Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

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ou Drame de l'Époux, ou Mystère des vierges sages et des vierges folles

Drame liturgique anonyme bilingue (40 vers en occitan, 47 vers en latin) du XIe siècle qui provient de l'abbaye Saint-Martial de Limoges. Première manifestation de la dramaturgie en langue vernaculaire, le texte, qui s'inspire de la parabole des vierges sages et des vierges folles (Évangile de Matthieu, XXV, 1-13), est composé de strophes de types variés, avec ou sans refrain, accompagnées d'un jeu de mélodies. Il montre les habitudes du milieu aquitain, partagé entre monde latin et monde occitan.

Šrámek (Fráňa)

Écrivain tchèque (Sobotka 1877 – Prague 1952).

Après des poèmes au ton anarchisant (Misère de vie, je t'aime quand même, 1905 ; l'Écluse, 1916) et des romans et récits à l'ardent vitalisme (la Chair, 1919 ; le Soldat étonné, 1924), il se tourne vers un théâtre impressionniste et nostalgique (Un été, 1915 ; la Lune sur la rivière, 1922) et une poésie méditative (Il résonne encore, 1933).

Srbljanovic (Biljana)

Dramaturge serbe (1970 Belgrade).

L'histoire de la Yougoslavie, ou de ce qu'il en reste, constitue la toile de fond de ses pièces de théâtre. Elle entre dans la littérature en 1995 par une première pièce, la Trilogie de Belgrade, dont la création à Belgrade, puis à Bonn à l'occasion de la Biennale 98, attira l'attention de tous ceux qui, en Europe, sont soucieux du renouveau de l'écriture dramatique. Deux ans plus tard, sa seconde pièce, Histoires de famille, créée en avril 1998 à Belgrade par l'Atelje 212, a reçu le prix de la meilleure nouvelle pièce et elle est inscrite au répertoire de plus de vingt-cinq théâtres allemands. En décembre 1999, Biljana Srbljanovic a terminé sa troisième pièce intitulée la Chute. En 1999, elle est le premier écrivain étranger à avoir reçu le prix Ernst Toller.

Sremac (Stevan)

Écrivain serbe (Senta 1855 – Sokobanja 1906).

Sous la caricature, ses romans et ses contes donnent une image fidèle de la petite Serbie de la fin du XIXe s., avec sa vie patriarcale prenant le contre-pied du mouvement du progrès à l'occidentale : la Fête d'Ivko (1895), la Kermesse au village (1896), Pope Cira et pope Spira (1898), Zona Zamfirova (1907).

Srinatha

Écrivain indien de langue telugu (1365 – 1440).

Cet auteur fécond et virtuose composa des poèmes religieux (le Haravilasa, le Sivaratri Mahatmya), une ballade (Palanati vira caritra) narrant des exploits guerriers. Mais son chef-d'œuvre, le Naisadha, se fonde sur le poème d'amour du roi Harsa (vers 590-647).

Sruoga (Balys)

Poète lituanien (Baibokai 1896 – Vilnius 1947).

Professeur de littérature russe et d'histoire du théâtre à l'université de Kaunas, il fit des débuts de poète symboliste (Sable et Soleil, 1920 ; Par la sente des dieux, 1923), avant de s'interroger dans des drames historiques sur les valeurs nationales et le passé héroïque de son peuple (À l'ombre du Titan, 1932 ; Radvila Perkunas, 1935 ; l'Horrible Nuit, 1935 ; Avant l'aube, 1945 ; Kazimieras Sapiega, 1947). Il laisse de son internement au camp hitlérien de Struthof un témoignage poignant : la Forêt des dieux (1945), la Station balnéaire (1947).

Staal-Delaunay (Marguerite Jeanne Cordier, baronne de)

Femme de lettres française (Paris 1684 – Gennevilliers 1750).

Gouvernante à Sceaux chez la duchesse du Maine, elle composa des comédies pour le théâtre privé de la duchesse. Entraînée par celle-ci dans la conspiration de Cellamare, elle fut emprisonnée deux ans à la Bastille (1718-1720). En 1735, elle épousa le baron de Staal. Un sens aigu de l'observation, une ironie aiguisée par les déceptions et les avanies font de ses Mémoires, publiés en 1755, et de ses Lettres, un tableau précis et caustique de la Régence.

Stace, en lat. Publius Papinius Statius

Poète latin (Naples v. 40 – id. 96 apr. J.-C.).

Son père enseignait la poésie à Naples et, très jeune, Stace fut lauréat dans les concours poétiques. Il connut le même succès à Rome et fut l'un des écrivains en vogue de la cour de Domitien et resta très apprécié du public romain jusqu'à la fin de l'empire. Il est l'auteur de deux épopées, l'Achilléide et surtout la Thébaïde (sur le combat fratricide d'Étéocle et de Polynice), poème de lectures publiques au style brillant, souvent déclamatoire, multipliant les effets tirés de Lucain, de Virgile et d'Ovide. Outre des livrets de mimes, il écrivit encore à la demande de Domitien ou de riches mécènes, entre 91 et 96, cinq livres de Silves, poésies lyriques qui traitent de sujets de circonstance : anniversaire, consolation ou description d'œuvres d'art. Doué pour l'improvisation brillante, Stace parvient à compenser la minceur des sujets par son art de la description précise et suggestive ; il n'évite pourtant pas l'enflure inhérente à cette forme de poésie.

Stachura (Edward)

Écrivain polonais (Pont-de-Chéruy, Isère, 1937 – Varsovie 1979).

Né en France dans une famille d'ouvriers polonais, il regagne la Pologne avec ses parents en 1948. Après des études de lettres à l'Université catholique de Lublin et à l'Université de Varsovie, il fait des débuts littéraires dans la presse. Son refus du conformisme s'inscrit jusque dans la marginalité de son écriture, située hors de toute convention littéraire. Elle est une forme de prose poétique tantôt narrative tantôt réflexive rappelant parfois les ballades populaires, parfois les longs poèmes-épopées. Stachura y exprime le conflit entre la nécessité de s'affirmer, de poser des repères éthiques essentiels et une angoisse existentielle teintée du dégoût de vivre dans ce que représente la civilisation de la seconde moitié du XXe s. Ses personnages, toujours en quête d'identité, sont des solitaires d'une grande sensibilité qui ont le sentiment de n'avoir d'autre but que de fuir la mort. Son œuvre se compose d'un recueil de poèmes : Beaucoup de feu (1963) ; de longs textes poétiques : Que les acridiens s'en donnent à cœur-joie dans le jardin ! (1968), Je m'approche de toi (1968), Chansons (1973), Poésies choisies (1980) ; de recueils de nouvelles : Un seul jour (1962),  Au gré du vent (1966) ; de romans : Toute la clarté (1969), Hacherézade ou l'Hiver des hommes de bois (1971), Soi (1977) ; un roman-fleuve : Tout est poésie (1975) ; un dialogue philosophico-poétique : Fabula rasa. De l'égoïsme (1979), sorte de synthèse autobiographique où il veut franchir les limites de la littérature par une fusion de la vie et de l'écriture ; un journal : Me résigner au monde, qu'il tient après une tentative de suicide dont il sort très meurtri et qu'il arrête quatre jours avant de réussir son suicide.