Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

condoréirisme

Nom donné à la dernière génération du romantisme brésilien (1860-1870), marquée par Lamartine et Hugo. La poésie oratoire de Tobias Barreto ou de Castro Alves dénonce l'esclavage ou exalte le patriotisme. Son symbole est le condor des Andes.

confession

Le terme, qui définit l'aveu d'un fait ou d'un péché, a donné son nom à une forme de l'autobiographie littéraire, particulièrement caractérisée par l'attention prêtée aux aspects les plus intimes de l'expérience personnelle rapportée, au risque de ce que d'aucuns ont pu qualifier d'exhibitionnisme. Lié au jeu premier de l'aveu, subsiste, dans le genre, l'effort pour rendre public ce qui est privé, pour rendre visible ce qui est d'abord caché ou secret, et ce de manière parfois crue, voire scandaleuse. La confession, comme le montrent les Confessions de saint Augustin, se présente à l'origine comme l'exposé d'un progrès moral ou spirituel où la prise de conscience autobiographique ne se sépare pas d'une métamorphose intellectuelle et éthique, qui va de l'ignorance ou de l'erreur à la véritable connaissance à travers une découverte de soi, et ce sous le double signe de l'authenticité et de l'exemplarité. Il revient à Rousseau d'avoir inventé le genre en tant que tel dans ses Confessions (1782), où il tente de donner une image sincère de lui-même, même si elle doit appeler la réprobation, tout en se présentant comme l'innocent et le juste. Dans un souci roboratif, l'aveu se veut libre autant que public et fait de son auteur un être quasi archétypal, comme le montre par exemple le titre célèbre choisi par Musset (la Confession d'un enfant du siècle). Après la vogue romantique (De Quincey, Confessions d'un mangeur d'opium, 1822 ; James Hogg, The Private Memoirs and Confessions of a Justified Sinner, 1824 ; Jules Janin, la Confession, 1830), le terme de confession figurera dans nombre de titres d'écrits autobiographiques ou de fictions à la première personne qui, à travers la revendication de la forme confessionnelle, posent, pour les plus intéressants, la nécessité d'interroger les fondements et les conséquences du dévoilement du moi dans l'acte d'écriture (Yukio Mishima, Confession d'un masque, 1949 ; Albert Memmi, le Scorpion ou la Confession imaginaire, 1969).

Confiant (Raphaël)

Écrivain martiniquais (Le Lorrain 1951).

Professeur de langues régionales à l'Université des Antilles-Guyane françaises, essayiste de la créolité et pamphlétaire indépendantiste, il est l'un des auteurs de l'Éloge de la créolité (1989) et des Lettres créoles (1991). Romancier en créole, puis en français, il évoque, dans une verve joviale et truculente marquée par un important travail sur la langue, le peuple des villes (le Nègre et l'Amiral, 1988 ; Eau de café, 1991 ; l'Allée des soupirs, 1994) comme celui des campagnes (Commandeur du sucre, 1994 ; le Gouverneur des Dés, 1995).

Congo

Dès 1950, la revue Liaison a été une tribune pour de nombreux écrivains, Paul Lomami-Tshibamba, Jean Malonga (la Légende de M'Pfoumou Ma Mazono, 1954), Guy Menga, dramaturge et romancier (la Palabre stérile, 1969 ; les Aventures de Moni-Mambou, 1971 ; Case de Gaulle, 1985), Sylvain Bemba (Tarentelle noire et Diable blanc, 1976 ; Léopolis, 1984). Poète, Jean-Baptiste Tati-Loutard écrit aussi des nouvelles (Chroniques congolaises, 1974). La poésie est représentée par Théophile Obeng, Maxime N'Debeka et, surtout, Tchicaya U Tam'Si, un des grands poètes africains d'expression française, également nouvelliste (la Main sèche, 1980) et romancier (les Cancrelats, 1980 ; les Phalènes, 1984). Le roman est aussi représenté par Emmanuel Dongala (Un fusil dans la main, un poème dans la poche, 1973 ; Jazz et Vin de palme, 1982 ; Les petits garçons naissent aussi des étoiles, 1998). Henri Lopes, d'abord très classique, renouvelle audacieusement son écriture, du Pleurer-rire (1982) au Chercheur d'Afriques (1990). Sony Labou Tansi, lui, va beaucoup plus loin dans le bouleversement radical des techniques du récit (la Vie et demie, 1979 ; l'Antépeuple, 1983). Daniel Biyaoula (l'Impasse, 1997 ; Agonies, 1998) donne une tonalité désespérée au thème de l'exil.

Congo (République démocratique du) anc. Zaïre

L'ex-Congo belge a longtemps fait figure de parent pauvre dans le domaine de la littérature africaine d'expression française, à cause, peut-être, de la politique scolaire coloniale et sans doute aussi des violents soubresauts des lendemains de l'indépendance.

   Pourtant, dès les années 1930, s'était formée à Léopoldville une classe d'« évolués » qui purent s'exprimer soit dans des revues comme la Voix du Congolais, soit à l'occasion de concours littéraires. À cette préhistoire sont associés les noms d'Antoine-Roger Bolamba et de Paul Lomami-Tshibamba. Le premier, qui présida pendant longtemps aux destinées de la Voix du Congolais, est l'auteur d'un recueil de poèmes, Esanzo (Chants pour mon pays), salué par Léopold Senghor comme un chef-d'œuvre de la sensibilité bantoue.

   Après une période de marasme politique, l'essor culturel reprend au lendemain de la prise du pouvoir de Mobutu, en 1965 : activité de très nombreux cercles littéraires et de revues estudiantines éphémères, lancement de prix littéraires et création de maisons d'édition. Le théâtre est aussi d'une grande vitalité. À ses origines, qui remonteraient à 1925-1926, il s'engage dans la voie de l'imitation. Au lendemain de l'indépendance, l'activité théâtrale se met en veilleuse, pour repartir bientôt de plus belle avec une floraison d'initiatives souvent universitaires, comme le « Mwondo théâtre », qui puise son inspiration dans la tradition zaïroise, mais cherche à renouveler les formes dramatiques en s'écartant résolument des modèles scolaires.

   La poésie zaïroise connaît également un essor remarquable dès les années 1960. La création par Mudimbe des éditions du Mont-Noir sera l'occasion de faire entendre une voix singulière, en particulier pour N'Gayé-Lussa Sumaili (Testament, 1971), Nzanzu Mabelemadiko Masegabio (Somme première), Clémentine Nzuji (Lianes), Mudimbe (Déchirures), enfin Matala Mukadi Tshiakatumba (Réveil dans un nid en flammes).

   La production romanesque apparaît aujourd'hui dominée par la figure de V. Y. Mudimbe qui, dans Entre les eaux (1973), le Bel Immonde (1976) ou l'Écart (1979) et même dans Shaba deux (1989), s'attache plus aux complexités psychologiques d'un personnage tourmenté qu'à la peinture d'une société en proie à ses contradictions. Cette problématique de l'intellectuel déraciné, déchiré entre des aspirations contradictoires, constitue également le thème du curieux texte de Mbwil a Mpaang Ngal, Giambatista Viko ou le Viol du discours africain (1975). Pius Ngandu se montre aussi très productif et plaide en faveur d'une littérature en langues nationales. Les années 1990 voient aussi émerger témoignages et autobiographies : les Corps glorieux des mots à la bénédictine (1995), récit autobiographique de Mudimbe, et la Condition démocratique. Séquestré du palais du Peuple (1995), témoignage vécu de Ngal. Paraissent aussi des textes inclassables, à la fois contes et romans fantastiques, comme l'Ogre-Empereur (1995), de Kompany Wa Kompany. La nouvelle et le conte connaissent un regain de faveur. Ainsi, les Contes du griot (1988) et la Nuit des griots (1991) sont l'œuvre de Kama Kamanda, qui est également un grand poète : Chants de brumes (1987, prix Paul Verlaine), la Somme des néants (1989, prix Louise Labé), l'Exil des songes (1992), les Myriades des temps vécus (1992).

   De très nombreuses manifestations paralittéraires (romans policiers, littérature populaire, littérature pour la jeunesse, bandes dessinées, etc.) sont symptomatiques des bouleversements qui affectent la société contemporaine et témoignent d'une nouvelle vitalité culturelle. « La culture, dans le Zaïre d'aujourd'hui, ne s'exprime pas seulement dans les livres et dans les universités. Elle est dans la rue, dans les bars, dans les masures des grandes cités. Elle est avant tout une culture populaire » (Élikia M'Bokolo).