Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Weise (Christian)

Écrivain allemand (Zittau 1642 – id. 1708).

Weise fut l'auteur de nombreuses poésies (Pensées superflues de la jeunesse florissante, 1668-1674), ainsi que de romans didactiques mêlés d'éléments picaresques (les Trois Pires Archi-bouffons de la terre, 1672). Recteur du collège de Zittau (1678), convaincu des mérites pédagogiques du théâtre scolaire, il transposa en milieu protestant la tradition jésuite de représentations données par les élèves. Il composa à cet effet un nombre considérable de tragédies bibliques ou historiques (Masaniello, 1683), des farces et des comédies (le Paysan machiavélique, 1679 ; la Méchante Catherine, 1693).

Weisenborn (Günther)

Écrivain allemand (Velbert, Rhénanie, 1902 – Berlin 1969).

Après avoir séjourné en Argentine comme ouvrier agricole et à New York comme reporter, il rentre en Allemagne où il est arrêté par la Gestapo en 1942, avant d'être libéré par les Russes en 1945 (Mémorial, 1948). Il fonda le théâtre Hebbel à Berlin en 1947. On lui doit des nouvelles (la Fille de Fanö, 1935 ; Bâti sur le sable, 1956), des pièces de théâtre (Sous-marin S4, 1928 ; les Illégaux, 1946 ; Trois Respectables Messieurs, 1951), des romans (Barbares, 1931 ; Bâti sur le sable, 1956 ; l'Exécuteur, 1961) et des récits de voyages (Mémorial, 1964).

Weiss (Ernst)

Écrivain autrichien (Brünn 1884 – Paris 1940).

Installé à Berlin, il émigra en 1933 en Tchécoslovaquie puis en France. Il se suicida lors de l'entrée des troupes allemandes à Paris. Ami de Kafka, de Freud et de Schnitzler, il peignit dans des romans expressionnistes l'esclavage de l'homme dominé par sa sensibilité (la Galère, 1913 ; la Lutte, 1916 ; Animaux enchaînés, 1918 ; Homme contre homme, 1919). Traducteur de Maupassant, il évolua vers une forme de récit qui combine le roman médical et le roman policier (le Médecin de la prison, 1934).

Weiss (Konrad)

Écrivain allemand (Rauenbretzingen, Würtemberg, 1880 – Munich 1940).

Critique d'art et de littérature, il se place dans la tradition mystique, gothique et romantique dont il voyait les prolongements dans l'expressionnisme. Il excelle avant tout par sa poésie où, dans une langue dense, pure et imagée, confinant à l'ésotérisme, il parle des rapports de l'homme à son Dieu et exprime sa foi profonde (Tantum dic verbo, 1919 ; la Sibylle de Cumes, 1921 ; le Cœur du mot, 1929 ; l'Empire du sens de la terre, 1939). Il peut être considéré comme un des écrivains catholiques les plus représentatifs de ce siècle.

Weiss (Peter)

Écrivain suédois d'origine allemande (Nowawes, auj. Potsdam-Babelsberg, 1916 – Stockholm 1982).

C'est au théâtre qu'il se consacre, influencé par l'esthétique brechtienne : dans la Persécution et l'Assassinat de Jean-Paul Marat (1964, ou encore Marat-Sade), il obtient l'effet de distanciation en faisant représenter la mort de Marat « par la troupe des acteurs de l'hospice de Charenton sous la direction de Monsieur de Sade ». Il affirme alors la nécessité pour l'écrivain de l'engagement politique (Dix Points de travail d'un auteur dans le monde partagé, 1965). Voulant mettre l'art au service de la révolution, Weiss expérimentera par la suite d'autres formes : théâtre documentaire (l'Instruction, 1965) ou d'agitprop (le Chant du grand épouvantail lusitanien, 1967 ; Viet Nam Diskurs, 1968), avant de revenir à des schémas plus conventionnels (Trotski en exil, 1970 ; Hölderlin, 1971). En prose, avec les trois volumes du « roman » Aesthetik des Widerstands (1975-1981), il rédige une « biographie rêvée », testament spirituel et clé de son œuvre.

Welhaven (Johan Sebastian)

Poète norvégien (Bergen 1807 – Christiania, auj. Oslo, 1873).

Son premier ouvrage, intitulé le Crépuscule de la Norvège (1834), est un poème polémique dirigé contre ceux qui veulent nier l'apport danois et retrouver une culture authentiquement norvégienne. Poèmes (1838) laisse place à la nature ; Nouveaux Poèmes (1844) se compose de romances et de ballades sur des sujets empruntés à la mythologie nordique et aux traditions populaires norvégiennes.

Wells (Herbert George)

Écrivain anglais (Bromley, Kent, 1866 – Londres 1946).

Issu d'un milieu modeste, il connaît la gêne et la maladie avant que son premier roman, la Machine à explorer le temps (1895), ne lui ouvre la voie du succès. Ce roman d'anticipation représente la lutte des classes sous l'allégorie de la dévoration des Eloïs par les Morloks. Ces êtres asexués, sans art ni industrie, sont rendus passifs par les Morloks, qui, les nuits sans lune, sortent de leur trou pour s'en nourrir. La Machine marque le début d'une série de romans de science-fiction : l'Île du docteur Moreau (1896), les Premiers Hommes dans la Lune (1901) mais aussi l'Homme invisible (1897), dont le corps, s'il jouit de la puissance que lui confère son invisibilité, n'en reste pas moins en butte avec le monde. Pour Wells, ce n'est que dans la mort que l'être connaît l'harmonie du monde. Avec la Guerre des mondes (1898), premier roman de science-fiction à imaginer une invasion extra-terrestre d'origine martienne, Wells nous donne à voir une anticipation du mondialisme. À partir de 1900, il dépeint boutiquiers et petits-bourgeois selon une veine sociale et comique héritée du XVIIIe siècle. Dans Kipps (1905), un jeune employé fait un héritage, mais trouve finalement le bonheur avec une femme de sa classe et se ruine. Tono-Bungay (1909) retrace l'ascension sociale d'un aimable charlatan qui s'enrichit en vendant « la chose la moins chère dans la bouteille la plus chère ». Ann Veronica (1909) aborde l'inévitable question de la femme moderne dans son désir de s'épanouir par-delà les préjugés. Jeune auteur aux tendances progressistes, Wells participe aux activités de la Fabian Society (1903-1909). Mais, bientôt brouillé avec Shaw, il caricature les Webb, cheville ouvrière du mouvement, dans le Nouveau Machiavel (1911). À partir de 1910, il s'adonne plus spécifiquement à la littérature de propagande et d'idées : écrits politiques, philosophiques ou sociologiques, ambitieux traités historiques, sans compter une abondante œuvre proprement journalistique. Avec le Monde de William Clissold (1926) vient le temps des désillusions, qui succède à l'optimisme originel. Dans l'Esprit à bout de ressources (1945), Wells ne cache plus sa désespérance pour l'espèce humaine.