Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Bowen (Elizabeth)

Romancière irlandaise (Dublin 1899 – Londres 1973).

Héritière de Jane Austen, influencée par H. James et V. Woolf, elle dit la mort des cœurs sans amour, la trahison des hommes, le conflit de l'arriviste et de la meurtrie, les désastres de la générosité (la Maison à Paris, 1935 ; les Cœurs détruits, 1938 ; l'Amant diabolique, 1947 ; les Petites Filles, 1964 ; Une journée dans le noir, 1965 ; Eva Trout ou Scènes changeantes, 1969).

Bowles (Paul)

Musicien et écrivain américain (New York 1910 – Tanger 1999).

Auteur de musiques d'opéras, de ballets et de films, il dénonce l'absurdité du monde moderne en une vision nourrie par son exil à Tanger : dans Le ciel nous protège (1949), Un thé au Sahara (1949), Après toi le déluge (1952), la Maison de l'araignée (1955), il oppose l'Afrique et l'Occident en des images saisissantes de la peur et de la corruption. Ses récits documentaires (Une vie pleine de trous, 1964 ; Le Léman, 1969), où il transcrit et traduit de l'arabe dialectal les vies d'un domestique et d'un pêcheur, illustrent le stoïcisme des plus démunis. Dans son autobiographie (Sans arrêt, 1972), puis dans Portrait (1999), il réfléchit sur ce jeu du déracinement.

Boyd (William)

Écrivain anglais (Accra, Ghana, 1952).

Fils d'un administrateur colonial, il est l'auteur de romans situés en Afrique (Un Anglais sous les tropiques, 1981 ; Comme neige au soleil, 1982 ; Brazzaville plage, 1990) et de recueil de nouvelles (le Destin de Nathalie X, 1995 ; Visions fugitives, 2001). Ses personnages, chargés de missions importantes, se heurtent à une prolifération d'obstacles. Après ses premiers textes comiques, Boyd s'oriente vers une prose plus élégiaque (l'Après-Midi bleu, 1993). Il connaît un vif succès avec Armadillo, 1999). Son roman le plus ambitieux reste les Nouvelles Confessions (1987), réécriture de l'histoire du XXe siècle à travers les mémoires d'un pionnier du cinéma qui adapte l'œuvre de Rousseau. Boyd s'est également illustré au cinéma, en tant que réalisateur (la Tranchée, 1999).

Boye (Karin)

Femme de lettres suédoise (Göteborg 1900 – près d'Alingsås 1941).

Elle fut une grande poétesse : Nuages (1922), Foyers (1927). Avec Pour l'amour de l'arbre (1935), elle mit en application les théories qu'elle développa dans l'essai le Langage au-delà de la logique : le symbole poétique est chargé à la fois d'avouer et de masquer l'angoisse de l'individu devant le monde menaçant. Les romans Crise (1934) et la Kallocaïne (1940) reviennent finalement à une méditation sur le problème du mal.

Boyer (abbé Claude)

Auteur dramatique français (Albi 1618 – Paris 1698).

Habile à suivre les modes théâtrales, il remporta pourtant ses principaux succès avec une innovation, le genre des tragédies à machines (Ulysse dans l'île de Circé, 1648 ; les Amours de Jupiter et Sémélé, 1666), une des origines de l'opéra français. Pourtant l'hostilité des représentants du « classicisme » (Boileau, Racine) fit de lui, dans l'histoire littéraire, un personnage ridicule.

Brackenridge (Hugh Henry)

Prédicateur et écrivain américain (près de Campbeltown, Écosse, 1758 – Carlisle, Pennsylvanie, 1816).

Outre une activité politique, poétique (la Gloire naissante de l'Amérique, 1772), dramatique (la Mort du général Montgomery, 1777), il donna un roman, la Chevalerie moderne (1792-1815), vaste récit picaresque qui fait l'inventaire de l'Amérique, sous une forme à la fois documentée et satirique.

Bradbury (Malcolm)

Écrivain anglais (Sheffield 1932 – Norwich 2000).

Sa réputation de romancier satirique et spirituel est fondée dès la parution d'On ne doit pas manger les gens (1959), où il s'attaque aux mœurs universitaires, tant professorales qu'estudiantines ; son terrain d'élection est le même que celui de son ami David Lodge, l'autre maître du « roman de campus ». Enseignant à l'université d'East Anglia, il eut parmi ses étudiants Ian McEwan et Kazuo Ishiguro. On lui doit aussi des textes de critique littéraire et des scénarios de séries policières pour la télévision. Après six romans (dont The History Man, 1975, et Taux de change, 1983), sa dernière fiction, À l'Hermitage est parue l'année même de sa mort, en 2000.

Bradbury (Ray Douglas)

Écrivain américain (Waukegan, Illinois, 1920).

Très tôt attiré par la science-fiction, il édita dès 1939 sa propre revue, Futuria Fantasia, où il publia ses premières nouvelles. En 1941, il vendit sa première nouvelle à un magazine et, la même année, fit la connaissance de Leigh Brackett, qui l'encouragea à devenir écrivain. En 1947 paraît son premier livre, Dark Carnival, qui réunit la plupart des nouvelles écrites depuis 1943 et parues en revues. Beaucoup de ses récits ne relèvent pas à proprement parler de la science-fiction, son angoisse face à la mort et sa fascination pour les univers macabres l'entraînant plus vers le fantastique que vers la fiction scientifique. Pourtant, c'est la science-fiction qui lui vaut en 1950, avec les Chroniques martiennes, d'établir sa réputation et de devenir l'un des écrivains américains les plus lus et les plus traduits dans le monde. Le thème général de ces nouvelles (les tentatives des Terriens à l'aube du XXIe s. pour coloniser la planète Mars) n'est qu'un prétexte à une réflexion sur la solitude, l'apparence et la mort. Les humains débarquent avec leurs préjugés sur la planète rouge, dont les habitants quasi inaccessibles oscillent constamment entre le rêve et la réalité. Haine de la science et de la technologie, célébration de la simplicité et de l'innocence, difficulté d'être adulte, piège des apparences et des masques : ces thèmes appartiennent en fait à la grande tradition de la littérature américaine et Bradbury en joue avec une écriture qui doit beaucoup plus à Hemingway qu'aux professionnels de la science-fiction. En témoignent également, outre Fahrenheit 451 (1951 en revue, 1953 en volume), l'un de ses rares romans, qui évoque une société où les pompiers ont pour tâche de brûler les livres, les nouvelles rassemblées dans l'Homme illustré (1951), les Pommes d'or du soleil (1953), Un remède à la mélancolie (1959). Scénariste de films (dont Moby Dick pour John Huston en 1956), il s'est aussi essayé à la poésie et au théâtre avec The Wonderful Coco-Nut Ice Cream Suit and Other Plays (Théâtre pour demain et après, 1973). Personnifiant, aux yeux du non-spécialiste, la science-fiction moderne, il a vu ses meilleurs récits adaptés au théâtre, à la télévision et en bandes dessinées.