Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Philippines (suite)

La littérature contemporaine

Le roman contemporain est dominé par N. V. M. González (Children of the Ash Covered Loam, 1954) et Nick Joaquin (Tropical Gothic, 1972) : avec César Aquino (Assault in Dumaguete, 1976), ils traitent de la situation sociale du Philippin moyen, à travers une évocation de ses problèmes quotidiens. Ils se placent ainsi dans une tradition issue de Lope K. Santos (1879-1963), dont les romans en tagalog (Banaag at Sikat [Rayonnement et Resplendissement], 1906) avaient pour but d'« entretenir, apprendre et décrire » la vie philippine. Severino Montano (Speak My Gentle Children, 1971) et Virginia Moreno (Itim Asu [la Louve noire], 1972) comptent parmi les dramaturges les plus joués aujourd'hui aux Philippines. La poésie est illustrée par Virgilio Almario, Federico Espino Licsi, Larry Francia (Sari Manok at iba pang Tula [le « Sari Manok » et autres poèmes], 1976), Alfred Yuson (Icon Corner and Other Poems, 1978). L'essai politico-historique est pratiqué par Renato Constantino, Francisco Sionil José, Carlos Romulo, Carmen Guerrero Nakpil. Il faut noter enfin une abondante et authentique littérature populaire qui paraît sous forme de bandes dessinées.

Phillips (Caryl)

Écrivain britannique (St. Kitts 1958).

Sa famille quitte les Caraïbes alors qu'il a 2 ans, et il passe son enfance à Leeds, dans le nord de l'Angleterre. Enseignant, essayiste (la Tribu d'Afrique, 1987 ; Un nouvel ordre mondial, 2001), romancier et dramaturge (il adapte aussi certains romans à l'écran), il dirige des collections ou des anthologies (Extravagant Stranger, 1997) qui ont permis au grand public d'avoir accès aux textes caraïbes. C'est en tant que membre de la diaspora caribéenne qu'il s'exprime, tant sur la fragilité d'un nouvel État enfin indépendant (Un État d'indépendance, 1986) que sur le passé des plantations qui a façonné les Caraïbes d'aujourd'hui (Cambridge, 1991). Mettant souvent en scène des personnages de tous milieux, femmes ou hommes, Phillips juxtapose et combine souvent les voix, faisant ainsi entendre une diversité de points de vue, tirés du passé comme du présent (la Traversée du fleuve, 1993). Enfin, la nature tragique et proprement irregardable de certaines histoires a conduit l'auteur à se pencher sur l'Holocauste, à travers le parcours d'une jeune femme (la Nature humaine, 1997). Enfin, la fiction de Phillips prend une forme hybride, avec, dans le Bruit de l'océan (2000), un texte qui emprunte autant au roman qu'à l'essai autobiographique.

Phillips (Jayne Anne)

Romancière américaine (Buckhannon, West Virginia, 1952).

Deux romans (Rêves de machines, 1984 ; Refuge, 1995), ainsi que plusieurs recueils de nouvelles (notamment les Petites Chéries, 1976, Billets noirs, 1979 et Voie rapide, 1987) composent une œuvre à la fois impressionnante et irritante : la fin abrupte de la plupart des nouvelles empêche l'accomplissement du contrat narratif et en fait de véritables esquisses du monde de la pauvreté, de la prostitution et de la drogue. Parfois excessivement autoréférentielle, les nouvelles atteignent aussi à une profondeur réelle lorsque Phillips s'intéresse aux traumatismes cachés de la famille américaine moyenne (ainsi de la vie des Hampson de la Grande Dépression aux années 1970 et à la Guerre du Viêt Nam dans Rêves de machines) et donne un commentaire efficace des mythes culturels les plus destructeurs de l'Amérique.

Philombé (Philippe-Louis Ombede, dit René)

Écrivain camerounais (Ngaoundéré 1930 – Cameroun 2001).

Créateur, dès 1957, de journaux, fondateur de l'Association des poètes et écrivains camerounais et de la revue le Cameroun littéraire, il a vécu au Cameroun et a consacré ses romans (Sola, ma chérie, 1966 ; Un sorcier blanc à Zangali, 1969), ses nouvelles (Lettres de ma cambuse, 1964 ; Histoires queue-de-chat, 1971), son théâtre (Africapolis, 1974) et ses poèmes (Choc, antichoc, 1978) aux problèmes de l'Afrique contemporaine.

Philon de Byblos

Historien et grammairien phénicien d'expression grecque (2e moitié du Ier s.-1re moitié du IIe s. apr. J.-C.).

Grammairien et lexicologue, Philon de Byblos est également l'auteur d'une Histoire phénicienne (Phoinikika) dont il reste des fragments, où il se réfère à l'œuvre d'un sage phénicien, Sanchuniathon, qui aurait vécu avant la guerre de Troie. Les découvertes faites lors les fouilles de Ras Shamra (Ougarit), en Syrie, montrent que la cosmogonie de l'Histoire phénicienne suit les grands récits mythiques proche-orientaux du IIe millénaire av. J.-C., avec lesquels on met aussi en rapport les poèmes d'Hésiode.

Philostrate l'Athénien

Écrivain grec (Lemnos v. 170 – v. 245).

Issu d'une famille de rhéteurs, Philostrate enseigna à Athènes puis à Rome, auprès de Julia, épouse de Septime Sévère. Il composa une Vie d'Apollonios de Tyane, où il retrace la carrière romanesque d'un thaumaturge néopythagoricien, des Vies des sophistes, où il évoque les sophistes de la première et de la seconde Sophistique, des Lettres fictives et un portrait de l'athlète antique idéal (Sur la gymnastique). On lui attribue aussi la majeure partie de la Galerie de tableaux, recueil de descriptions de scènes mythiques représentées sur un portique de Naples, dans le genre rhétorique de la description d'œuvre d'art (ekphrasis), et un dialogue sur les héros homériques (l'Héroïque).

Philoxène de Mabboug

Théologien et écrivain syriaque (vers 450 – 523).

Ce défenseur acharné et virulent de la foi monophysite fut évêque de Hiérapolis (485). L'un des meilleurs représentants de la prose syriaque, il écrivit des Commentaires sur les Évangiles, treize Traités de spiritualité dont l'objet est la vie du parfait chrétien, des Lettres et surtout des Réfutations contre les nestoriens et les partisans du concile de Chalcédoine.

Photios
ou Photius

Théologien byzantin (Constantinople v. 820 – en Arménie, v. 895).

Patriarche de Constantinople déposé par Basile Ier, Évangiles, qui rétablit l'union avec Rome, Photios redevint patriarche de Constantinople en 872, puis en 877, avant d'être définitivement déposé en 886. Ses thèses, qu'il a exposées dans plusieurs traités théologiques (Amphilochia, Contre les manichéens, Contre les Satins), font de lui le champion de l'Église orthodoxe face à l'Église romaine, et inspirèrent les schismatiques qui, au XIe s., séparèrent de Rome l'Église d'Orient. Photios composa aussi un ouvrage de compilation érudite, la Bibliothèque, où sont résumés 279 ouvrages grecs et qui a conservé des extraits d'œuvres aujourd'hui disparues.