Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Fabbri (Diego)

Auteur dramatique italien (Forli 1911 – Riccione 1980).

Il inscrit son théâtre dans la lignée de Pirandello (Enfants de l'art, 1959). On se souviendra aussi de ses héros (Orbites, 1940 ; Inquisition, 1950), de ses comédies de mœurs (le Séducteur, 1951 ; la Menteuse, 1956), et de ses pièces qui abordent des problèmes idéologiques (Procès à Jésus, 1955 ; Veillée d'armes, 1956).

fable

Le terme (argument d'une pièce de théâtre, en latin) a désigné l'ensemble de la mythologie gréco-latine, voire l'ensemble des récits fictionnels (par opposition aux récits « vrais »). Il s'est spécialisé pour désigner un récit bref, à valeur allégorique et démonstrative, dont on tire une moralité valable pour l'homme de façon universelle (on parle aussi d'apologue). Ce récit a le plus souvent pour cadre et pour personnages le monde de la nature et les animaux « masques des hommes » (La Fontaine), en ce qu'ils sont « doués de parole ». L'identité de l'homme et de l'animal, de l'homme et du végétal, est celle de l'être vivant qui donne à lire sa loi (de ruse et de violence), ce qui rend la référence humaine « problématique » : l'homme, qui se veut animal politique doué de raison, ne serait-il qu'un loup pour l'homme ? Par là, la fable suscite la curiosité et le déplacement indispensables à toute leçon.

   La fable appartient à la tradition orale universelle. Le recueil sanskrit du Pañcatantra nous a été transmis par une version arabe attribuée à Bidpay (VIIe-VIIIe s.). En Grèce, celui d'Ésope (personnage plus ou moins mythique), constitué en fait au cours d'une longue tradition, est édité au IVe s. av. J.-C. Chez les Latins, Phèdre met la fable en vers. Celle-ci connaît dans la France médiévale une extraordinaire faveur (bestiaires, ysopets). La Fontaine, combinant ces diverses sources, porta à sa perfection ce genre devenu scolaire en y introduisant tout le brillant et l'ambiguïté de la littérature mondaine, faisant passer au second plan ses contemporains (Benserade, Perrault, Fénelon). Les fables du XVIIIe siècle (Florian) n'ont guère bonne presse, mais le XXe les revisite heureusement (Anouilh, Desnos, Franc-Nohain, Supervielle). Aujourd'hui, c'est plutôt dans l'utopie satirique ou la politique-fiction qu'il faut chercher l'esprit de la fable (G. Orwell, Animal Farm).

Fabre (Ferdinand)

Écrivain français (Bédarieux 1827 – Paris 1898).

Si ses recueils les Hirondelles (1848) et les Feuilles de lierre (1853) furent un échec, ses premiers romans, les Courbezon (1862) et Julien Savignac (1863), attirèrent sur lui l'attention de Sainte-Beuve. Il se fit dès lors le peintre du paysan cévenol et du curé de campagne (l'Abbé Tigrane, 1873 ; Mon oncle Célestin, 1881). On lui doit également la biographie romancée de son ami, le peintre Jean-Paul Laurens (le Roman d'un peintre, 1878).

Fabre (Jean-Baptiste)
ou Jean-Baptiste Favre

Écrivain français de langue d'oc (Sommières 1727 – Celleneuve 1783).

Curé de plusieurs paroisses des environs de Montpellier, il écrivit en français et en occitan une œuvre volumineuse qui, de son vivant, circula surtout sous forme de copies manuscrites. Au début du XIXe siècle, les éditions de ses ouvrages se multiplièrent et il devait devenir un des auteurs occitans les plus lus en Languedoc oriental. Deux comédies pastorales et musicales (l'Opéra d'Aubais, le Trésor de Substancion) révélèrent un auteur dramatique doué dont la verve s'épanouit dans le burlesque de l'Odissea travestida, de l'Eneïda de Celanova et du Siège de Caderousse aux dépens du clergé paresseux et gourmand et de la hiérarchie romaine. Son bref roman Histoire de Jean-l'ont-pris est l'un des chefs-d'œuvre de la prose de langue d'oc.

Fabre d'Églantine (Philippe Fabre, dit)

Acteur, auteur dramatique et homme politique français (Carcassonne 1750 – Paris 1794).

Ses comédies tentent de réconcilier Molière et Rousseau : les Gens de lettres (1787) se moquent des beaux esprits ; le Philinte de Molière ou la Suite du Misanthrope (1790), d'où Célimène a disparu, met aux prises un Alceste bienfaisant et sensible à Philinte devenu un aristocrate odieux. Célèbre auteur de la chanson « Il pleut, il pleut, bergère », il donna aussi leurs noms aux mois du calendrier républicain.

Fabre d'Olivet (Antoine)

Écrivain et érudit français (Ganges 1768 – Paris 1825).

Il entreprit, en autodidacte, des recherches multiples sur l'anatomie, la physiologie, la linguistique, toutes teintées d'ésotérisme. Il est surtout connu comme le précurseur du félibrige grâce à son étude sur la Langue d'oc rétablie dans ses principes constitutifs théoriques et pratiques. Força d'Amour (1787) prépare le Troubadour, poésies occitaniques du XIIIe s. (1803), supercherie littéraire, qui témoigne de son incontestable talent.

Fabri (Pierre Lefèvre, dit)

Écrivain français (Rouen v. 1450 – Merey, Normandie, v. 1535).

Il est l'auteur du Grand et Vrai Art de pleine rhétorique (1521), dont la première partie expose les éléments de la rhétorique classique, tandis que la seconde, reprenant la matière des traités de seconde rhétorique du XVe s., constitue une théorie de la poésie qui fait le bilan de l'héritage médiéval (rondeau, ballade, chant royal, etc.).

Fadeïev (Aleksandr Aleksandrovitch)

Écrivain soviétique (Kimry 1901 – Moscou 1956).

Il prend part très jeune à la guerre civile. Son meilleur livre, la Défaite (1927), inspiré de ses souvenirs de partisan, présente avec nuance – et sans l'idéalisation qui marque sa création ultérieure – l'impact de l'engagement révolutionnaire sur la personnalité des combattants. À l'Union des écrivains (il en devient président en 1946), il se fait le champion de l'esthétique réaliste-socialiste, mais le roman qu'il conçoit comme un modèle du genre, le Dernier des Oudégué (1929-41), est un échec : empêtré dans son didactisme, il ne parvient pas à donner vie à ses héros. La Jeune Garde (1945), sur la Résistance, lui permet de renouer avec un succès dû essentiellement au thème traité. Ayant largement contribué à la mise au pas de la littérature sous Staline, il ressent comme un désaveu le XXe  Congrès du P.C.U.S. et se suicide.