Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
I

Ibn Fadlan (Ahmad)

Écrivain arabe (début du Xe s.).

Il n'est connu que par le récit qu'il fit d'une ambassade auprès des Bulgares de la Volga : c'est un extraordinaire document sur la vie des peuples rencontrés, y compris les Turcs et les Russes au Xe siècle.

Ibn Gabirol (Salomon)

Philosophe et le plus grand des poètes hébreux espagnols (Malaga 1020 – Valence 1057).

Il passa la plus grande partie de sa vie à Saragosse et mourut à l'âge de 37 ans. Sa poésie profane intègre les principes de la poétique arabe avec un naturel parfait pour atteindre son sommet dans les poèmes consacrés à son mécène, Jequtiel Ibn Hassan, ainsi que dans des poèmes personnels traitant la sagesse divine et la présence effrayante de la mort. Sa poésie sacrée innove sur le plan prosodique – il utilise pour la première fois des structures strophiques très élaborées – et sur le plan thématique : il est le premier poète à aborder les sentiments de l'individu, seul, face à Dieu. Or, la problématique nationale de la dispersion et du salut, existant déjà dans l'ancien Piyyut, est traduite dans sa poésie par la lecture allégorique du Cantique des Cantiques. Auteur de l'ouvrage philosophique la Source de la vie (Fons Vitae), il exprime sa vision globale de l'univers dans la Couronne de Royauté, un chef-d'œuvre poétique destiné au Yom Kippur.

Ibn Hazm (Abu Muhammad Ali ibn Ahmad)

Philosophe et écrivain arabe (Cordoue 994 – Manta Licham 1064).

Fils de hauts dignitaires du régime omeyyade d'Andalousie, il subit dès l'adolescence les vicissitudes de sa famille, qu'éprouvait la chute du califat. Ses prises de position combatives, un non-conformisme exaspéré lui valurent plusieurs fois la prison et définitivement la disgrâce politique, outre la haine des fuqaha (« légistes ») auxquels l'opposait la rigueur de son zahirisme (doctrine préconisant une exégèse littérale du Coran). De fait, ce fut l'un des grands penseurs arabes. Du point de vue littéraire, il a laissé une œuvre remarquable, le Collier de la colombe, sur l'amour et les amoureux. L'ouvrage fait suite à ceux d'Ibn Dawud et d'al-Husri, qui composèrent sur le même sujet. Cependant, son originalité, il la tient par le choix d'une matière résolument andalouse, voire autobiographique, disposée selon une systématique, depuis la naissance de l'amour jusqu'à l'union ou la séparation définitives des amants.

Ibn Khaldun (Abd al-Rahman ibn Muhammad)

Écrivain arabe (Tunis 1332 – Le Caire 1406).

Il est resté célèbre pour son Introduction à son œuvre historique, qui a fait de lui l'un des meilleurs théoriciens arabes. Son projet s'inscrit en effet dans une double perspective : un panorama général des sciences et une saisie globale du phénomène social, l'histoire venant prendre, au sein de l'un et de l'autre, la place d'une discipline privilégiée, dépositaire des lois qui régissent l'apparition et le déclin des civilisations. Sa démarche, fondée sur l'observation et hostile à toute philosophie spéculative, se place au carrefour de ce que l'on appelle aujourd'hui les « sciences humaines », dont Ibn Khaldun peut apparaître, à bon droit, comme l'un des inventeurs et que sa pensée embrasse dans une vision dialectique de l'histoire, étonnamment moderne dans sa formulation.

Ibn Qays al-Ruqayyat (Ubayd Allah)

Poète arabe (né v. 642).

Très engagé dans les luttes tribales et politiques, il doit pourtant sa célébrité à des poèmes d'amour, à la fois érotiques et courtois, à la manière d'un 'Umar Ibn Abi Rabi'a.

Ibn Qutayba (Abu Muhammad Abdallah ibn Muslim)

Écrivain arabe (Kufa 828 – Bagdad 889).

L'un des grands prosateurs et l'un des premiers à s'engager dans des ouvrages raisonnés de type encyclopédique, à enregistrer les diverses composantes de la culture arabe, y compris sa littérature, de manière à en faciliter l'accès aux gens cultivés de son époque. Sur environ les seize écrits qui nous sont parvenus, il convient peut-être d'en retenir ceux-ci : le Livre de la poésie et des poètes et les Sources des akhbar, le khabar (plur. akhbar) désignant ici une anecdote rapportée. Ils fournissent, l'un pour la poésie, l'autre pour la prose, une bonne idée des capacités d'analyse et de synthèse de leur auteur. Ibn Qutayba a en effet systématisé des procédés qui ont été mis en place par ses prédécesseurs (Ibn al-Muqaffa', al-Djahiz), profitant au passage de l'héritage moyen-oriental (grec, persan, biblique). Ses principales innovations, ses prises de positions se trouvent concentrées dans les introductions, souvent longues et fort intéressantes, qu'il a données à presque tous ses ouvrages.

Ibn Rachiq (Abu Ali Hasan)

Écrivain arabe (M'sila, Constantine, 1000 – Mazara 1070).

Formé à Kairouan, la capitale politique et intellectuelle de la Tunisie de ce temps, il devint une sorte de poète officiel, célèbre dans tout l'Occident musulman, côte à côte avec son grand rival Ibn Charaf, et comme lui théoricien de l'art poétique (al-'Umda) : l'art doit l'emporter sur l'inspiration ; l'idée (al-ma'na) n'est rien sans les mots (al-lafz) ordonnés par le rythme (al-wazn) et la rime (al-qafiya).

Ibn Tufayl

Écrivain et penseur andalou (Cadix début du XIIe s. – Marrakech 1185).

Il est l'auteur du roman philosophique Hayy Ibn Yaqzan (Vivant fils d'éveillé). Enfant né dans une île isolée, soit par génération spontanée, soit d'une mère qui l'abandonna, le héros découvre peu à peu les réalités de sa propre personne, du monde et de l'esprit. Il adhère ensuite à la loi religieuse. Leibniz appréciait « l'excellent livre du philosophe autodidacte », traduit en latin dès 1671, et qui n'est pas sans affinités avec Robinson Crusoé ou l'Émile.

Ibn Zaydun (Abu l-Walid Ahmad)

Poète arabe (Cordoue 1003 – Séville 1070).

De naissance aristocratique, il occupa de hautes fonctions auprès des princes de Cordoue et de Séville. Parallèlement, il s'adonna aux lettres et composa divers essais et quelques épîtres mordantes. Mais c'est sa poésie qui a fait sa gloire. À côté de longues pièces classiques, on doit à Ibn Zaydun de courtes improvisations plus originales, et surtout une série de poèmes d'amour inspirés par la princesse umayyade Wallada.