Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Tanpinar (Ahmet Hamdi)

Écrivain turc (Istanbul 1901 – id. 1962).

Gardant ses distances vis-à-vis du « réalisme social », il se montre, dans ses nouvelles (les Rêves d'Abdullah Efendi, 1943 ; Pluie d'été, 1955), ses essais (Cinq Villes, 1946), ses romans (Sérénité, 1949 ; l'Institut de réglage des montres et pendules, 1962) et ses poèmes (Poésies, 1961), très intéressé par les questions d'esthétique et de psychologie. Il fait l'objet, depuis le début des années 1990, d'une redécouverte et s'est imposé comme l'un des romanciers turcs majeurs. Son Histoire de la littérature turque du XIXe siècle (1956), véritable histoire des mentalités de l'époque d'ouverture de l'Empire ottoman, tout comme ses Articles de Littérature (1969) apportent un éclairage novateur sur la littérature du Tanzimat.

Tansillo (Luigi)

Écrivain italien (Venosa, Potenza, 1510 – Teano, Caserte, 1568).

Il a vécu à partir de 1532 à la cour de Naples, où il bénéficie de la protection du vice-roi. Après avoir composé un court poème licencieux (le Vendangeur, 1532), Tansillo se distingue par ses petits poèmes lyriques (Stances à Bernardino Martirano, 1540 ; Clorida, 1547) et didactiques (la Nourrice, 1552 ; la Ferme, 1560). En 1539, il entreprend son poème sacré, les Larmes de saint Pierre, qui ne sera publié intégralement qu'après sa mort (1580) : il s'agit là du premier en date des nombreux poèmes religieux nés de la Contre-Réforme.

Tantra
(trame, traité)

Cette appellation regroupe un vaste corpus de textes ésotériques apparus au milieu du premier millénaire en Inde, et qui privilégient souvent l'aspect féminin de la divinité. Il en existe selon la tradition hindoue soixante-quatre, mais en réalité, plus de cinq cents sont répertoriés, shivaïtes, visnuites, bouddhistes. Le premier traduit fut le Mahanirvanatantra, compilé au XVIIIe s. au Bengale ; citons également le Guhyasamaja-Tantra, le Vijñana-Bhairava-Tantra, le Tantraloka d'Abhinavagupta, le Somas'ambhupaddhati (manuel employé pour les rituels quotidiens dans l'Inde méridionale).

Tantular (Mpu)

Poète javanais de la cour du souverain Hayam Wuruk, à l'apogée du royaume de Majapahit (milieu XIVe s.).

Il est l'auteur de deux kakawin majeurs : Arjunawijaya, dont l'argument – la lutte des héros épiques Arjuna Sahasra Bahu et Parasu Rama – est emprunté au final du Ramayana sanskrit, et Suta Soma, dont le thème paraît emprunté à la littérature bouddhique des jataka : le héros, Suta Soma, est un prince appelé à succéder à son père sur le trône ; mais, comme incarnation du Bouddha, il cède à l'appel d'une existence de pérégrinations et d'épreuves mystiques. Finalement, il s'offre à être dévoré par le démon anthropophage Kala, afin d'assurer le salut de celui-ci et des humains en général.

Tanukhi (Abu Ali al-Muhassin al-)

Écrivain arabe (vers 940 – Bagdad 994).

Juge et homme de lettres d'une grande culture, il a composé deux ouvrages narratifs parmi les plus importants de cette époque. Le premier relève d'un genre, al-Faraj ba'd al-chidda (Après la difficulté, la délivrance), dont le titre induit déjà le schéma d'intrigue. Le second réunit ce qui se racontait de curieux ou de divertissant lors des réunions des lettrés de son époque. Ils apportent, l'un et l'autre, par tableaux successifs, une vue globale et suggestive de ce Xe s. arabe.

Tanvir (Habib)

Dramaturge indien de langue hindi (Raipur, Madhya Pradesh, 1923).

Auteur novateur, il fut d'abord associé à l'IPTA (Association pour le théâtre populaire), où il adapta les Joueurs d'échec de Premcand, et produisit Agra Bazar (1954) en impliquant villageois et étudiants de l'université Jamia Milia de Delhi. Très marqué par Brecht, il recrée les œuvres de Lorca, Wilde, du répertoire sanskrit, de Ghalib, et s'investit spécialement dans le Chattisgarh où il fait participer les ouvriers à son groupe Théâtre Nouveau. Ses créations les plus célèbres sont le Voleur Charandas (1974), montée à Bhilai devant 18 000 personnes, l'Histoire immortelle de Hirma (1985), et Des yeux pour voir.

Tapia y Rivera (Alejandro de)

Écrivain portoricain (San Juan 1826 – id. 1881).

Poète épico-symboliste, il publia une curieuse épopée en vers, Sataniada (1878), « dédiée au Prince des Ténèbres ». Auteur de récits brefs (la Palme du cacique), de romans fantastiques (Póstumo, el transmigrado, 1872 ; Póstumo, envirginado, 1882) ou sentimentaux (Cofrisí, 1876), il écrivit pour le théâtre des « biodrames » (Bernard de Palissy, 1857 ; Camoens, 1868). On lui doit aussi des essais (Conférences d'esthétique et de littérature, 1881).

Tapio (Marko)

Écrivain finlandais de langue finnoise (Saarijärvi 1924 – id. 1973).

Romancier apprécié avec la Danse à la faux d'Aapo Heiskasen (1956) et la Terrasse (1962), il entreprit une trilogie, Hystérie arctique, dont seuls les deux premiers tomes furent achevés (la Première Neige de 1939, 1967 ; Dis vraiment, m'aimes-tu ?, 1968) : il y avait tenté une interprétation culturelle et psychologique de l'histoire récente vue à travers l'évolution des générations.

Tarafa (ibn al-Abd)

Poète arabe antéislamique (543 – 569).

La tradition l'a fait mourir d'une « missive perfide ». Sa Mu'allaqa, exaltée au début, pessimiste vers la fin, est restée célèbre par les métaphores descriptives de sa monture, la chamelle, dont le mouvement s'oppose à l'immobilité du désert.

Tarchetti (Iginio Ugo)

Écrivain italien (San Salvatore Monferrato, Alessandria, 1839 – Milan 1869).

Il adhère à la Scapigliatura, au sein de laquelle il représente la figure la plus rebelle. Influencé par la lecture d'écrivains étrangers – Hoffmann, E. Poe –, il aspire à un art engagé dans ses romans Paolina (1866) et Une noble folie (1867), suscitant de nombreuses polémiques. La personnalité et l'écriture de Tarchetti sont également marquées par le thème de la mort qui revient d'une manière obsessionnelle dans Histoire d'une jambe (1867), dans ses récits Amour dans l'art (1869), dans son roman Fosca, achevé par S. Farina et publié posthume en 1879, et dans ses poésies (Fragments épars), publiées également en 1879.