Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Colic (Velibor)

Écrivain bosniaque (1964).

Il vit actuellement à Budapest et est l'auteur d'un roman en vers Madrid, Grenade ou n'importe quelle ville, de recueils de nouvelles, le Renoncement de saint Pierre et les Bosniaques. Il a aussi écrit Chroniques des oubliés et la Vie fantasmagoriquement brève et étrange d'Amadeo Modigliani. Le peintre devient l'emblème du génie créateur, élu et maudit tout à la fois. Son roman noir Mather Funker, publié en France 2001, raconte la guerre en Europe de l'Est.

Collé (Charles)

Écrivain français (Paris 1709 – id. 1783).

Fondateur avec Piron et Crébillon fils de la « Société de Caveau », il entre au service du duc d'Orléans (le père de Philippe Égalité). Il donna des comédies (la Vérité dans le vin, 1747 ; le Galant Escroc, 1755) et des parades, regroupées dans le Théâtre de société (1768). La Partie de chasse d'Henri IV (1763) est son plus grand succès. Exaltant les vertus d'Henri IV, présenté comme un roi bourgeois, mêlant à la comédie de nombreux éléments de réalisme romanesque, Collé s'adresse à la sensibilité des spectateurs. Cette pièce, interdite au Théâtre français fut jouée dès 1762 chez le duc d'Orléans et très fréquemment dans les théâtres de province avec un immense succès. Son Journal historique ou Mémoires critiques et littéraires (publié en 1805 et 1868) est riche de détails intéressants ; il révèle d'autres aspects du personnage, notamment son hostilité à la philosophie des Lumières, et particulièrement à Voltaire.

Collett (Camilla)

Femme de lettres norvégienne (Kristiansand 1813 – Christiania 1895).

Sœur du plus grand poète norvégien, Wergeland, elle a mêlé dans son œuvre une défense romantique de la sentimentalité et une représentation réaliste du milieu bourgeois. Son féminisme intransigeant sera repris par Ibsen, Jonas Lie et A. Kielland. On retient d'elle le roman les Filles du préfet (1855), mais aussi des Mémoires (les Longues Nuits, 1862), ainsi qu'une série d'essais polémiques.

Collin d'Harleville (Jean-François Collin, dit)

Auteur dramatique français (Maintenon 1755 – Paris 1806).

Il fit jouer avec succès des comédies lourdement versifiées et bourgeoises, à la philosophie courte et mièvre (l'Inconstant, 1786 ; l'Optimiste, 1788 ; les Châteaux en Espagne, 1789), dont se détachent deux pièces, M. de Crac dans son petit castel (1791), où le Gascon hâbleur reçoit un patronyme qui fera fortune, et le Vieux Célibataire (1792), qui brode sur le thème classique du vieillard à héritage, en faisant l'éloge de la famille et des vertus du citoyen.

Collins (William)

Poète anglais (Chichester 1721 – id. 1759).

Fils de chapelier, frappé de mélancolie, longtemps interné puis réfugié chez sa sœur, il compose plusieurs odes (le Soir, les Passions, 1750). Ses Églogues persanes (1742), son Ode sur les superstitions des Highlands (1747) apportent à la description et à l'allégorie une vie nouvelle. Son idéal d'austérité silencieuse et de vertu influencera les romantiques anglais et les révolutionnaires français.

Collins (William Wilkie)

Romancier anglais (Londres 1824 – id. 1889).

Fils d'un peintre, frère d'un membre de la confrérie préraphaélite, Wilkie Collins rencontre en 1851 Charles Dickens, dont il deviendra l'ami et le collaborateur. Il a déjà écrit deux romans historiques, mais il ne connaît véritablement le succès qu'en abordant le genre « à sensation ». Il triomphe avec la Femme en blanc (1859-1860), puis de nouveau avec la Pierre de lune (1868), tous deux publiés en feuilleton dans le magazine de Dickens All the Year Round. Une technique narrative audacieuse (le récit est éclaté entre plusieurs « témoins » qui relatent successivement ce dont ils ont eu connaissance), des personnages inquiétants ou bouffons, une fascination pour la difformité et la gémellité, tels étaient les ingrédients du succès de Collins, qui menait lui-même une vie fort peu conventionnelle (il eut simultanément deux concubines, dont l'une lui donna plusieurs enfants). Le déclin commence dès les années 1870, lorsque sa production théâtrale prend le dessus sur les romans.

Collobert (Danielle)

Poétesse française (Rostrenen, Côtes-du-Nord, 1940 – Paris 1978).

Elle s'adonne d'urgence à la poésie : Chant des guerres (1961) paraît à compte d'auteur et Gallimard publie Meurtre en 1964. Engagée politiquement, proche du F.L.N. algérien, elle parcourt l'Asie. Elle se suicide l'année même de la publication d'une plaquette à 60 exemplaires, Survie. Deux livres posthumes paraîtront (Cahiers, 1956-1978) et Recherche (1990). Son ouvrage clé, Dire (I et II, 1972), présente une œuvre fiévreuse, à la typographie sèche, coupée, en biseau, qui demande énormément au monde.

Collodi (Carlo Lorenzini, dit Carlo)

Écrivain et journaliste italien (Florence 1826 – id. 1890).

Il s'est imposé comme un classique de la littérature pour l'enfance dans le monde entier avec le roman les Aventures de Pinocchio. Publié d'abord en feuilleton (de 1881 à 1883) dans le Journal des enfants sous le titre Histoire d'un pantin, puis en volume en 1883, celui-ci narre les aventures d'une marionnette qui se transforme en petit garçon. Le merveilleux n'est qu'un prétexte. Pinocchio est à la fois un conte réaliste qui fait vivre l'Italie de la fin du XIXe s., et un roman de formation. Chaque aventure de Pinocchio donne lieu à une leçon de morale qui a moins une valeur pédagogique que la fonction d'une critique de la relation adulte-enfant pour valoriser la fantaisie et l'esprit enfantin.

Collot d'Herbois (Jean-Marie)

Acteur, auteur dramatique et homme politique français (Paris 1750 – Cayenne 1796).

Premier acteur du théâtre de Lyon, il écrivit quelques pièces (le Paysan magistrat, 1777), puis donna dans le théâtre patriotique (la Famille patriote ou la Fédération, 1790 ; l'Aîné et le Cadet, 1792). Membre du club des Jacobins, conventionnel, il publia l'Almanach du père Gérard (1791). Il dirigea avec Fouché une violente répression à Lyon en 1793. Arrêté en 1795, il fut déporté en Guyane avec Billaud-Varennes.

Collymore (Frank)

Écrivain barbadien (La Barbade 1893 – id. 1980).

Enseignant, éditeur, acteur, il est l'un des doyens de la littérature antillaise anglophone ; il a formé les jeunes générations, dont George Lamming et Austin Clarke ; il a remis à la mode la culture insulaire par ses émissions radiophoniques, et révélé au public des poètes comme Derek Walcott. Mais il a surtout publié près de soixante numéros de la revue BIM qui, de 1942 à 1975, a servi de véhicule à la production d'avant-garde des Caraïbes. Il est l'auteur de recueils de poèmes (Sous les Casuarinas, 1945) et d'une importante étude linguistique (Dialecte de La Barbade, 1955).