Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
F

Féval (Paul)

Écrivain français (Rennes 1816 – Paris 1887).

Les célèbres aventures de Lagardère font du Bossu (1857) un parfait roman de cape et d'épée, et de Féval un des grands romanciers populaires. Dans ses récits, il manifeste une imagination et un art du suspense, jouant sur l'enchevêtrement savant de fils conducteurs multiples qui tient le lecteur en haleine. L'extravagance des premiers récits (les Mystères de Londres, 1843-1844) s'effaça progressivement au profit d'éléments sociaux composant une véritable fresque, parfois comparée à la Comédie humaine. Certains romans conjuguent la fascination pour la médiocrité, la passion de l'argent et les processus d'ascension sociale, avec une réelle puissance de dérision : le Fils du diable (1846), Mme Gil Blas (1856-1857) et la série les Habits noirs (1863-1875). À partir de 1877, une ferveur catholique, aussi excessive que tardive, aboutit à l'expurgation de son œuvre et à la publication des Étapes d'une conversion (1877-1881).

Feydeau (Ernest)

Écrivain français (Paris 1821 – id. 1873).

Poète (les Nationales, 1844), achéologue (Histoire des usages funèbres et des sépultures des peuples anciens, 1857-1861), il connaît la célébrité avec son roman Fanny (1858), admiré de Sainte-Beuve. Ami de Flaubert, Feydeau donne lui aussi une image réaliste de la société de son temps, dans cette histoire de mari jaloux de l'amant de sa femme : le roman fit d'ailleurs scandale pour son immoralité.

Feydeau (Georges)

Auteur dramatique français (Paris 1862 – Rueil 1921).

Avant de devenir le vaudevilliste favori de la scène française entre 1890 et 1914, le fils du romancier Ernest Feydeau dut transformer sa précoce passion pour le théâtre en métier. Ayant interrompu ses études pour fonder une compagnie d'amateurs (le Cercle des Castagnettes, 1876-1879), il connut d'aimables réussites mondaines comme acteur et surtout comme auteur de monologues (la Petite Révoltée, 1880 ; Un monsieur qui n'aime pas les monologues, 1882 ; le Potache, 1883 ; Billet de mille, 1885), tenant à l'occasion la régie d'un théâtre (la Renaissance, 1884-1886). Le succès sur les scènes parisiennes lui vint, timide d'abord, avec Tailleur pour dames (1887), puis éclatant grâce à Monsieur chasse (1892), Champignol malgré lui (1892). Dès lors, seul ou avec la collaboration de Desvallières ou de Maurice Hennequin (fils du vaudevilliste Alfred Hennequin, à qui Feydeau doit beaucoup), il connut un succès ininterrompu, à raison de trois ou quatre pièces par an : Un fil à la patte (1894), l'Hôtel du libre-échange (1894), le Dindon (1896), Dormez, je le veux (1897), la Dame de chez Maxim (1899), la Duchesse des Folies-Bergère (1902), la Puce à l'oreille (1907), Occupe-toi d'Amélie (1908). Dandy distant, noceur et noctambule, Feydeau est alors à son apogée ; il a, avec une science consommée de la mécanique du rire, pris le vaudeville où l'avait laissé Labiche pour le porter à une perfection inégalée dans de folles machines en trois actes, dont le mouvement ininterrompu et la suite invraisemblable des péripéties produisent le comique le plus délirant. Entraînés dans ces sarabandes méticuleusement réglées (Feydeau s'occupait lui-même de la mise en scène de ses pièces, comme en témoigne la précision de ses didascalies), la bourgeoisie fin de siècle et le demi-monde des boulevards, personnel dramatique privilégié du vaudeville, se trouvent éclairés d'un jour particulièrement satirique, comme c'est le cas dans l'inoubliable Dame de chez Maxim, véritable modèle du genre : la Môme Crevette, danseuse au Moulin-Rouge, bouleverse la vie du tranquille docteur Petypon ; surprise dans son lit, elle passe pour son épouse ; et de ce quiproquo initial naît une méprise généralisée où chacun doit jouer jusqu'au bout, sous peine de scandale, son rôle d'emprunt...

   Dans la dernière phase de sa carrière, Feydeau rompt cependant avec les complications du vaudeville, pour se consacrer à des comédies de mœurs et des farces en un acte où transparaît l'amertume des ennuis conjugaux et des pesanteurs bourgeoises : Feu la mère de Madame, 1908 ; On purge bébé, 1910 ; Mais n'te promène donc pas toute nue, Léonie est en avance ou le Mal-Joli, 1911. Ayant ainsi retrouvé les voies d'une certaine comédie « littéraire », et ayant in extremis salué l'avènement d'un nouveau génie du rire (Chaplin), il mourut au terme de deux années de démence.

   Délaissée durant l'entre-deux-guerres, son œuvre commence d'être réévaluée dans les années 1950, où l'on rapproche ses folles machines de certaines tentatives du théâtre de l'absurde, celles de Ionesco notamment. Considéré aujourd'hui comme un maître du rire dont les œuvres se prêtent à des explorations variées, il est joué très régulièrement sur les scènes de boulevard, comme à la Comédie-Française, ou sur les scènes du théâtre subventionné (G. Gélas monte Mais n'te promène donc pas toute nue au Théâtre du Chêne noir en 1997 ; A. Françon monte la Dame de chez Maxim au Théâtre des Amandiers en 1998).

Fialho de Almeida (José Valentim)

Écrivain portugais (Vilar de Frades 1857 – Cuba 1911).

Conteur admirable du monde rural (le Pays des raisins, 1893), il fustigera dans ses chroniques la société aristocratique de son temps (les Chats, 1889-1894).

Fichman (Yaakov)

Écrivain israélien (Belz, Russie, 1881 – Tel-Aviv 1958).

Il s'établit en Palestine en 1912, mais retourna à plusieurs reprises en Europe. Membre de l'équipe fondatrice de Ha-Tsofeh à Varsovie, il collabora à l'édition des journaux Moledet et Ha-Shiloah en Palestine. Son premier recueil de poèmes Tiges, déjà animé par un vif sentiment de la nature, fut publié en 1911 à Varsovie, en même temps que des essais intitulés Silhouettes. Ses poèmes en prose, ses idylles et ses sonnets sont souvent à thèmes nationaux ou bibliques et évoquent les paysages de la terre d'Israël (l'Ombre sur les champs, 1935 ; le Coin des glaneuses, 1945).

Fichte (Hubert)

Écrivain allemand (Perleberg 1935 – Hambourg 1986).

Son univers est celui des êtres en marge, soit par leur naissance (l'Orphelinat, 1965), soit par leur mode de vie et leur sexualité : la Palette (1968) et Detlevs Imitationen « Grünspan » (1971) se situent dans le milieu des homosexuels, « rockers » et prostituées hambourgeois. L'aspect autobiographique s'affirme dans Puberté (1974), et la franchise de ces « confessions » a séduit et choqué autant que le style et la technique romanesques (utilisation du collage). Fichte a aussi écrit pour la radio et publié des études sur les religions afro-américaines.