Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Méry (Joseph)

Écrivain français (Les Aygalades, près de Marseille, 1797 – Paris 1866).

Journaliste libéral à Marseille, puis à Paris où il critiqua le régime de la Restauration comme le gouvernement de Juillet dans divers journaux, il écrivit aussi des pamphlets. Il publia également des contes (les Nuits de Londres, 1840 ; les Nuits espagnoles, 1854 ; les Nuits parisiennes, 1855), des romans-feuilletons (l'Assassinat, 1830 ; la Guerre du Nizam, 1843-1847 ; les Étrangleurs de l'Inde, 1858-1859), des comédies et des drames (l'Imagier de Haarlem, 1852, avec Nerval).

Mesa (Cristóbal de)

Poète espagnol (Zafra, Badajoz, 1562 – Madrid 1633).

On lui doit trois poèmes épiques chantant les gloires nationales. Las Navas de Tolosa (1594-1598) et la Restauration de l'Espagne (1607) célèbrent la victoire remportée en 1212 sur les Maures ; le Saint Patron de l'Espagne (1611) est un hommage à saint Jacques. On lui doit aussi un recueil de poèmes religieux, d'églogues, de vers satiriques (la Vallée de larmes et autres rimes, 1607).

Meschinot (Jean)

Poète français (Nantes v. 1422 – id. 1491).

Écuyer au service de cinq ducs de Bretagne de 1442 à 1488 et, plus tard, maître d'hôtel d'Anne de Bretagne, Jean Meschinot est surtout connu par son œuvre majeure, les Lunettes des princes (1493), les « lunettes » étant le moyen offert à tout homme de déchiffrer le livre de Conscience. Ce traité allégorique et moral, qui recourt à la fiction du songe et à l'écriture allégorique, qui unit formes rimées (parties 1 et 3) et prose (partie 2), et qui se fait aussi l'écho des déboires du poète, connut un très vif succès. Rhétoriqueur virtuose, Meschinot composa aussi des ballades (il développe en vingt-cinq ballades les Princes de Georges Chastellain), des rondeaux, des pièces de circonstance d'inspiration très diverse.

Meschonnic (Henri)

Poète et critique français (Paris 1932).

Sa poésie (Dédicaces proverbes, 1972 ; Dans nos recommencements, 1976 ; Légendaire chaque jour, 1979 ; Voyageurs de la voix, 1985 ; Puisque je suis ce buisson, 2001), ses traductions et gloses bibliques (les Cinq Rouleaux, 1970 ; Jona et le Signifiant errant, 1981 ; Gloires, 2001) accompagnent une réflexion sur l'écriture menée, à partir de la linguistique, du marxisme et de l'esthétique, dans ses œuvres théoriques (Pour la poétique, 1970-1978 ; le Signe et le Poème, 1975 ; Critique du rythme, 1982 ; Modernité Modernité, 1988 ; Politique du rythme, 1995). L'ensemble définit le projet poétique par la conscience du statut du signe linguistique et de l'indissociabilité du signifiant et du signifié : l'objet du poème est inséparable de sa profération, les activités langagières constituant un tout indissociable d'oral et d'écrit, tandis que l'interprétation textuelle doit éviter la réduction scientiste et la tentation idéaliste, issues des formalismes contemporains.

Meslier (Jean)

Écrivain et philosophe français (Mazerny-en-Champagne 1664 – Étrépigny 1729).

Fils d'un marchand, il entra au séminaire de Reims et devint curé de campagne, dans les Ardennes. Il consacra les loisirs que lui laissait sa charge à rédiger des œuvres philosophiquement radicales, que ce soit le Mémoire des pensées et sentiments de Jean Meslier ou l'annotation critique de la Démonstration de l'existence de Dieu de Fénelon. Il pousse le cartésianisme dans le sens du matérialisme et mêle à la critique religieuse une vigoureuse remise en cause de l'ordre social. Voltaire publia un Extrait des sentiments de Jean Meslier. Le véritable mémoire fut publié à Amsterdam en 1864, par un libraire hollandais.

Mesnagier de Paris (le)

Traité rédigé par un bourgeois parisien à l'intention de sa jeune épouse (1393). Il contient un enseignement de morale chrétienne qui donne le ton de l'ouvrage et un exposé sur les devoirs de l'épouse, avec des conseils pratiques sur l'art de gérer sa maison. L'auteur cultivé puise dans des sources la plupart en prose française, dans ses souvenirs personnels et dans les contes populaires, pour prôner une éducation féminine qui semble surtout inspirée par la culture laïque.

Mesonero Romanos (Ramón de)

Écrivain espagnol (Madrid 1803 – id. 1882).

Ses articles de mœurs, consacrés à la vie quotidienne de la capitale espagnole et publiés dans la revue Cartas españolas et dans El Panorama matritense (1835-1838), sont rassemblés dans ses fameuses Scènes de Madrid (1842, 4 vol.). Il fonde en 1836 le Semanario pintoresco español, périodique offrant aux lecteurs d'alors une vision complaisante des villes et des campagnes espagnoles.

Messagier (Matthieu)

Poète français (Paris 1949).

Signataire du Manifeste électrique aux paupières de jupes (1971), qui révèle une génération de jeunes poètes novateurs, il se distingue par l'invention d'une langue atypique (audaces syntaxiques, accumulations et invention de mots). Il écrit des poèmes « immédiats » consignant sensations et états psychiques, dont la vitesse d'exécution évoque parfois l'écriture automatique (les Laines penchées, 1975 ; Orant, 1990 ; les Chants tenses, 1996).

Messina (Maria)

Écrivain italien (Palerme 1887 – id. 1944).

Malgré de longs voyages, elle est toujours restée très attachée à sa région natale. Ses récits, centrés sur la Sicile des petites gens, étaient très appréciés par Verga et Sciascia (Petits Remous, 1911 ; Petites Personnes, 1922 ; Severa, 1928 ; la Maison paternelle, réédition 1981 ; la Maison dans l'impasse, réédition 1989).

mester de clerecia (métier de clergie)

Cette expression désigne, dans la littérature espagnole, la poésie savante cultivée aux XIIIe et XIVe siècles, de Gonzalo de Berceo à Pedro López de Ayala. Caractérisée par l'emploi de la cuaderna vía (quatrain monorime) et de vers dits à 14 syllabes métriques (traduits en langue française par des alexandrins), elle se distingue de l'épopée par ses thèmes, empruntés à des sources savantes, le plus souvent latines : traités doctrinaux, légendes hagiographiques ou pieuses, récits de l'Antiquité (le Livre d'Alexandre, Livre d'Apollonius).

mester de juglaría (métier des troubadours ou jongleurs)

Genre poétique espagnol, florissant aux XIe et XIIe siècles et englobant les épopées récitées par les juglares (jongleurs), dont l'art s'inspire de la tradition orale et des gestes historico-légendaires. Danses, jeux d'adresse, pantomimes, chants font aussi partie du répertoire des troubadours et jongleurs – répertoire dans lequel ont puisé la poésie populaire jusqu'à nos jours mais aussi l'œuvre de poètes « savants », du Siècle d'or à la génération de 1927.