Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Cydonès (Démétrios)

Théologien et écrivain byzantin (Thessalonique v. 1324 – en Crète, v. 1400).

Ministre et ami de Jean Cantacuzène, il fut partisan de l'union des Églises latine et orthodoxe et fit de longs séjours à Milan. Il traduisit en grec la Somme de saint Thomas d'Aquin et composa un éloge des morts de la guerre civile de 1346 à Thessalonique. Il a laissé une abondante Correspondance.

Cynewulf

Poète anglo-saxon de la seconde moitié du VIIIe s., dont la signature runique figure dans les manuscrits d'Exeter et de Vercelli début XIe s.).

Ses poèmes et sermons (le Christ ou l'Ascension, le Destin des Apôtres) ont des adaptations des légendes miraculeuses de l'Orient chrétien. L'originalité de ses hagiographies est de prendre pour sujet des femmes (Sainte Julienne, Sainte Hélène).

Cyprien (saint) , en latin Thascius Caecilius Cyprianus

Père de l'Église latine (Carthage v. 200 – id. 258).

Venu du paganisme, ce rhéteur fut élu évêque de Carthage en 248 ; il échappa à la persécution de Dèce en 250, mais subit le martyre lors de celle de Valérien. Il composa de nombreux traités de théologie et de morale, dont le plus célèbre (De Lapsis) est consacré aux chrétiens apostats. Sa correspondance, constituée surtout de lettres pastorales, est un document de premier ordre sur la tourmente des persécutions.

Cyrano de Bergerac (Savinien de)

Écrivain français (Paris 1619 – id. 1655).

De petite noblesse, il entra dans l'armée, qu'il quitta en 1641, à la suite d'une grave blessure reçue au siège d'Arras. Ami de Chapelle, de Tristan L'Hermite et de Dassoucy, il vécut une vie de libertin qui mêlait hardiment liberté sexuelle, indifférence aux dogmes religieux et libre exercice d'une philosophie où la raison devait triompher. En véritable déniaisé, Cyrano écrit en 1645 une comédie, le Pédant joué, et une tragédie en 1653, la Mort d'Agrippine, où les répliques machiavéliennes de Sejanus firent scandale. Mêlé à la Fronde sans que l'on sache toujours s'il est ou non l'auteur de certaines mazarinades, il écrit un roman philosophique utopique, l'Autre Monde ou les Estats et Empires de la Lune, achevé en 1649 et suivi, en 1650, des Estats et Empires du Soleil. Ce voyage imaginaire, dans la lignée utopique de Thomas More, permet à l'auteur d'exposer ses doutes et ses refus à l'égard de la tradition religieuse et de l'argumentation théologique. Au-delà de la fantasmagorie (celle d'un monde où l'on se nourrit d'odeurs et où la poésie sert de monnaie) se révèlent des vues d'une rare audace sur l'homme au sein de l'univers. L'anthropomorphisme et le géocentrisme de la philosophie officielle sont ainsi déplacés et violentés par une narration qui détruit les idées reçues et les perspectives admises jusque-là. Dans ses romans comme dans ses Lettres, Cyrano de Bergerac invente, en effet, une écriture qui joue à la fois de la dissimulation et de la provocation. Dans un jeu polémique, souvent burlesque, il ruse et déjoue la censure, en noyant derrière l'extravagance, la pointe et le pur jeu verbal, une philosophie libertine radicale. Invitant le lecteur à décrypter les messages les moins autorisés et les plus scandaleux, l'auteur libertin écrit le non-dicible, l'interdit, dans un espace de jeu complexe et souvent indécidable entre l'épistolier (ou le narrateur) et ses lecteurs virtuels. Cyrano de Bergerac est habité par le sentiment de la liberté, comme Théophile de Viau et Tristan l'Hermite. Assis entre les deux infinis, il oublie d'être angoissé. Il rêve aux changements possibles et défend, dans l'exercice d'une philosophie joyeuse, l'essence même et les conditions d'existence de la science et de la philosophie. Avide d'indépendance intellectuelle, il relit Montaigne, Campanella, Gassendi et Descartes dans une autonomie de pensée qu'il a dû d'ailleurs parfois masquer, ce que montrent les études les plus récentes à partir des manuscrits originaux. Tout ce qui n'admet pas le mouvement déplaît à ce poète de l'ailleurs, ce précurseur anticonformiste qui s'impose comme un ennemi de tous les enfermements.

Cyrille (saint)

Patriarche d'Alexandrie (Alexandrie v. 376-380 – id. 444).

Défenseur de l'orthodoxie contre Nestorius, qu'il fit condamner lors du concile d'Éphèse (431), il fut un moment déposé par Théodose II. Il est à la base de l'expression du dogme chrétien de l'Incarnation. Dans son Commentaire sur Isaïe, il définit la culture « comme la vérité donnée par les préceptes évangéliques ». L'imprudente formule qu'il emprunta à Apollinaire (« Une est la nature du Verbe divin incarnée ») fonde la christologie monophysite.

Cyrille et Méthode (saints)

Apôtres des Slaves, Cyrille (Thessalonique v. 827 – Rome 869), Méthode (Thessalonique v. 825 – Velegrad 885).

Frères, ils furent chargés par l'empereur byzantin de convertir la Moravie. À cet effet, ils traduisirent dans le dialecte du Sud bulgaro-macédonien la Bible et la liturgie grecque, créant de toutes pièces une écriture dite « glagolitique » et dotant la Bulgarie de la première littérature nationale slave.