Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Balbo (Cesare)

Écrivain et homme politique italien (Turin 1789 – id. 1853).

Il est l'auteur de deux œuvres fondamentales : Espoirs d'Italie (1844), traité politique dans lequel apparaît le thème de l'indépendance nationale, sur la base du programme de V. Gioberti, et Sommaire de l'histoire d'Italie (1846), de caractère historique.

Baldwin (James)

Romancier américain (Harlem, New York 1924 – Saint-Paul-de-Vence 1987).

Écrivain noir, fils de prédicateur, ordonné à 14 ans et agnostique à sa majorité, qui, en 1948, a fui l'Amérique pour l'Europe. Son écriture est marquée par le combat pour dire et vivre la négritude dans un défi au monde blanc, ce qui explique que l'écrivain, bien que rarement engagé, soit devenu le porte-parole du Mouvement des droits civiques dans les années 1960. Les essais (Personne ne sait mon nom, 1961 ; la Prochaine Fois, le feu, 1963 ; le Diable au travail, 1976) adressent des provocations à la fois raisonnées et passionnelles aux Américains. Les Élus du Seigneur (1953), Un autre pays (1962), l'Homme qui meurt (1968) sont des « romans de formation » d'un jeune Noir homosexuel qui a cru à l'intégration. Prise de conscience et avenir de la négritude jouent dans Un jour où j'étais perdu (1971), évocation de Malcolm X, Chassés de la lumière (1972), Si Beale Street pouvait parler (1974). L'ensemble de l'œuvre contribue à établir, dans les années 1950 et 1960, une identité culturelle suivant un jeu de comparaisons et de contrastes que reprend Juste au-dessus de ma tête (1979).

Balestrini (Nanni)

Écrivain italien (Milan 1935).

Son œuvre littéraire alterne poésie (Comment on agit, 1964 ; Blackout, 1980 ; Toutes les aventures de Mademoiselle Richmond, qui réunit des recueils précédents, 1999) et roman oscillant entre l'avant-garde formelle (Tristan, 1966) et l'analyse de la société d'après 1968 (Nous voulons tout, 1971 ; la Violence illustrée, 1976 ; les Invisibles, 1987 ; l'Éditeur, 1989). Ses derniers romans sont les Furieux (1994) et Un matin nous nous sommes réveillés (1995).

balinaise (littérature)

La littérature balinaise classique puise une grande partie de ses sources d'inspiration dans la littérature javanaise, dont elle a conservé beaucoup d'ouvrages, après la conversion de Java à l'islam (XVe s.). Elle a subsisté sous une forme écrite (l'écriture balinaise est de type indien) et orale. La littérature écrite est consignée dans de nombreux manuscrits, dont la date de composition est inconnue. Les Balinais classent ces manuscrits en 6 catégories : weda (hymnes, formules, rituels) ; agama (codes, instructions, préceptes) ; wariga (manuels sur des sujets divers, comme la cosmologie, le mysticisme et la moralité : tutur) ; ithasa (genre épique, comprenant les parwa, les kakawin, les kidunq, les gaguritan) ; babad (chroniques historiques) ; tantri (traditions populaires, fables). Cette littérature, dont les principaux thèmes sont le voyage en enfer (Plutuk), l'aventure et l'amour (Malat, Wargasari), la sorcellerie (ainsi, l'histoire de la sorcière Calon Arang et celle du sorcier Basur), est encore vivante : les kakawin (tels le Ramayana ou l'Arjunawiwaha) sont toujours récités, lors des cérémonies de la crémation par exemple, et les écrivains modernes cultivent encore le kidunq ; la danse ou la peinture, qui représentent des épisodes de poèmes épiques d'origine javanaise, comme le Mahabharata, ou typiquement balinais, comme le Pan Burayut, s'en inspirent. À côté de cette littérature traditionnelle s'est développée, à partir des années 30, une littérature moderne (romans, nouvelles, poèmes en vers libres, pièces de théâtre) qui emprunte ses sujets à la vie de tous les jours.

Ball (Hugo)

Écrivain allemand (Pirmasens 1886 – San Abbondio, près de Lugano, 1927).

Homme de théâtre, pacifiste, il émigra en Suisse en 1915 et participa à Zurich à la fondation du Cabaret Voltaire et du groupe Dada. Son itinéraire spirituel le mena de l'anarchisme à un catholicisme fortement teinté de mysticisme. Ni ses pièces (le Bourreau de Brescia, 1914), ni ses poèmes ou ses essais (les Conséquences de la Réforme, 1924), ses romans (Fiametti, ou Du dandysme des pauvres, 1918 ; Tenderenda le fantasque, publié en 1957) ne survivent, mais on lit toujours la biographie qu'il consacra à Hermann Hesse et son autobiographie (Fuite hors du temps, 1927).

Ballagas (Emilio)

Écrivain cubain (Camagüey 1910 – La Havane 1954).

Ses premières poésies sont d'une sensualité discrète (Joie et fuite, 1931). Influencé par Luis Cernuda, il compose Saveur éternelle (1939) ; le sentiment de solitude et d'angoisse le conduit à une crise religieuse (Notre Dame de la Mer, 1943). Ciel en otages (1951) marque une maîtrise des formes, du sonnet surtout. Il consacre deux ouvrages capitaux à la poésie noire hispano-américaine (Anthologie de la poésie noire, 1935 et 1944 ; Carte de la poésie noire américaine, 1946).

Ballanche (Pierre Simon)

Écrivain français (Lyon 1776 – Paris 1847).

Son œuvre principale, la Palingénésie sociale (1818), se nourrit de philosophie allemande et de l'influence de Vico : dans sa marche vers le progrès, l'humanité subit des périodes de déchéance, suivies de rédemptions par la vertu de victimes expiatoires, telles Œdipe ou Louis XVI, dont la mort, après un XVIIIe s. décadent, amène une bienfaisante Restauration. Cette thèse suscita un débat passionné parmi ses contemporains, et les romantiques chercheront à l'adapter au domaine de l'art.

Ballard (James Graham)

Écrivain anglais (Shanghai 1930 – Londres 2009).

Il publie ses premières nouvelles de science-fiction en 1956 mais, délaissant les thèmes classiques, il s'intéresse à « l'espace intérieur », l'univers fantasmatique individuel. Il remet en cause l'optimisme scientifique et l'idéologie expansionniste caractéristiques des premiers maîtres du genre. Ballard se montre plus doué pour la dystopie que pour l'utopie : il est plus convaincant lorsqu'il évoque des univers désintégrés par des catastrophes naturelles, dans lesquels apparaissent de nouveaux comportements sociaux. Son écriture évolue vers l'hyperréalisme porno-technologique à partir de Crash ! (1973, adapté par Cronenberg en 1996), associant le sexe, la mort et l'automobile.