Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
N

Namsaraïev (Khotsa Namsaraïévitch)

Écrivain bouriate (Kijinga 1889 – Oulan-Oudè 1959).

Fils d'éleveur nomade, il reçut de ses parents adoptifs une éducation soignée et participa à la guerre civile. Instituteur, rallié à la révolution, il flétrit dans des drames la cruauté de l'univers patriarcal (Sombre Vie, 1921 ; le Fouet du taïcha, 1945) et fait revivre dans ses récits (C'était ainsi, 1935 ; Une nuit, 1938 ; À l'aube, 1950) la métamorphose de la société bouriate. Auteur d'œuvres patriotiques (Rayon de victoire, 1942), il a contribué à la collecte du folklore national (Alamja Merguen, Kharaltuur khaan).

Naqqâch (al-)

Famille d'écrivains libanais.

 
Mârûn (Sayda 1817 – Tarsûs 1855). Ce commerçant cultivé et polyglotte voyagea dans l'Empire ottoman et en Europe, surtout en Italie ; il fonda le premier théâtre arabe dans sa propre maison à Beyrouth en 1847. Ses œuvres (l'Avare, 1847 ; Abû l-Hasan l'étourdi, pièce comique inspirée des Mille et Une Nuits, 1849 ; le Méchant envieux, 1851) furent regroupées et publiées dans un recueil posthume sous le titre le Cèdre du Liban (1869).

 
Salîm (mort au Caire 1884), neveu de Mârûn, fonda une troupe en 1876 à Alexandrie, avec Adîb Ishâq. Il écrivit plusieurs pièces et adapta Phèdre, Mithridate et Horace.

Narrenliteratur

terme allemand (de Narr, fou) désignant une forme de satire, généralement en vers, à visée moralisatrice et didactique, et fondée sur un renversement de perspective : la folie y est présentée comme la normalité. Genre attesté dès l'Antiquité, mais surtout en faveur dans les pays de culture germanique, la Narrenliteratur prospère aux XVe et XVIe s., quand le fou devient une figure privilégiée de la farce (S. Brant, la Nef des fous, 1494). Pratiqué par la tradition savante (Érasme, Éloge de la folie, 1511) et populaire (Th. Murner, P. Gengenbach, H. Sachs), le genre se prolonge au XVIIe s. avec Grimmelshausen, Chr. Weise et Abraham a Santa Clara.

Narsaï
ou Narsès

Écrivain syriaque (399 – 502).

Formé à Édesse, dont il y prit la direction de l'École (437) avant celle de Nisibe (457), il est l'auteur d'œuvres théologiques et liturgiques (notamment d'hymnes qui lui valurent le surnom de « Harpe du Saint-Esprit ») et d'un curieux poème en l'honneur de Diodore de Tarse, Théodore de Mopsueste et Nestorius.

Naser-E Khosrow
ou Nasir-I Khusraw

Écrivain persan (près de Balkh, Khorasan, 1004 – Badakhchan entre 1072 et 1077).

Éminente personnalité de l'ismaélisme, il voyagea sept ans (Hidjaz, Égypte fatimide), puis revint prêcher à Balkh (1057), avant de devoir s'enfuir au Badakhchan. On lui doit des ouvrages doctrinaux (le Livre de la Lumière, Connaissance et Libération, l'Harmonisation des deux sagesses), un journal de voyage et des poèmes religieux.

Nashe (Thomas)
ou Thomas Nash

Écrivain anglais (Lowestoft, Suffolk, 1567 – Yarmouth, Norfolk, 1601).

Bel esprit universitaire, son talent satirique se révèle dans son Anatomie de l'absurdité (1589). Hostile à la littérature populaire, misogyne, antipuritain, il s'épuise dans les polémiques. Ses satires disent la fascination de la cruauté, de l'imprécation, des démons (Supplique au diable de Pierre Sans-le-Sou, 1592 ; les Larmes du Christ sur Jérusalem, 1593). Marchandises de carême (1599), évocation des pêcheurs de harengs de Yarmouth, s'oriente vers un burlesque acerbe. Il a écrit pour le théâtre (la Dernière Volonté de l'été, 1592 ; l'Île des chiens, 1597). Il est le pionnier du roman picaresque élisabéthain (le Voyageur malheureux, 1594).

Nasjah Djamin

Écrivain indonésien (Perbaungan 1924).

Ce Sumatranais installé à Yogyakarta (Java central) a d'abord été connu comme peintre avant de l'être comme écrivain. Ses œuvres littéraires se composent de pièces de théâtre comme celles du recueil Un fragment de chanson sundanaise (1962), de nouvelles et de romans comme le Départ de l'enfant prodigue (1963) sur le conflit entre la société traditionnelle et un peintre qui, ayant vécu plusieurs années hors de son milieu, n'est plus apte à accepter ses contraintes. La Passion de vivre et de mourir (1972) a pour thème principal le contraste existant entre le Japon et l'Indonésie.

Nasrallah (Émilie)

Romancière libanaise (Kfeir, Sud Liban, 1931).

Après des études de lettres à l'université américaine de Beyrouth, elle est passée de l'enseignement au journalisme (à la revue al-Sayyâd) et à l'écriture de romans et de nouvelles, où elle restitue la société de la montagne libanaise dans un style riche et poétique (Oiseaux de septembre, 1962 ; le Laurier-rose, 1968 ; la Captive, 1974 ; Ces souvenirs, 1980 ; le Moulin perdu, 1985 ; Notre pain quotidien, 1990).

Nasrallah (Ibrahim)

Poète et romancier palestinien (Amman 1954).

Né dans un camp de réfugiés, il a étudié dans les écoles de l'UNRWA. Son œuvre poétique a été fort remarquée (les Chevaux près de la ville, 1980 ; Pluie dedans, 1982 ; Bois vert, 1991). Il part enseigner deux ans en Arabie saoudite (1976-1978) et en revient avec un premier roman cauchemardesque (Terres de fièvres, 1985). À son retour à Amman, il exerce la profession de journaliste et publie plusieurs romans très originaux et novateurs ('Aw, 1990 ; Oiseaux aux aguets, 1996 ; le Garde de la cité perdue, 1998) et des livres pour enfants.

Nassib (Sélim)

Écrivain libanais de langue française (Beyrouth 1946).

Il est journaliste à Libération et chroniqueur à l'Autre Journal et à El Païs. Sélim Nassib a obtenu en 1992 le prix de la nouvelle francophone, discerné par l'Académie royale de Belgique pour son recueil de nouvelles courtes, l'Homme assis. Fou de Beyrouth (1992) est le titre de son premier roman, il décrit la guerre du Liban et plus particulièrement la ruine de Beyrouth. Avec Oum (1994), il change complètement de registre et retrace de manière romancée la vie de celle qu'on dénomme « l'Astre de l'orient », la diva égyptienne Oum Kalsoum.

Natsume Soseki (Natsume Kinnosuke, dit)

Écrivain japonais (Tokyo 1867 – id. 1916).

Cet écrivain, perçu comme un des plus représentatifs de la littérature japonaise moderne et qui ne cesse d'attirer d'innombrables lecteurs, ne publia son premier roman qu'à l'âge de 38 ans. Enfant délicat qui eut plusieurs familles d'adoption, il interrompit le cursus scolaire normal à 14 ans pour se consacrer à l'étude des classiques chinois dans une institution privée, avant d'intégrer la propédeutique de Tokyo, puis l'Université impériale (1980) où il commença des études de la littérature anglaise. Il fit ensuite une carrière de professeur qui le mena de Tokyo (1892) à Matsuyama (1985) – où il se passionna pour le Haiku auprès de Masaoka Shiki –, et à Kumamoto (1986-1900). Après trois ans d'études à Londres (1900-1903), il enseigne la littérature anglaise à l'Université de Tokyo. Il connaît alors un grand succès avec son roman satirique écrit pour se distraire de sa neurasthénie : Je suis un chat (1905). L'année suivante, avec ses trois romans successifs : Botchan, Oreiller d'herbe, et le 210e Jour (1906), il trancha avec le naturalisme ambiant. En 1907, il démissionna de son poste à l'université pour se consacrer à la création romanesque au Jounal Asahi, où désormais tous ses romans seront publiés en feuilleton. Suivirent alors à un rythme accéléré : le Pavot (1907), le Mineur, Dix Rêves (1908), et une célèbre série de trois romans : Sanshiro (1908), Depuis (1909), la Porte (1910), qui jette un regard lucide sur l'hypocrisie et la sincérité de la jeunesse. La maladie qui le mit, en 1910, entre la vie et la mort, fut un tournant, après lequel il se lança dans une quête profonde et anxieuse sur le problème de l'égoïsme humain : ainsi vint une autre « série de trois romans », Jusqu'au début de l'automne (1912), le Voyageur (1913) et le Pauvre Cœur des hommes (1914). Ce dernier décrit les tourments de la conscience d'un intellectuel et le désarroi de toute une génération à la fin de l'ère Meiji. Après À travers les vitres et les Herbes du chemin (1915), son ultime œuvre Clair-obscur (1916), interrompue par la mort, serait l'aboutissement de sa quête du « dépassement de soi par le ciel ».