Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Mascaron (Jules)

Prédicateur français (Marseille 1634 – Agen 1703).

Prêtre oratorien, il connut ses premiers succès de prédicateur à Saumur, lors des controverses entre catholiques et protestants. Nommé évêque, il prêcha l'Avent et le carême à la Cour, à qui il sut plaire car il ne méprisait pas le goût mondain (ce qui lui valut l'amitié de Mlle de Scudéry), et prononça les oraisons funèbres d'Anne d'Autriche, d'Henriette d'Angleterre, du chancelier Séguier et de Turenne (Oraisons funèbres, 1745).

Mascheroni (Lorenzo)

Mathématicien et poète italien (Castagneta, Bergame, 1750 – Paris 1800).

Prêtre, professeur de physique et de mathématiques (1786-1797), membre du gouvernement dans la République cisalpine, il écrivit des épigrammes et des poèmes galants d'inspiration didactique (Invitation à Lesbia Cidonia, 1793).

Masefield (John)

Écrivain anglais (Ledbury, Herefordshire, 1878 – Abingdon 1967).

Sa carrière dans la marine lui inspire ses premiers poèmes (Ballades à l'eau de mer, 1902), puis il s'oriente vers le journalisme et le drame poétique. Un récit de conversion, poème narratif rédigé sur un ton direct, voire trivial, lui apporta la célébrité (l'Éternelle Pitié, 1911). Engagé dans la Croix-Rouge, il servit en France lors de la Première Guerre mondiale qui lui inspira Gallipoli (1917). Auteur de contes pour enfants et de romans d'aventures, il fut nommé poète lauréat en 1930, même si le meilleur de son œuvre poétique était alors derrière lui.

Massé (Ludovic)

Écrivain français (Evol 1900 – Perpignan 1982).

Instituteur anticonformiste, déplacé d'office en 1940 par le régime de Vichy pour fait de grève, il renonce à l'enseignement et se consacre à l'écriture. Mêlant l'inspiration régionaliste à la vision prolétarienne, il fut le « Giono du Roussillon » et son œuvre apparaît comme la « mémoire poétique du pays nord catalan », marquée toutefois par une dimension universelle. Il laisse en particulier une trilogie paysanne (Ombres sur les champs, 1934 ; la Flamme sauvage, 1936 ; le Vin pur, 1945), une trilogie autobiographique (les Grégoires, 1944-1948), ainsi que le Mas des Oubells (1933), la Terre du liège (1953), les Trabucayres (1955), Contes en sabots (1959), le Refus (1962), Simon Roquère (1969).

Massillon (Jean-Baptiste)

Prédicateur français (Hyères 1663 – Beauregard-l'Évêque, Puy-de-Dôme, 1742).

Membre de l'Oratoire, prêtre (1691), son Carême de l'Oratoire, prêché en 1699, le rendit célèbre et lui ouvrit les portes de la Cour. Il prononça les oraisons funèbres du prince de Conti (1709), du Grand Dauphin (1711) et de Louis XIV (« Dieu seul est grand, mes frères ! »). Évêque de Clermont (1717), il prêcha devant le jeune Louis XV le Petit Carême de 1718, qui passe pour son chef-d'œuvre.

Massinger (Philip)

Auteur dramatique anglais (près de Salisbury 1583 – Londres 1639 ou 1640).

Collaborateur de Dekker (la Vierge martyre, 1620), de Field (la Dot fatale, 1619), de Fletcher surtout (la Traîtresse, 1620), il a donné seul des tragédies et des drames romanesques dans lesquels il plaide pour la limitation des prérogatives royales (la Fille d'honneur, 1621) et sociales (le Serf, 1623 ; Un moyen nouveau de payer de vieilles dettes, 1633). Poète virulent et habile, habité d'un goût presque morbide pour la vertu, il est le dernier des grands auteurs de l'époque élisabéthaine.

Masson (Loys)

Écrivain mauricien de langue française (Rose Hill 1915 – Paris 1969).

Après avoir publié, à Maurice, quelques textes poétiques, il part pour la France en 1939. Entré dans la clandestinité dès 1940, il devient secrétaire de rédaction de Poésie 41. Secrétaire du Comité national des écrivains (1945), rédacteur en chef des Lettres françaises (1946), il se sent mal à l'aise dans sa double appartenance, chrétienne et communiste, et, en 1948, il abandonne le journalisme pour se consacrer à son œuvre : lyrisme métaphysique et engagement vibrant des poèmes (Délivrez-nous du mal, 1942-1946 ; Poèmes d'ici, 1943 ; les Vignes de septembre, 1955 ; la Dame de Pavoux, 1965), fantaisie farfelue (l'Illustre Thomas Wilson, 1948), théâtre (la Résurrection des corps, 1952 ; Christobal de Lugo, 1960), roman d'inspiration autobiographique (l'Étoile et la Clef, 1945), romans maritimes et insulaires (les Mutins, 1951 ; les Tortues, 1956 ; le Notaire des Noirs, 1961 ; les Noces de la vanille, 1962 ; le Lagon de la miséricorde, 1964), romans de l'impossible héroïsme (le Feu d'Espagne, 1965 ; les Anges noirs du trône, 1967). La plupart de ses romans obéissent à une structure réflexive : un narrateur revient sur son passé pour y élucider une culpabilité latente. Le héros est souvent un enfant orphelin, trahi par la génération des pères, choisissant la révolution, transgressant les interdits sociaux et raciaux, avant d'être mis à mort tel un nouveau Christ. Loys Masson a choisi l'exil, mais ses romans le ramènent à ses rêves de jeunesse : combattre pour la libération de la « race de Caïn ».

Masson (Auguste Michel Benoît Gaudichot-Masson, dit Michel)

Écrivain français (Paris 1800 – id. 1883).

Fils d'ouvrier, il exerça une multitude de petits métiers avant qu'une œuvre prolixe et soutenue par une vogue populaire lui permette de vivre de sa plume. Il donna de nombreux romans, reproduits dans les publications illustrées (Contes de l'atelier, 1832 ; Souvenirs d'un enfant du peuple, 1838-1841 ; les Drames de la conscience, 1866), et écrivit, le plus souvent en collaboration avec Scribe, Anicet Bourgeois ou Dennery, des drames et des vaudevilles.

Masters (Edgar Lee)

Poète américain (Garnett, Kansas, 1869 – Melrose Park, Pennsylvanie, 1950).

Son Anthologie de Spoon River (1915), recueil d'épitaphes imaginaires du cimetière d'un petit village du Middle West, tisse l'histoire fragmentaire d'une communauté placée sous le signe de la ruine. Régionaliste, l'œuvre rompt cependant avec les conventions du genre tant sur le plan de la forme (une prose cadencée) que sur celui du réalisme psychologique.

Mastronardi (Lucio)

Écrivain italien (Vigevano, Pavie, 1930 – noyé dans le Ticino 1979).

Ses brefs romans dialectaux évoquent les bouleversements économiques et sociaux de sa petite ville lombarde : une forte émigration méridionale et le passage de l'artisanat à l'industrie (le Cordonnier de Vigevano, 1959 ; l'Instituteur de Vigevano, 1964, le Méridional de Vigevano 1964 ; l'Assureur, 1975). Souffrant de dépression nerveuse, il se suicida.