Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Corti (Maria)

Écrivain italien (Milan 1915 – id. 2002).

Spécialiste de philologie médiévale, en particulier de Dante, elle a également consacré des travaux à la littérature contemporaine. Elle a toujours accompagné ses œuvres théoriques d'une brillante production narrative (l'Heure de tous, 1962 ; le Bal des savants, 1966 ; Voix du Nord-Est, 1986 ; le Chant de la sirène, 1989).

Corvo (Frederic William Rolfe, dit baron)

Écrivain anglais (Londres 1860 – Venise 1913).

Converti au catholicisme en 1886, expulsé du séminaire écossais de Rome en 1888 pour homosexualité, il publie les Mémoires d'Hadrian VII (1904), bouffonnerie utopique : la conversion miraculeuse de l'Église au service des pauvres. Ses Chroniques de la maison des Borgia (1901) mêlent politique et cruauté.

Cosbuc (George)

Poète roumain (Hordou, près de Bistritza-Nasaud, 1866 – Bucarest 1918).

Adaptant le style classique à des motifs folkloriques et à des éléments d'histoire nationale, il développe dans ses vers (Ballades et Idylles, 1893 ; Fils de quenouille, 1896 ; le Journal d'un musard, 1902) une mythologie originale dont les cérémonies se déroulent dans un paysage rural ou bucolique.

Ćosić (Dobrica)

Écrivain serbe (Velika Drenova 1921).

Son roman Loin du soleil (1951), chronique d'un détachement de partisans durant la Seconde Guerre mondiale, brise avec les normes du réalisme socialiste. Cosic identifie monde rural et nation dans ses œuvres : les Racines, Réel et Possible, Partages, le Temps de la mort.

cosmique (poésie)

Ce courant du lyrisme allemand, né autour de 1900, renonce à décrire la réalité du monde visible et à saisir les émotions humaines, considérant que la réalité première est le moi lyrique. Le poète met l'homme au contact du monde invisible. À la suite de Spitteler, les « cosmiques » recomposent des mythologies, souvent aussi confuses que démesurées. On peut distinguer le groupe de Munich, proche de George, avec Wolfskehl, Schuler, Derleth et Klages ; le groupe de la revue Charon avec Otto zur Linde et Pannwitz, ainsi que quelques isolés comme Däubler, Dauthendey, Mombert et Morgenstern. Ces poètes annoncent l'expressionnisme.

Cossery (Albert)

Écrivain égyptien d'expression française (Le Caire 1913 – Paris 2008).

Ses romans mettent en scène des personnages misérables subissant le poids d'une société à laquelle ils échappent par un verbe dru et ironique (les Hommes oubliés de Dieu, 1941 ; la Maison de la mort certaine, 1944 ; Mendiants et orgueilleux, 1955 ; les Couleurs de l'infamie, 1999). Il tourne en dérision les valeurs et les mobiles de l'existence à travers l'évocation de son pays natal vu par l'esprit d'un exilé volontaire, un demi-siècle durant, dans un hôtel parisien. Aux antipodes de la couleur locale, écrite dans une langue simple, l'œuvre atteint à une dimension universelle. Tantôt la liberté est celle de se tenir à l'écart du théâtre du monde, tantôt la seule issue est la révolution, le vœu de Cossery étant alors que chaque lecteur ressente son appel.

Costa (Cláudio Manuel da)

Poète brésilien (Mariana, Minas Gerais, 1729 – Vila Rica, auj. Ouro Prêto, 1789).

Impliqué dans la conspiration politique de Tiradentes, il se suicida dans sa prison. Fondateur de l'Arcadie de Vila Rica, il est l'auteur de l'épopée Vila Rica (publiée en 1839).

Costa Rica

L'activité littéraire, quasi inexistante dans le pays avant l'indépendance (1839), se développe d'abord lentement (l'imprimerie n'y fut introduite qu'en 1830). Les premiers romanciers cultivent un réalisme régionaliste qui s'éloigne d'un costumbrismo tardif. En poésie, le modernisme s'implante difficilement au Costa Rica. L'écrivain le plus représentatif est Joaquín García Monge (1881-1959), romancier réaliste. Rafael Cardona passe dans sa poésie d'une sorte d'impressionnisme à un ton plus intellectuel. Julián Marchena ne publiera son premier recueil, de forme encore moderniste, qu'en 1941. Carmen Lyra est célèbre par ses contes inspirés de la réalité quotidienne (les Contes de ma tante Panchita, 1920). José Marín Cañas montre ses dons pour le roman esthète dans Toi, l'impossible (1931), avant de se tourner vers le réalisme avec l'Enfer vert (1935). Le plus grand romancier costaricien est Carlos Luis Fallas. Il dénonce l'impérialisme économique de la United Fruit Company sur le pays et ses habitants (Mamita Yunaï, 1941). La fiction de thème politique et social est aussi représentée par León Pacheco, Fabián Dobles et Joaquín Gutiérrez. Le meilleur poète est Alfredo Cardona Peña, installé à Mexico, où il a publié son anthologie la Grande Récolte (1965). La nouvelle connaît un brillant essor avec Fernando Durán Ayanegui (le Dernier qui s'endort !, 1976), Carmen Naranjo et le conteur Quince Duncan.

costumbrismo

Mot espagnol désignant la littérature consacrée à la description des mœurs (costumbres), et surtout le genre particulier qui se développa dans la presse vers 1830 et qui enrichit le roman postérieur. La première forme du genre présente sur un ton enjoué des personnages ou des scènes idéalisés, rassurants, anodins (Estébanez Calderón, Mesonero Romanos). La seconde est illustrée par Mariano José de Larra ; sous le pseudonyme de « Fígaro », il donna au genre sa vraie dimension en le concevant comme un moyen de critique sociale et politique. En Amérique latine, le costumbrismo donne lieu à une littérature reflétant les réalités locales ou nationales, et plus ou moins étroitement régionaliste. C'est sans doute l'Argentin Domingo Faustino Sarmiento (1811-1888) qui a le mieux compris et fait connaître les mœurs et les coutumes de son pays et s'est montré le plus proche disciple de « Fígaro ».

Côte d'Ivoire

Le roman ivoirien, né en 1956 avec Climbié de Bernard Dadié, adopte d'abord une écriture très classique (Aka Loba, Amadou Kone) et souvent militante (Charles Nokan). Le premier théâtre ivoirien, dont les pionniers furent François-Joseph Amon d'Aby et Bernard Dadié, est d'abord folklorique, puis, à partir des années 1960, se tourne vers les problèmes sociaux et politiques. Son enracinement dans la tradition l'amène souvent à de riches expériences formelles. Zadi Zaourou fait renaître le « Didiga » des chasseurs bété. Werewere Liking (Camerounaise vivant à Abidjan) pratique, avec son Ki-Yi M'bock, un « théâtre rituel ». Grâce en particulier au festival de Limoges, le théâtre ivoirien connaît un grand succès international. Un renouveau romanesque se manifeste dans l'œuvre de Jean-Marie Adiaffi, qui a été aussi un remarquable poète (D'éclairs et de foudre, 1982), même dans son écriture romanesque (la Carte d'identité, 1981 ; Silence, on développe, 1992). Le plus célèbre des écrivains ivoiriens est sans conteste Ahmadou Kourouma. Dès les Soleils des indépendances (1970), il réinvente le roman en le pliant aux formes et aux rythmes du malinké. Avec la publication de Monnè, outrages et défis (1990), En attendant le vote des bêtes sauvages (1998) et Allah n'est pas obligé (2000), Kourouma s'impose comme un écrivain majeur. Quelques Ivoiriennes commencent à faire entendre leur voix, comme Tanella Boni, poète (Labyrinthe, 1984) et romancière (les Baigneurs du lac rose, 1995), ou Véronique Tadjo.