Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
V

Van Vogt (Alfred Elton)

Écrivain américain (Winnipeg 1912 – Los Angeles 2000).

Journaliste, auteur de pièces radiophoniques, Van Vogt aborde la science-fiction en 1939 avec une nouvelle que J. Campbell accepte pour Astounding. La majeure partie de son œuvre (romans et nouvelles), écrite entre 1940 et 1950, appartient à « l'âge d'or de la science-fiction » : la Faune de l'espace (1950), À la poursuite des Slans (1946), les Armureries d'Isher (1951), les Fabricants d'armes (1947), le Livre de Ptath (1947), le Monde des Non-A (1948, traduit en 1953 par Boris Vian), les Joueurs du Non-A (1956). Après avoir tenté dans les Non-A de propager les vertus de la « sémantique générale » de A. Korzybski (Science and Sanity, 1933), Van Vogt se rallie dans les années 1950 aux théories non moins douteuses de la « dianétique » prônée par Ron Hubbard, fondateur de la « scientologie » qui vise à une « optimisation » de l'appareil psychique. Van Vogt utilise alors le thème des pouvoirs psychiques selon un shéma récurrent : un individu, appartenant à un monde situé dans un futur plus ou moins éloigné, semblant avoir perdu son identité, se trouve plongé dans une situation de crise dont la résolution est liée à sa découverte de pouvoirs psychiques singuliers (contrôle absolu de la matière, immortalité). Préoccupé par l'avenir de l'humanité, Van Vogt ne conçoit d'altérité et d'alternative que dans un devenir psychique assimilable à un devenir divin, émancipant toutes les forces inhibées dans une organisation sociale trop humaine, d'où les figures de barbares, d'empereurs et de guerriers qui donnent consistance à son désir de dépense et de démesure.

Vanbrugh (sir John)

Dramaturge et architecte anglais (Londres 1664 – id. 1726).

Fils d'un réfugié flamand et d'une Anglaise noble, il embrasse la carrière militaire (1686). Arrêté à Calais comme espion, il est emprisonné à Vincennes et à la Bastille pendant deux ans, où il écrit sa première comédie. Libéré, il connaît le succès à Londres avec le Relaps ou la Vertu menacée (1696), satire des mondains, puis la Femme provoquée (1697), qui sera censurée pour immoralité. Puis, sans études préalables, semble-t-il, il se tourne vers l'architecture, voie dans laquelle il réussira avec génie en s'appuyant sur les capacités de son assistant, Nicholas Hawksmoor, un ancien collaborateur de Wren. Il construira notamment Castle Howard (1701) et, pour le duc de Marlborough, Blenheim (1705), chef-d'œuvre du baroque anglais.

Vance (John Holbrook Vance, dit Jack)

Écrivain américain (San Francisco 1916).

Ancien soldat de la marine marchande, il est l'auteur d'une œuvre considérable (une quarantaine de romans, plus d'une centaine de nouvelles), marquée par l'exotisme et l'attrait pour les civilisations « différentes » situées dans un futur lointain. On retiendra les Langages de Pao (1958), Un monde d'azur (1966) et le cycle de Tschaï (quatre romans publiés entre 1968 et 1970), qui témoignent de la minutie avec laquelle il s'applique à jouer les ethnologues de l'imaginaire. Les civilisations qu'il dépeint sont d'ailleurs souvent si éloignées de la nôtre que cela lui a valu de passer pour un auteur d'« heroic fantasy », alors que quelques-uns de ses titres seulement relèvent de ce genre : Un monde magique (1950), Cugel l'astucieux (1966) et Lyonesse, le Jardin de Suldrun (1983).

Vančura (Vladislav)

Romancier tchèque (Háje, près d'Opava, 1891 – Prague 1942).

Chef de file de l'avant-garde tchèque, il présida le groupe Devetsil et écrivit des romans au style hardi, charriant un flot d'images et de sons (le Boulanger Jan Marhoul, 1924 ; Champs de labour et de bataille, 1925 ; Un été capricieux, 1926 ; Markéta Lazarová, 1931 ; la Fuite à Bude, 1932 ; la Famille Horvat, 1938).

Vandeloo (Jos)

Écrivain belge d'expression néerlandaise (Zonhoven 1925).

Chimiste, il se tourna vers le journalisme et la littérature. Poète (la Parade enjouée, 1955), nouvelliste (le Mur, 1958 ; Femmes, 1978), romancier (le Danger, 1960 ; la Maison des inconnus, 1963 ; les Buveurs de Coca-Cola, 1968 ; la Leçon d'anglais, 1980 ; Résine, 1985), il évoque, dans la tonalité du « réalisme magique », les multiples angoisses et aliénations du monde contemporain.

Vandeputte (Henri)

Écrivain belge de langue française (Schaarbeek, Bruxelles, 1877 – Ostende 1952).

Il fonda l'Art jeune (1895), revue s'inspirant des théories naturistes de Saint-Georges de Bouhélier, puis Antée, dirigée avec C. Beck (1905-1908). Son écriture, des proses naturistes de l'Homme jeune (1896) à la Planète (1901) jusqu'à Voix nues (1936), est celle d'un disciple de Laforgue féru de voyages et de « nourritures terrestres », évoquant toute la saveur d'une existence tourmentée.

Vandercammen (Edmond)

Écrivain belge de langue française (Ohain, Brabant, 1901 – Uccle 1980).

Il découvrit, avec le Sommeil du laboureur (1933), sa vocation de poète terrien. Soucieux de relier l'immédiat à l'éternel (Naissance du sang, 1934 ; Sang partagé, 1963 ; Pouvoir de Flamme, 1978), il garda toujours « la splendeur hautaine de son inspiration ». Traducteur de poètes espagnols et latino-américains, il participa à la fondation des Biennales internationales de poésie de Knokke.

Vaneigem (Raoul)

Écrivain belge de langue française (Lessines 1934).

De 1961 à 1968, il sera, avec Guy Debord, une figure de proue du mouvement situationniste. Son Traité du savoir-vivre à l'usage des jeunes générations (1967), paru la même année que la Société du spectacle, est, au même titre que l'essai de Debord, prophétique de la révolte de Mai 1968. Mais, au lieu de la sécheresse dogmatique d'un doctrinaire, s'y exprime le lyrisme passionné d'un jouisseur pour qui le « changer la vie » de Rimbaud prime le « transformer le monde » de Marx. Le Livre des plaisirs (1979) prophétise le totalitarisme de la mondialisation marchande.

Vapcarov (Nikola)

Poète bulgare (Bansko 1909 – Sofia 1942).

Après ses études à l'École maritime de Varna, il fut mécanicien de vaisseau et parcourut ainsi le Proche-Orient et la Méditerranée, voyages qui inspirèrent certains de ses meilleurs poèmes. Il fut condamné à mort et fusillé pour son activité au sein de la commission centrale militaire du parti communiste. Sa poésie (Chants des moteurs, 1940), très proche de la langue quotidienne, dépouillée, laconique, mais chargée d'optimisme et rappelant parfois la voix de Maïakovski, reflète les préoccupations et les aspirations d'une partie de sa génération, engagée dans les rangs du parti communiste.