Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
V

Verri (Alessandro)

Écrivain italien (Milan 1741 – Rome 1816).

Il anima avec son frère cadet de Pietro Verri la revue Il Caffè. Traducteur, dramaturge et romancier (les Aventures de Sapho poétesse de Mitilena, 1780), il connut la gloire avec les dialogues imaginaires de ses Nuits romaines (1792 et 1804) où, surgissant de leurs tombes, les plus illustres Romains, tels César ou Cicéron, évoquent la grandeur et les erreurs de la Rome antique.

Verseghy (Ferenc)

Poète hongrois (Szolnok 1757 – Buda 1822).

Aumônier militaire, traducteur de la Marseillaise, admirateur de la Révolution française, il participa à la conjuration de Martinovics (1794). Il est l'auteur de poèmes écrits sur la musique de Haydn et de Mozart, dont il traduisit en hongrois le livret de la Flûte enchantée, de poèmes épiques et philosophiques marqués par Rousseau et Herder, de fables et de traités d'esthétique musicale.

Véry (Pierre)

Écrivain français (Ballon, Charente-Maritime, 1900 – Paris 1960).

Libraire d'occasions rue Monsieur-le-Prince à Paris (1925), il vint à la littérature avec Pont-Égaré (1929) et entreprit d'écrire des romans policiers, non sans fantaisie ni humour : Danse à l'ombre (1930), le Testament de Basil Crokes (1930), qui reçut le premier Grand Prix du roman d'aventures créé par la collection « Le Masque », Meurtre au quai des Orfèvres (1934), l'Assassinat du Père Noël (1934), les Disparus de Saint-Agil (1935), Madame et le Mort (1940). Dans le Pays sans étoiles (1945), une enquête est menée, grâce à des visions, sur un crime commis cent ans plus tôt. Le cinéma a rendu célèbre son Goupi-Mains-Rouges dans la mise en scène de J. Becker (1943).

Vesaas (Tarjei)

Écrivain norvégien d'expression norvégienne (Ytre Vinje, Telemark, 1897 – Oslo 1970).

Imprégné des légendes de la Norvège, lecteur non seulement des auteurs norvégiens tels que Knut Hamsun, mais aussi de Lagerlöf, de Kipling et de Tagore, il tâcha, non sans mal, de se faire un nom dans le monde des lettres. Il débuta par une série d'histoires sentimentales, voire mélodramatiques. Une tétralogie (le Voyage du père, 1930 ; Sigrid Stallbrokk, 1931 ; les Inconnus, 1932 ; Des cœurs entendent les voix de leur pays, 1938) consacrée à l'évolution de son héros, Klas Dyregodt, évoque le thème de la lutte entre les forces destructrices et créatrices de l'univers, le mystère de la vie et de la mort. Le Grand Jeu (1934), puis Des femmes appellent à la maison (1935) retracent la vie d'une contrée à travers le regard à la fois lucide et rêveur qu'un enfant jette sur le monde. Toutefois, dès 1934, un drame pacifiste de style expressionniste (Ultimatum) dit la peur de l'écrivain face à la guerre. La Maison dans la nuit (1945), roman allégorique, analyse les rapports souvent ambigus de l'oppresseur et de l'opprimé sous l'occupation allemande et démontre que l'être vrai ne se révèle que dans l'épreuve. Dans les Oiseaux (1957), Mattis, l'idiot du village, vit avec sa sœur jumelle Hege. Il possède un don que les êtres « normaux » ont perdu : celui de s'émerveiller devant la poésie des choses. Lorsque sa sœur tombe amoureuse d'un bûcheron, il s'efface au sein d'une nature qu'il a su si bien comprendre. Le Palais de glace (1963), les Ponts (1966) sont d'émouvantes créations de cœurs purs, de simples d'esprit ou de petites filles, seuls capables d'apprivoiser un monde hostile. Ouvert aux influences nouvelles de la littérature, Vesaas fait figure de pionnier en introduisant les tendances plus modernistes dans la poésie norvégienne (le Feu et la Foudre, 1947 ; Bonne Chance aux voyageurs, 1949 ; le Pays des feux cachés, 1953 ; Rêve, renouvelle-toi, 1956) et élabore un roman de forme purement surréaliste (le Feu, 1961), en situant l'action dans un monde de rêve dont les aspects sont tirés de la réalité. Son dernier roman, le Bateau du soir (1968), en partie autobiographique, rassemble les thèmes majeurs de son œuvre, conjonction exacte entre l'inspiration typiquement scandinave, inséparable de la nature, et la réflexion moderne sur un monde décadent.

Veselinovic (Janko)

Écrivain serbe (Crnoborski Salas 1862 – Glogovac 1905).

Instituteur, puis journaliste à Belgrade, il peint de façon idyllique la vie à la campagne : Tableaux de la vie villageoise (1866), les Fleurs des champs (1891), les Âmes angéliques (1894), les Vertes Demeures (1895), Paysanne (1893), Haiduk Stanko (1896).

Vestdijk (Simon)

Écrivain néerlandais (Harlingen 1898 – Utrecht 1971).

Il abandonna la médecine (qu'il exerçait à bord de paquebots sur les lignes d'Indonésie) pour pratiquer une poésie dont la virtuosité formelle (Palette rimée, 1933 ; Fables écrites à la craie de couleur, 1938) s'ouvre bientôt à une sensibilité plus profonde sans jamais se départir d'une certaine ironie (le Vaisseau fantôme, 1941 ; les Cygnes morts, 1943 ; Thanatos enchaîné, 1948 ; Chansons de Gestel, 1949). Collaborateur de nombreuses revues, de Forum (1934) à Centaur (1945) et Podium (1949), critique littéraire et musical, il entreprit une œuvre romanesque, dont une partie porte la marque de la psychologie proustienne (le cycle d'Anton Wachter, 1939-1960) et dont l'autre s'abandonne, dans un cadre souvent historique, à une imagination qui touche au fantastique (la Vie passionnée du Greco, roman de l'Espagne de l'Inquisition, 1937 ; l'Île au rhum, 1940 ; les Voyageurs, 1949).

Vetemaa (Enn)

Écrivain estonien (Tallinn 1936).

Après avoir débuté par des poèmes à la tonalité humoristique (la Mue, 1962), il élabore une œuvre en prose très diverse : il analyse dans ses romans brefs (le Monument, 1965 ; le Musicien, 1967) les rapports ambigus entre l'intelligence et la morale, compose un travestissement de l'épopée nationale estonienne (les Mémoires de Kalevipoeg, 1971) et des parodies d'ouvrages scientifiques (Guide des naïades d'Estonie, 1980), explore la psychologie des profondeurs (le Ruban de Mœbius, 2 vol., 1985-1990), cultive la farce politique (Une bombe pour le Premier ministre, 1992) et le roman historique (le Peuple de la croix, 2 vol., 1994-1998). Il est également l'auteur d'une œuvre théâtrale importante.