre de traduction de Ueda Bin (1874-1916) : Rumeurs de la mer, anthologie de poètes européens du XIXe siècle, dont Browning, Verlaine, Baudelaire et Mallarmé. Sous cette influence, il s'affirma comme poète symboliste par son Recueil d'Ariake (1908). Avec Susukida Kyurin (1877-1945), il occupe une place déterminante dans l'évolution de la poésie japonaise, de la « poésie de forme nouvelle » (de la génération de Shimazaki) vers la poésie moderne.

Kancev (Nicolas)

Poète bulgare (Bjalavoda 1937).

« Brûler la toile de teintes terribles, sans être cru. Donner au monde poids et volumes les plus précis. Toucher le fond, jusqu'aux abîmes de la folie », écrit-il dans son poème sur Van Gogh. Auteur de scénarios pour la télévision et le cinéma, traducteur, Kancev a créé un style nouveau dans la poésie contemporaine bulgare. Ses poèmes sobres, bâtis principalement sur l'aphorisme et la parabole, reflètent les passions et les doutes de la génération de l'après-guerre (Présence, 1965 ; Comme le grain de sénevé, 1968 ; Message d'un piéton, 1980).