Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Saga des Évêques (la)

Appartenant à la catégorie des « sagas de contemporains », elles relatent la vie et les miracles des trois saints islandais du Moyen Âge, les évêques Thorlákr Thórhallsson de Skálaholt, Jón Ögmundarson et le turbulent Gudmundr Arason de Hólar. Bien que fidèles aux lois de l'hagiographie médiévale, elles doivent à leur style d'échapper au caractère convenu du genre ; elles constituent – notamment les livres de miracles – une source précieuse pour l'étude de la vie quotidienne islandaise.

Saga des Sturlungar (la)

De la catégorie des sagas de contemporains, rédigées en partie par Sturla Thórdarson, neveu de Snorri Sturluson, à la fin du XIIIe s., elles font la chronique de l'histoire islandaise, dominée, à partir de 1116, par le parvenu Sturla Thórdarson de Hvammr et ses fils. Ce témoignage historique aide à comprendre comment, miné par des luttes intestines inexpiables, l'idéal politique et social islandais a fini par céder sous les coups de l'impérialisme norvégien.

Sagan (Françoise Quoirez, dite Françoise)

Romancière française (Cajarc 1935 – Honfleur 2004).

Le succès immédiat de Bonjour tristesse (1954, prix des Critiques), récit au ton insolite d'une adolescente indépendante et détachée, la consacra alors qu'elle n'avait pas 20 ans, et les lecteurs accueillirent avec la même faveur les romans qui suivirent : Un certain sourire (1956), Aimez-vous Brahms ? (1959), les Merveilleux Nuages (1961), la Chamade (1968), le Garde du cœur (1968), Un peu de soleil dans l'eau froide (1969), Des bleus à l'âme (1972), le Lit défait (1977), la Femme fardée (1981), Un orage immobile (1983). À quelques exceptions prêt (le Chien couchant, 1980, qui raconte une histoire d'amour tragique dans les corons du Nord ; De guerre lasse, 1985, et Un sang d'aquarelle, 1987, qui ont pour toile de fond l'Occupation), elle dépeint une société mondaine, fréquentant Saint-Germain-des-Prés et la Côte d'Azur, les restaurants et des maisons de campagne, conduisant des voitures de sport. Des personnages imités de Fitzgerald (comme elle l'écrit, en 1974, dans Un profil perdu), riches oisifs, bronzent et s'embrassent, boivent et fument ; des hommes mûrs révèlent à la trop jeune fille que l'amour ne se fait bien qu'avec les hommes cyniques, expérimentés, précis dans leur désir mais froidement conscients du néant de leur existence. Mais, contrairement aux personnages de Fitzgerald, ceux de Sagan ne semblent avoir aucun point de référence, conscients de toute éternité que toute vie est un processus de démolition et que le plaisir et le contentement peuvent au mieux divertir. Sur les sources de ce vague et distingué dégoût, la romancière n'est guère explicite. Le cynisme, que la critique des années 1950 nommait « amoralité », est brandi comme la seule défense efficace. Par-delà la thématique facile, un ton demeure, fait de sobriété et de simplicité : peu ou pas de descriptions (ou proches du cliché) ; abondance des verbes « être » et « avoir » ; phrases courtes ou écourtées, à l'image de cette absence d'horizon, ce refus de se battre et même de chercher à comprendre que Mauriac avait parfaitement repéré : Sagan « fait tenir dans les mots les plus simples le tout d'une jeune vie. Et il est vrai que ce tout n'est rien, et que ce rien, c'est pourtant la jeunesse, la sienne, celle de tant d'autres, en fait de tous ceux qui ne se donnent pas. » Le même ton caractérise son théâtre (Château en Suède, 1960 ; Les violons parfois..., 1962 ; la Robe mauve de Valentine, 1963 ; le Cheval évanoui, 1966 ; Il fait beau nuit et jour, 1978) et ses nouvelles (Des yeux de soie, 1976 ; Musique de scène, 1981). Après avoir publié ses Mémoires (Avec mon meilleur souvenir, 1984), elle évoque une vieille femme alcoolique dans le Miroir égaré (1996) et se repenche avec humour et légèreté sur son passé dans Derrière l'épaule (1998). Elle est aussi l'auteur d'une correspondance imaginaire avec Sarah Bernhardt (Sarah Bernhardt ou le rire incassable, 1987).

Sagarra (Josep Maria de)

Écrivain espagnol d'expression catalane (Barcelone 1894 – id. 1961).

Ses connaissances sur l'histoire de la Catalogne, son lexique et son folklore, inspirent aussi bien sa poésie lyrique (Áncores i estrelles, 1936) et ses poèmes épiques (El comte Arnau, 1928) que son théâtre, situé dans une Catalogne plus vraie que nature, jouant sur des ressorts simples, usant d'un langage pittoresque (La corona d'espines, 1930 ; El cafè de la marina, 1933). Après les années de la guerre civile, le théâtre en catalan fut à nouveau autorisé, mais les pièces que Sagarra produisit alors (La fortuna de Sílvia, 1947 ; Les vinyes del priorat, 1950 ; La ferrida lluminosa, 1954), graves et difficiles d'accès, furent boudées par son public habituel.

Sagredo (Giovanni)

Écrivain et homme politique italien (Venise 1617 – id. 1682).

De famille patricienne, cet ambassadeur est l'auteur de nombreuses relations de voyage, d'essais, de poèmes inédits, et d'un recueil de 45 nouvelles, dont la verve annonce Goldoni et G. Gozzi (l'Arcadie dans la Brenta, 1667).

Sahani (Bhisham)

Écrivain pakistanais (Rawalpindi, actuel Pakistan, 1915).

De culture ourdou, hindi, sanskrite et anglaise, universitaire et journaliste, il est l'auteur d'une demi-douzaine de romans décrivant la vie de la classe moyenne, dont le plus connu décrit la partition Tamas, Ténèbres, primé par la Sahitya Akademi. Il a également écrit trois pièces de théâtre centrées sur la quête spirituelle et la tolérance, ainsi que plusieurs recueils de nouvelles.

Sahl (ibn Harun)

Poète et écrivain arabe (début du IXe s.).

Secrétaire de chancellerie dans la tradition d'un Ibn al-Muqaffa', il a laissé le souvenir d'un grand lettré, mais très peu de ses écrits ont survécu, à l'exception d'une longue fable animalière, la Panthère et le Renard, où le didactique et le politique se taillent la part du lion.

Saigyo (Satô Norikiyo, dit)

Poète japonais (1118 – 1190).

Issu d'une famille de guerriers (bushi), il quitta le monde à l'âge de 23 ans pour se faire moine, prenant alors le nom de Saigyo. Par la suite et ce, jusqu'à sa mort, il se consacra au bouddhisme et à la poésie japonaise (waka). Fondateur vénéré de la littérature érémitique, ce grand voyageur plein d'humanité fut l'un des plus illustres poètes de son temps et le plus représenté dans le Shinkokin-shu (Nouveau Recueil des poèmes de jadis et de maintenant), compilé en 1205.