Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
H

Howard (Robert Erwin)

Écrivain américain (Peaster 1906 – Cross Plains 1936).

Individu solitaire et introverti, ne sortant presque jamais de chez lui, il se suicida à trente ans, après quinze années d'une carrière littéraire extraordinairement féconde qui fit de lui l'un des principaux représentants américains du récit fantastique. Il est surtout connu pour son personnage de Conan, archétype des héros d'« heroic fantasy ». Howard créa, outre Conan, toute une galerie de personnages solitaires à qui leur énergie et leur instinct, souvent proche de l'animal, permettent de réagir et de survivre dans des univers baroques imprégnés de violence et de mort : le Roi Kull, Solomon Kane, Sonya la Rouge, Steve Costigan, Bran Mac Morn, Cormac Mac Art.

Howe (Susan)

Poétesse américaine (Boston 1937).

De ses débuts de peintre (Museum of Fine Arts, Boston), Howe évolue vers des toiles où le texte domine de plus en plus. Ses recueils les plus significatifs (les Libertés, 1980 ; Silence pythagoricien, 1982 ; la défenestration de Prague, 1983) se distinguent par la conviction de l'inscription du moi dans l'histoire et de l'histoire dans le moi. L'expérimentation linguistique met en évidence les références et les correspondances entre public et privé, dans une angoisse venue d'une enfance placée sous le signe de la guerre et des images de l'Holocauste. Dans la tradition d'Emily Dickinson, dont elle a livré des lectures passionnantes (Mon Emily Dickinson, 1985), elle se fait une poétique de la voix originale et de la lecture libre : « Catégories et hiérarchies impliquent propriété. Ma voix, formée par ma vie, n'appartient à personne d'autre. Ce que je mets dans des mots n'est plus à moi. Une possibilité s'ouvre alors. »

Howells (William Dean)

Écrivain américain (Martins Ferry, Ohio, 1837 – New York 1920).

Autodidacte, imprimeur et journaliste, il fut directeur de l'Atlantic Monthly (1871-1881), où il défendit un réalisme modéré qui n'exclut pas la notation moralisatrice. Souvent critiqué pour cette timidité esthétique, il est cependant le promoteur d'une psychologie intimiste qui ouvre à une observation fidèle des détails quotidiens (Leur voyage de noces, 1872 ; Une connaissance de hasard, 1873 ; la Dame de l'Aroostook, 1879 ; l'Ascension de Silas Lapham, 1885 ; Été indien, 1886 ; Annie Kilburn, 1888 ; le Hasard des nouvelles fortunes, 1890). Ses séjours à New York lui révélèrent le poids des problèmes sociaux, particulièrement notés dans le Don de la pitié (1892). À l'arrière-plan du réalisme perce cependant une tentation utopiste, sensible dans Un voyageur d'Altruria (1894) et Par le chas de l'aiguille (1907). On lui doit aussi des pièces de théâtre, des recueils poétiques, des essais, notamment Critique et fiction (1891), où il défend l'idée d'un art démocratique, fondé sur la perception d'une Amérique « moyenne ».

Hrabal (Bohumil)

Écrivain tchèque (Brno 1914 – Prague 1997).

Docteur en philosophie et en droit, il exerça plusieurs métiers avant de publier son premier livre (Paroles d'hommes, 1956). Avec la Petite Perle du fond (1963), Cours de danse pour adultes et élèves avancés (1964), Trains étroitement surveillés (1965), Vends maison où je ne veux plus vivre (1967), il acquiert la célébrité et devient un des auteurs tchèques les plus lus dans son pays. Interdit de publication pendant quelque temps à la suite de son adhésion au « manifeste des deux mille mots » (1968), il sera publié à l'étranger (Moi qui ai servi le roi d'Angleterre, 1971) jusqu'à son ralliement à la nouvelle Union des écrivains tchèques (Une trop bruyante solitude, 1975 ; Tendre Barbare, 1978).  Il publie en 1990 une trilogie autobiographique, les Noces dans la maison.

Hrabovskyï (Pavlo Arsenovytch)

Poète ukrainien (Pouchkarne 1864 – Tobolsk 1902).

Séminariste, il participe aux activités du cercle populiste « Partage noir » et passe vingt ans en déportation. Continuateur de Chevtchenko, il se fait, dans l'esprit de Nekrassov et Tchernychevski, le champion d'un art engagé. Lyrique et civique, sa poésie, qui sera publiée par les soins d'I. Franko, associe à sa souffrance de l'exilé celle de l'Ukraine et de ses travailleurs, tout en appelant à la solidarité avec les adversaires de l'autocratie (Perce-neige, 1894 ; Du Nord, 1896 ; la Kobza, 1898).

Hrant (Melkon Gurdjian, dit)

Écrivain arménien (Hawaw, près de Balou, 1859 – déporté en 1915).

Dans ses lettres d'exil, comme dans ses esquisses villageoises, il a su retrouver le langage des humbles, paysans du Taron ou travailleurs immigrés dans la capitale.

Hrebinka (Ievhen Pavlovytch)

Écrivain ukrainien (Marianovska 1812 – Saint-Pétersbourg 1848).

De petite noblesse, il se lia aux écrivains de l'« école naturelle », et dénonça, en des fables inspirées du folklore, l'arbitraire des propriétaires et des fonctionnaires (Proverbes ukrainiens, 1834). Il est aussi l'auteur, en russe, de récits historiques et de nouvelles réalistes évoquant la société ukrainienne (le Courlis, 1841 ; Tchaïkovski, 1843 ; Aventures d'un assignat bleu, 1847).

Hristov (Kiril)

Poète, écrivain et dramaturge bulgare (Stara Zagora 1875 – Sofia 1944).

Une extrême sensibilité et une très grande vitalité conditionnent une prédisposition à un hédonisme provocant chez lui, perçu comme une menace par l'esprit traditionnel. Novateur dans le domaine de la poétique, privilégiant le jeu des moindres nuances et changements de sensations, il donne libre cours à sa soif d'autonomie individuelle et à son esprit vagabond. Très marqué par l'impressionnisme , son vers léger et délicat témoigne d'un fort penchant pour la contemplation et le recueillement. Sensible aux mystères de la nature et de l'âme, le poète rend avec bonheur la beauté fugitive de l'instant (Chants et soupirs, 1896 ; Frissons, 1897).

Hrotsvitha von Gandersheim
ou Roswitha von Gandersheim

Poétesse allemande (entre 935 et 980).

D'origine noble, nonne au couvent de Gandersheim, près de Brunswick, elle a écrit, en latin, deux poèmes historiques (notamment la Gesta Oddonis I imperatoris en 1 500 hexamètres), des légendes et six comédies (plus exactement des dialogues) en prose rythmée mêlée de vers, sur des sujets empruntés à Térence mais réinterprétés selon la morale chrétienne. Cette œuvre fut redécouverte par les humanistes et publiée par Konrad Celtes en 1501 : elle atteste, par les sujets comme par la forme, le haut degré de culture atteint au Xe s. dans les couvents allemands.