Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Yasar Kemal (Kemal Sadik, dit Gökçeli)

Écrivain turc (Gökçeli 1923).

D'origine modeste et de formation primaire, il s'intéresse dès sa jeunesse à la littérature populaire. Exerçant d'abord divers métiers, il s'installe à Istanbul en 1951, entre dans le journalisme, qu'il quitte en 1963. Dès 1939, il écrit, sous son vrai nom, des poèmes, des nouvelles (Chaleur jaune, 1952) et des reportages d'une très grande qualité puis des romans : Memed le Mince (1955) l'impose comme le plus grand écrivain réaliste turc et lui apporte la notoriété internationale. L'histoire d'un hors-la-loi légendaire d'Anatolie, admiré des pauvres et craint des oppresseurs, est le prétexte à une épopée moderne qui tient de la chanson de geste et du récit prolétarien. Mais l'hydre féodale renaît sans cesse et le héros reviendra sous l'aspect de Memed le Faucon (1969). Ses romans, dont certains sont mis en scène ou adaptés pour le cinéma (Terre de fer, Ciel de cuivre, 1963), traduisent dans un style direct et savoureux les problèmes des paysans anatoliens : Memed le Faucon (1969), Meurtre au marché des forgerons (1973), Tu écraseras le serpent (1976), Salman le solitaire (1980), une histoire d'amour et de mort dans les monts du Taurus. Les romans sont regroupés en trois grands cycles : le cycle du bandit d'honneur Memed le Mince, le cycle des Seigneurs de l'Aktchasaz et le cycle autobiographique auxquels se rattachent trois de ses derniers romans (dont Salman le solitaire, paru en turc en 1980). Ce chantre de la campagne et de la terre n'en a pas moins évoqué, à l'occasion d'une aventure virile et tragique, le monde bigarré d'Istanbul (Et la mer se fâcha, 1978). Depuis 1999, il a entamé un nouveau cycle (« Histoire d'une île ») qui traite des rapports turco-grecs après 1923. Son œuvre de prosateur ne doit pas faire oublier son engagement politique (aux côtés du Parti ouvrier turc et en faveur de la cause kurde) qui se traduit par de nombreux articles politiques mais aussi par des condamnations : la dernière en date remonte à 1999, à la demande de la Cour de sûreté de l'État.

   L'œuvre de Yasar Kemal, au style poétique et vivant, a été couronnée par de nombreux prix : Del Duca en 1982 et Prix de la paix des éditeurs et libraires allemands en 1997.

Yaspal

Écrivain indien de langue hindi (Firozpur, Pendjab, 1901 – 1976).

Romancier de tendance marxiste, il s'intéresse aux problèmes sociaux : Dada Kamred (1941) ; Fausse Vérité (1958) ; Pourquoi des pièges ? (1968) sur la liberté de l'individu. Il écrit aussi des nouvelles (Pinjade killdan, 1939), des pièces de théâtre (Un cas d'ivresse, 1952) et des Mémoires (1951-1955).

Yasuoka Shotaro

Écrivain japonais (Kôchi 1920).

Sa scolarité perturbée à cause des déménagements incessants dus au métier de son père, il entra à la propédeutique de Keio (1941) après trois ans d'échec. Mobilisé en 1944, il fut réformé pour tuberculose, alors que ses camarades de régiment allaient tous mourir à l'île de Leyte. Toujours malade après la guerre, il continua à écrire des romans, dont Soulier de verre (1951) qui impressionna le public d'alors par sa légèreté qui tranchait sur la gravité de l'après-guerre. Il reçut le prix Akutagawa en 1953 pour ses Morne plaisir et De mauvaises fréquentations. Son regard fin sur la vie quotidienne, du point de vue des faibles, fait de lui un représentant des « écrivains du troisième type » qui marqua les années 1950-1960 avec Endo et Yasuoka. Paysages du bord de la mer (prix Noma, 1959), l'Épouse du prêteur sur gage (recueil de nouvelles, 1963), le Traité du roman d'un romancier (critique, 1970), Histoires de ceux qui s'en allèrent (1976-1982), Mon histoire de l'ère de Showa (1984-1988).

Yazawin

Chroniques historiques birmanes, rédigées en vers ou en prose.

Elles retracent l'histoire réelle ou légendaire des rois de Birmanie ; elles n'ont que peu de valeur historique, et leur intérêt est surtout littéraire. Deux écrivains brillèrent tout particulièrement dans leur rédaction : d'une part, Shin Thilawuntha, qui écrivit la Yazawingyo ou Chronique célèbre (1520) qui retrace l'histoire de l'Inde bouddhique, de Ceylan et des rois de Birmanie ; d'autre part, U Kala, à qui l'on doit la Grande Chronique (Maha Yazawin), publiée au début du XVIIIe s. La compilation de ces deux œuvres, ordonnée par le roi Bagyidaw en 1829, aboutit à la Hmannan Yazawin Gyi ou Grande Chronique du palais de Cristal. L'annexion de la Birmanie par les Anglais mit fin à ces publications.

Yaziji (al-)

Famille d'écrivains libanais.

 
Ibrâhîm (1847 – 1906), fils de Nâsîf, à la fois savant, poète, écrivain, philologue, critique littéraire, vulgarisateur, publiciste et musicien, œuvra considérablement à la renaissance de la langue arabe. Membre de la Société scientifique syrienne (1857) et de la Société nationaliste secrète de Beyrouth (1875) qui appela dans ses affiches à une révolte arabe contre les Turcs, il composa un poème patriotique qui contribua largement à éveiller la conscience nationale. Directeur des revues al-Tabîb et al-Bayân, il collabora également à al-Diyâ'. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels la Langue des journaux (1901) et les Mots écrits, et d'un dictionnaire synonymique et analogique (1904).

 
Khalîl (1858 – 1889), fils de Nâsîf, qui se consacra à l'enseignement, est l'auteur d'une tragédie (la Dignité humaine et la Loyauté, 1878) et d'un recueil de poèmes (les Souffles des feuilles, 1888).

 
Nâsîf (Kafarchîma 1800 – Beyrouth 1871), autodidacte, compléta les leçons d'un moine par la lecture du Coran et du Dîwân de Mutanabbî. Érudit, philologue, il composa un grand nombre de manuels de grammaire, de rhétorique, de poétique et enseigna ces matières dans des écoles de mission après avoir travaillé comme secrétaire d'un patriarche grec catholique (1816-1818), puis de l'émir Bachîr (1828-1840). Il enseigna également dans l'école ouverte par Butrus al-Bustânî, collabora à la rédaction de son ouvrage encyclopédique et créa avec lui à Beyrouth une Société des arts et des sciences (1847-1852). Il est l'auteur d'un grand nombre de poèmes traditionnels, à la langue très recherchée, et d'une imitation des Séances de Harîrî (le Confluent des deux mers, 1856).

 
Warda (Kafarchîma 1838 – Alexandrie 1924), fille de Nâsîf, est l'auteur d'un recueil de poèmes de style classique (Jardin en fleurs, 1867).