Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K

Khodassevitch (Vladislav Felitsianovitch)

Poète russe (Moscou 1886 – Paris 1939).

D'abord marqué par l'influence du symbolisme (Jeunesse, 1908), il se « réconcilie » avec la simplicité du quotidien dans la Maison heureuse (1914). À la manière du grain (1920) emprunte son titre à une métaphore biblique pour dire un monde en gestation dans un style volontairement moins harmonieux, plus tragique et heurté. La Lyre lourde (1922), recueil de la déception, revient au clacissisme. Khodassevitch a émigré et laissé de passionnants Mémoires (Nécropole, 1938).

Khotkevytch (Hnat Martynovytch)

Écrivain ukrainien (Kharkiv 1877 – 1938).

D'abord soumis à l'influence moderniste (Poésie en prose, 1902), il sacrifie à partir de 1905 aux thèmes sociaux et au réalisme (Sur la voie ferrée) et compose durant un exil en Galicie ses meilleurs récits (l'Âme de pierre, 1911 ; Aquarelles montagnardes, 1914) et pièces (Dovbouch, 1909 ; le Vétéran, 1911). Après la Révolution, il publia surtout des travaux critiques et des drames historiques (le Dit d'Igor, 1926 ; le Village en 1905, Bohdan Khmelnytskyï, 1929) avant d'être arrêté pour nationalisme.

Khoury-Ghata (Vénus)

Poétesse et romancière libanaise de langue française (Bécharré 1937).

Elle vit en France depuis 1974. Elle a reçu le prix Apollinaire en 1980 pour les Ombres et leurs cris et le prix Mallarmé pour Monologue du mort. Auteur prolixe, elle a à son actif une œuvre imposante composée de romans : Dialogue à propos d'un christ ou d'un acrobate (1975), le Fils empaillé (1980), Vacarme pour une lune morte (1983), les Morts n'avaient pas d'ombre (1984), Mortemaison (1986), Bayarmine (1988), les Fugues d'Olympia (1989), la Maîtresse du notable (1992), les Fiancés du cap Ténès (1995), la Maestra (1996), Une maison au bord des larmes (1998), le Privilège des morts (2001). Vénus Khoury-Ghata a également publié de nombreux recueils de poèmes : les Ombres et leurs cris (1979), Qui parle au nom du jasmin (1980), Un faux pas au soleil (1982), Monologue du mort (1986), Fables pour un peuple d'argile (1992), Mon anthologie (1993), Anthologie personnelle (1997), la Voix des arbres (1999).

Khoury (Gérard)

Écrivain libanais de langue française (Beyrouth 1938).

Il vit en France depuis 1972. Auteur de deux romans : Mémoire de l'aube (1987), la Maison absente (1992), et d'une étude historique : la France et l'Orient arabe (1993). L'œuvre de Gérard Khoury est le lieu d'une réflexion poussée et engagée sur la genèse du Liban moderne, en même temps qu'une tentative de compréhension des causes qui ont précipité son pays dans la guerre civile.

Khrakhouni (Zareh Djumbuchian, dit)

Poète arménien (Istanbul 1926).

Il est le théoricien du « symbolisme objectif », qui fait de l'objet le plus ordinaire le substrat d'un symbole (Lunaparc, Nuages et sable dans ma paume, 1982).

Khrayyif (Bachir)

Écrivain tunisien de langue arabe (Nefta 1917 – 1983).

Il provoqua une querelle littéraire, en 1937, avec sa nouvelle Nuit de noces, dont les dialogues étaient en arabe parlé. Mais le même procédé lui valut le succès avec Faillite ou Ton amour m'a rendu fou (1958). Il joue habilement de l'humour et du réalisme dans un roman sur le Sud tunisien (les Régimes de dattes, 1969), un roman historique (Éclair de nuit, 1961) et des nouvelles (Khalifa le teigneux, 1961 ; Bouquet de jasmin, 1971).

Khun Chang Khun Phaen

Poème thaïlandais.

Inspiré d'un sepha, récit de tradition orale avec accompagnement musical, ce conte poétique de plus de 40 000 vers fut écrit au XIXe s. par le roi Rama II, son fils, le futur Rama III, le poète Sunthon Phu et des conteurs professionnels. Il fut édité en 1917. Sur un fond d'événements historiques et à travers une évocation de la vie familière et quotidienne, l'œuvre narre les aventures, liées à la magie, de deux rivaux, le riche et laid Khun Chang et le beau et valeureux Khun Phaen, amoureux d'une même femme, Phim.

Khuri (al-)

Famille syro-libanaise d'écrivains et d'hommes politiques.

 
Bichâra 'Abdallah (Beyrouth 1885 – id. 1968), fondateur du journal al-Barq (1908), fut président du Syndicat de la presse (1925) et membre de l'Académie de Damas (1932). Il prit un pseudonyme, al-Akhtal al-Saghîr, et fut couronné « Prince des poètes arabes » en 1961. Son œuvre est influencée par le romantisme occidental (l'Amour et la Jeunesse, 1952 ; la Corde blessée, 1961).

 
Colette (Damas 1936) a écrit des romans sociaux et intimistes (Quelques jours avec lui, 1957 ; Une seule nuit, 1960).

 
Khalîl (Beyrouth 1935), disciple d'Adonis, a publié plusieurs recueils lyriques (Pas de perles dans les coquillages, 1962).

 
Ra'îf (Nabay 1913 – Beyrouth 1967), chroniqueur à Radio-Liban, membre du parti communiste, est l'auteur d'essais, de pièces de théâtre et de nouvelles.

Khushal (Khan Khattak)

Poète afghan de langue pachto (1613 – 1689).

Chef du clan des Khattak, il servit l'empereur moghol Chah Djahan. Emprisonné par Aurengzeb (1664-1666), il passa la fin de sa vie en dissidence et eut à combattre l'un de ses fils, Bahram. Auteur de manuels de médecine et de fauconnerie, il chante la révolte contre les Moghols, évoque sa captivité et célèbre ses nombreuses amours. S'il a adapté la métrique persane au rythme de la chanson populaire pachto, il a composé aussi en persan des ghazal et une qasida sur la vanité des choses humaines, qui restent des modèles du « style indien ».

Khvylievoï (Nikolaï Fitilov, dit Mikola)

Écrivain ukrainien (Trostianets 1893 – Kharkiv 1933).

Lié d'abord aux groupes prolétariens Jovten (1921) et Hart (1923), où il adopta une position « ouvriériste », il consacra à la Révolution des récits romantiques (Octobre bleu, Impasse, Zone sanitaire), puis affirma sa déception (les Bécasses, 1927), récusant l'esthétique réaliste. Il se fit, à la tête des associations Vaplite (1925-1928) et Prolitfront (1930-1932), l'apôtre du séparatisme ukrainien et d'une culture orientée vers l'Occident. Il se suicida.

Ki No Tsurayuki

Poète japonais (vers 868 – v. 945).

Fonctionnaire à la cour impériale, il joua un rôle de premier plan dans la vie littéraire de son époque. Chargé en 905 par l'empereur Daigo de compiler le Kokin-shu, la première anthologie officielle de poésies, il fit précéder le recueil d'une célèbre préface en langue vernaculaire, qui constitue le premier « art poétique » du waka. Outre ses talents de poète et de calligraphe, il s'illustra dans un genre nouveau, le journal de voyage, dont il fournit avec le Tosa nikki (935) le premier exemple.